33ème
dimanche du TO/C
17/11/13
Luc 21,
5-19
Le dimanche qui précède la fête
du Christ Roi, donc la fin de notre année liturgique, nous parle toujours du
sens de notre histoire humaine. La Bible nous montre comment Dieu se révèle
progressivement dans l’histoire d’un petit peuple : Israël. Le mystère de
l’incarnation marque l’accomplissement de cette révélation et l’entrée dans les
temps qui sont les derniers. Ecoutons le commencement de la lettre aux
Hébreux :
Souvent,
dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires
et variées ; mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il
nous a parlé par ce Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par qui il
a créé les mondes.
L’ère chrétienne dans laquelle nous nous trouvons est
donc celle des derniers temps. Avec l’Alliance nouvelle et éternelle la fin de
notre monde tel que nous le connaissons a déjà commencé. Il est inutile de
chercher à connaître la date de la fin du monde, c’est-à-dire le moment de la
fin de notre histoire humaine. Les premiers chrétiens pensaient que la fin du
monde était toute proche. Certains avaient même arrêté de travailler puisque la
figure de ce monde était en train de passer. Cela explique l’exhortation au
travail que Paul adresse aux Thessaloniciens dans la deuxième lecture. Quelques
années plus tard, à la fin du premier siècle, le Christ n’était toujours pas
revenu dans la gloire, alors certains chrétiens commençaient à douter. C’est à
eux que s’adresse la deuxième lettre de Pierre :
Mes
bien-aimés, il y a une chose que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur,
un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. Le
Seigneur n'est pas en retard pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines
personnes ; c'est pour vous qu'il patiente : car il n'accepte pas d'en laisser
quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir.
Beaucoup de prophètes avaient annoncé le jour du
Seigneur, jour correspondant au jugement dernier et marquant le terme de notre
histoire humaine. La première lecture nous donne l’annonce de ce jour dans le
livre de Malachie. Le jour du Seigneur sera le temps de la justice comme nous
le rappelle le psaume : « Acclamez le Seigneur, car il vient pour
gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec
droiture ! » Tous les hommes affamés de justice, chrétiens ou hommes
de bonne volonté, souffrent en voyant le déroulement de notre histoire humaine,
si contraire au projet de Dieu pour notre humanité. Dans sa lettre aux Romains
saint Paul décrit cette souffrance de la création dans l’attente de
l’accomplissement de notre histoire humaine à la fin des temps :
J'estime
donc qu'il n'y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent
et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous. En effet, la création aspire
de toutes ses forces à voir cette révélation des fils de Dieu. Car la création
a été livrée au pouvoir du néant, non parce qu'elle l'a voulu, mais à cause de
celui qui l'a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l'espérance d'être,
elle aussi, libérée de l'esclavage, de la dégradation inévitable, pour
connaître la liberté, la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons bien, la
création tout entière crie sa souffrance, elle passe par les douleurs d'un
enfantement qui dure encore. Et elle n'est pas seule. Nous aussi, nous crions
en nous-mêmes notre souffrance ; nous avons commencé par recevoir le
Saint-Esprit, mais nous attendons notre adoption et la délivrance de notre
corps.
C’est dans ce contexte biblique que nous pouvons mieux
comprendre le sens de l’évangile de ce dimanche. C’est à partir d’une remarque
de ses disciples que Jésus envisage l’avenir de notre histoire. Même le temple
de Jérusalem sera détruit. En disant cela le Seigneur n’annonce pas seulement
la venue des armées romaines et la destruction de Jérusalem en 70. Il nous fait
comprendre que même les choses les plus sacrées, le temple en faisait partie,
sont passagères et ne doivent pas être absolutisées. Au regard de l’ensemble de
l’histoire humaine ce n’est pas le temple de Jérusalem et son culte qui sont
importants mais l’œuvre de l’Esprit Saint dans le cœur des hommes. Le temple
que Dieu désire c’est chacun d’entre nous. Et c’est bien par l’offrande de sa
personne sur la croix que le Christ nous permet de devenir des sanctuaires de
la sainte Trinité. Dans son discours le Seigneur mêle des perspectives
historiques différentes : la ruine de Jérusalem et la persécution des
premiers chrétiens d’une part, et la venue du jour du Seigneur de l’autre. La
fin des temps n’arrivera pas avant que les disciples ne soient persécutés. Les
romains détruiront le temple de pierre mais tout au long des âges de l’histoire
on cherchera à détruire l’Eglise, corps du Christ. C’est au milieu d’un monde
passant par les douleurs d’un enfantement qui dure encore que nous sommes
témoins de notre espérance. C’est au sein des tribulations de notre histoire
humaine que nous possédons déjà la vie éternelle. Notre attachement au Christ
ne fait pas de nous des optimistes béats. Il implique au contraire une lutte
pour la vérité et la justice, un engagement de chaque jour pour que la création
nouvelle puisse advenir. Oui, c’est par notre persévérance que nous obtiendrons
la vie. Les difficultés et les oppositions inévitables ne doivent jamais nous
faire oublier la promesse du Seigneur :
« Le Soleil de justice se lèvera : il
apportera la guérison dans son rayonnement ».
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