Toussaint
2013
Qu’est-ce que la sainteté
chrétienne ? La Bible répond de bien des manières à cette question que
nous pouvons nous poser en cette fête de la Toussaint. La sainteté est une
réalité tellement riche qu’il est impossible en effet de l’enfermer dans une
seule définition. C’est logique si l’on comprend bien que la sainteté est un
don de Dieu et qu’elle est dans la personne des saints et des saintes un reflet
de sa gloire. Personne ne peut définir qui est Dieu de manière satisfaisante.
Seul Jésus nous a montré en sa personne, par ses actes et ses paroles, qui est
Dieu. Aussi lorsque la Bible nous dit que Dieu est amour ou qu’il est esprit,
elle nous enseigne bien la vérité. Mais en disant cela elle ne prétend pas
enfermer le mystère de Dieu dans nos pauvres définitions humaines, forcément
limitées et imparfaites. Il en va de même pour la sainteté, tout simplement
parce que la sainteté des hommes est une participation à la sainteté de Dieu.
Aussi la Bible n’est-elle pas pour nous la seule source nous permettant de
comprendre ce qu’est la sainteté. La fête de la Toussaint est là pour nous dire
la richesse de la sainteté chrétienne tout au long de l’histoire du peuple de
Dieu. Richesse et diversité car chaque saint, chaque sainte, incarne en quelque
sorte un aspect de la sainteté de Dieu à une époque particulière. Les saints et
les saintes sont des membres éminents du corps mystique, de l’Eglise. L’image
que Paul emploie pour nous parler de l’Eglise, celle du corps du Christ,
indique bien la nécessaire diversité de la sainteté. De la même manière que
dans un corps il faut des membres différents ainsi les saints et les saintes
forment ensemble dans leur diversité l’unique image du visage du Christ. D’une
certaine manière les saints et les saintes prolongent dans l’histoire de
l’Eglise le mystère de l’incarnation. Depuis l’Ascension Jésus n’est plus
présent parmi nous de manière visible. Les saints et les saintes rendent présent
le Christ Ressuscité à notre humanité. De ce point de vue on pourrait dire que
les saints et les saintes forment ensemble comme un huitième sacrement :
ils rendent présent le Christ et nous attirent à la communion avec lui.
Je voudrais méditer brièvement
sur la sainteté chrétienne à partir d’un texte de saint Paul, dans sa lettre
aux Galates, texte qui ne se trouve pas dans la liturgie de la Parole de cette
fête et que je cite donc maintenant :
Je vous le
dis : vivez sous la conduite de l'Esprit de Dieu ; alors vous n'obéirez pas aux
tendances égoïstes de la chair. Car les tendances de la chair s'opposent à
l'esprit, et les tendances de l'esprit s'opposent à la chair. En effet, il y a
là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez. Mais en vous
laissant conduire par l'Esprit, vous n'êtes plus sujets de la Loi. Voici ce que
produit l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi,
humilité et maîtrise de soi.
Paul nous montre que notre nature humaine, blessée par
le péché, nous empêche de réaliser notre vocation de chrétiens qui est la
sainteté. Pour que Dieu puisse vivre sa vie en nous, nous devons nous en
remettre à lui par la foi : nous laisser conduire par son Esprit. L’Esprit
nous délivre d’une vision légaliste de la sainteté : celle-ci ne consiste
pas d’abord à être fidèle à une loi ou à des commandements. La sainteté c’est
surtout le désir de Dieu, le désir de vivre en communion avec le Christ. Si
nous nous laissons conduire par l’Esprit alors nous sommes sur ce chemin de vie
qui fera de nous des saints et des saintes. Nous le voyons la vocation à la
sainteté ne s’adresse pas à des hommes parfaits mais bien à des hommes de chair
qui connaissent en eux la lutte entre les tendances égoïstes de leur nature et
la charité de l’Esprit. Paul cite 9 aspects de l’unique fruit que porte en nous
l’Esprit si nous l’accueillons et le prions. Pour savoir si nous nous laissons
vraiment conduire par l’Esprit nous pouvons donc nous demander si ces fruits
sont à l’œuvre dans notre vie. Les trois premiers (amour, joie et paix) sont
essentiels. Les autres peuvent se regrouper en trois groupes : patience et
maîtrise de soi, bonté et bienveillance, foi et humilité. Toutes ces qualités
du cœur, ces attitudes spirituelles mériteraient un long commentaire. Mais la
sainteté est peut-être d’abord une affaire de patience. Le véritable amour ne
nous donne pas seulement le désir de faire le bien et de le rayonner autour de
nous. Il nous donne aussi la force de supporter le mal qui est en nous et dans
notre monde. La sainteté est un chemin, celui de toute notre vie, avec des
moments de réussite et d’échec. D’où l’importance de la vertu de patience pour
ne pas se décourager et garder en nous vivante l’espérance de la communion
parfaite avec le Christ et avec nos frères et sœurs du ciel, les saints et les
saintes.
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