Noël 2016
La solennité de Noël nous met en
présence du mystère de l’incarnation. Avec Marie, Joseph, les bergers et les
anges, nous contemplons ce nouveau-né qui est fils de Marie et Fils de Dieu.
Dans ce mystère, Dieu notre Père se fait notre frère en Jésus. Pour nous aider
à méditer cette grande vérité de notre foi, je vous propose d’écouter un
passage de la lettre aux Hébreux :
Celui
qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, doivent tous avoir même origine ;
pour cette raison, Jésus n’a pas honte de les appeler ses frères…
Puisque les enfants des hommes ont en commun le sang et la chair, Jésus a
partagé, lui aussi, pareille condition : ainsi, par sa mort, il a pu réduire à
l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le
diable, et il a rendu libres tous ceux qui, par crainte de la mort,
passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves. Car ceux qu’il prend en
charge, ce ne sont pas les anges, c’est la descendance d’Abraham. Il lui
fallait donc se rendre en tout semblable à ses frères, pour devenir un
grand prêtre miséricordieux et digne de foi pour les relations avec Dieu, afin
d’enlever les péchés du peuple. Et parce qu’il a souffert jusqu’au bout
l’épreuve de sa Passion, il est capable de porter secours à ceux qui subissent
une épreuve.
Oui, Jésus est bien notre frère
et il nous regarde comme ses frères. Notons comment l’auteur de la lettre aux
Hébreux fait le lien entre le mystère de l’incarnation et celui de la rédemption,
entre Noël et Pâques. A Noël, le Verbe de Dieu se rend en tout semblable aux
hommes, il vient partager notre condition humaine, afin de nous sanctifier et
de nous rendre libres par la puissance de son amour. Voici le fondement divin
de la fraternité chrétienne : Dieu vient vivre de l’intérieur notre vie
humaine, le Père et Maître se fait notre serviteur et notre frère dans l’enfant
de la crèche. Cette fraternité nous conduit à la véritable liberté des enfants
de Dieu. Pour comprendre en quoi consiste notre liberté chrétienne, nous
pouvons nous référer à une discussion entre Jésus et les Juifs dans l’Evangile
selon saint Jean :
Si
vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors
vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres… Amen, amen, je vous
le dis : qui commet le péché est esclave du péché. L’esclave ne demeure pas
pour toujours dans la maison ; le fils, lui, y demeure pour toujours. Si donc
le Fils vous rend libres, réellement vous serez libres.
Nous le constatons, la suprême
liberté c’est d’être libéré du pouvoir du mal, ce qui correspond à la dernière
demande du Notre Père. Nous sommes frères et fils, vraiment libres, dans la
mesure où nous demeurons fidèles par nos actes et par nos pensées à la parole
de Jésus, à Jésus qui est lui-même le Verbe de Dieu.
Si le mystère de l’incarnation
est le fondement divin de notre fraternité, Jésus étant notre frère en
humanité, il est aussi le fondement divin de notre égalité aux yeux de Dieu. A
Noël, par le don de l’enfant dans la crèche, Dieu confirme et fortifie ce qui
avait commencé dans la création. Si nous sommes tous des créatures du Père,
créées dans, par et pour le Verbe, alors nous sommes tous frères, tous nous
avons une égale dignité, tous nous sommes appelés à vivre de la liberté des
enfants de Dieu. Jésus a voulu fonder une nouvelle humanité dans laquelle il
n’y aurait plus de maîtres ni d’esclaves, plus de dominants ni de dominés, plus
d’oppresseurs ni d’opprimés. Et son Eglise, signe du Royaume des cieux, il l’a
voulue comme une communauté de frères et de sœurs, dans laquelle la hiérarchie
et l’autorité ne sont possibles que dans un esprit d’abaissement et de
service :
Pour
vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul
maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur
terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un
seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui
s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé.
En cette fête, nous avons chanté
dans la joie le chant des anges :
Gloire
à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.
L’Emmanuel, Dieu avec nous,
nouveau-né dans la crèche, nous enseigne que cette paix que nous désirons tant
pour nous-mêmes et pour notre monde ne deviendra réalité qu’à la mesure de
notre libération intérieure : libération des idoles du pouvoir, de la
violence et de l’argent, libération de l’esclavage dans lequel se trouvent ceux
qui s’estiment supérieurs aux autres, dans la domination et le mépris.
L’Emmanuel nous enseigne que la paix de Dieu dépend de la fraternité humaine.
Ce nouveau-né, dans sa pauvreté et sa fragilité, nous invite à abattre les murs
de notre orgueil pour répandre sur notre monde blessé et meurtri le remède de
la divine humilité.
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