Jean 20,
19-23
Dans la
conversation que Jésus a avec la Samaritaine, il lui enseigne que Dieu est esprit et ceux qui l’adorent, c’est
en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. Cela explique pourquoi dans le
Judaïsme toute représentation de Dieu est interdite. Un esprit n’a pas de
corps, il ne peut donc pas être représenté par une image.
Avec la
solennité de la Pentecôte, nous faisons mémoire du don de l’Esprit Saint à la
première Eglise, don toujours actuel dans l’Eglise de notre temps. Si Dieu est
esprit, il est aussi communion de trois personnes divines dans le mystère de la
Sainte Trinité. Et l’une de ces personnes est appelée le Saint Esprit. Comment
parler du don de l’Esprit au jour de la Pentecôte ? Comment évoquer le don
d’une réalité spirituelle et invisible ? Avant de regarder comment les
textes de cette messe parlent de l’Esprit souvenons-nous de la manifestation du
même Esprit lors du baptême de Jésus dans le Jourdain :
Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau,
et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme
une colombe et venir sur lui.
Comme une colombe… Il
s’agit bien d’une image. L’Evangile ne nous dit pas bien sûr que la troisième
personne de la Trinité est un oiseau ! Cette image de la colombe n’est pas
reprise dans les textes qui nous parlent de la Pentecôte. Ils utilisent
d’autres images : le souffle, le vent et le feu.
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il
leur dit : Recevez l’Esprit Saint. Lors de la première Pentecôte,
celle réservée aux apôtres et aux disciples le soir de Pâques, avant même la
grande Pentecôte, cinquante jours plus tard, l’Esprit est manifesté par le
souffle du Ressuscité, en grec pneuma
qui est aussi le terme utilisé pour désigner l’Esprit Saint, le souffle sacré. Ce souffle de Jésus annonce
un autre souffle, celui de la Pentecôte. Soudain
un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils
étaient assis en fut remplie tout entière. La traduction liturgique
remplace le souffle par le vent. Or il vaudrait mieux traduire : comme la venue d’un souffle violent. Nous
retrouvons la conjonction comme, déjà
utilisée lors de la scène du baptême. Ce petit mot nous montre qu’il est
impossible au langage humain de décrire l’expérience de la Pentecôte, la venue
mystérieuse de l’Esprit invisible dans le cœur des disciples. A l’image du
souffle s’ajoute ensuite celle du feu : Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se
partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Le feu éclaire,
illumine et réchauffe tandis que le souffle rafraichit, nettoie, purifie et
pousse de l’avant. A la course ou en vélo nous savons la grande différence
qu’il y a à courir avec ou sans vent, avec l’aide du vent ou contre le
vent ! L’image du feu nous parle aussi de l’unité de l’Eglise. Ce feu
unique de l’Esprit se partage en effet en langues et devient un don personnel
pour chaque disciple du Christ. Saint Paul a bien compris cette action de
l’Esprit dans l’Eglise comme en témoigne la deuxième lecture : C’est dans un unique Esprit, en effet, que
nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés
pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique
Esprit. L’Esprit, nous le voyons, est source de communion entre les membres
du corps ecclésial. Grâce au baptême les différences de peuples et de condition
sociale s’effacent. Car dans l’Eglise catholique peu importe que l’on soit
français, ivoirien ou danois, riche ou pauvre, homme ou femme… L’essentiel
n’est plus dans nos caractéristiques humaines personnelles que nous pouvons
malheureusement utiliser pour nous séparer les uns des autres, les différences
se transformant parfois en murs infranchissables. Cette solennité de la
Pentecôte nous rappelle le don du baptême et de la confirmation par lequel nous avons été abreuvés par un souffle
unique. S’ajoutant aux images du souffle et du feu, le verbe abreuver ou désaltérer suggère que le souffle de Dieu est comme une eau vive.
Décidemment aucune image n’est suffisante pour parler de l’Esprit Saint et pour
rendre compte de la richesse de ses dons en nous. Les paroles de Jésus à
Nicodème, en reprenant l’image du souffle, nous font comprendre que nous sommes
nous-aussi, en tant que baptisés nés du souffle de l’Esprit, un mystère, une
part du mystère trinitaire :
Ne sois pas étonné si je t’ai dit : il vous
faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu
ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du
souffle de l’Esprit.
Il n’y a plus en moi de feu pour aimer la
matière, mais une eau vive qui murmure et dit en moi : « Viens vers le Père. » (Saint
Ignace d’Antioche).
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