Le dernier dimanche du temps de
l’Avent nous oriente plus directement vers la célébration de Noël qui, cette
année, commencera demain soir. Marie ou Joseph sont au centre de ce dimanche. L’évangile
de cette liturgie nous rapporte la visitation de Marie à Elisabeth. C’est cet
événement que nous méditons dans le deuxième mystère joyeux du rosaire.
Souvenons-nous de ce que l’ange avait dit à Marie lors de l’annonciation :
Et voici
qu'Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et
elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait : 'la femme stérile'. Car
rien n'est impossible à Dieu.
Marie vient donc de dire « oui » à la
volonté du Seigneur sur elle. Lorsqu’elle
quitte Nazareth pour aller visiter Elisabeth, en Judée, elle porte déjà en elle
celui qui sera appelé Jésus. La visitation ce n’est pas seulement la rencontre
de deux femmes, Marie et Elisabeth, mais aussi celle de deux enfants encore
dans le sein de leur mère : Jésus et Jean. Ce récit de saint Luc se
déroule en l’absence d’hommes. Le prêtre Zacharie est seulement mentionné mais
il ne joue aucun rôle dans cette rencontre. La visitation c’est une histoire de
femmes et d’enfants même pas encore nés. Or dans le Judaïsme de ce temps, comme
dans beaucoup d’autres civilisations, seuls les hommes comptaient. Ce que
Jésus, plus tard, remettra en question en s’adressant aux femmes comme à des
personnes adultes et autonomes ainsi qu’en accueillant et en bénissant les
enfants. Tout le récit de saint Luc est traversé par la joie. Marie, et
l’enfant dans son sein, apportent la joie à Elisabeth et à Jean. Cette joie est
celle de l’Esprit Saint dont Elisabeth est remplie en recevant la salutation de
Marie. Notons-le, Marie, la mère du Seigneur, n’a pas besoin de faire quelque
chose d’extraordinaire pour répandre autour d’elle cette joie qui ne vient pas
des hommes. Sa seule présence, ses simples paroles de salutation, toutes
banales, suffisent à donner la joie de Dieu. Ce récit nous rappelle que porter
Jésus en nous c’est toujours porter à nos frères le bonheur de Dieu. Avant même
le grand mystère de l’incarnation c’est de ce bonheur dont sont comblés
Elisabeth et son enfant. Dans sa joie Elisabeth nous montre aussi quel est le
bonheur de Marie, celui de croire à la Parole de Dieu : « Heureuse,
celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part
du Seigneur ». A l’autre bout de l’évangile, au moment justement de
l’accomplissement final, sur le calvaire, Jésus mourant donnera sa mère à Jean
et confiera Jean à sa mère. Depuis ce moment solennel Marie est aussi la mère
de l’Eglise, la mère de chaque croyant. Beaucoup de saints et de saintes ont
trouvé en Marie la cause de leur joie. Il en va de même pour nous. Comme
Elisabeth nous pouvons être comblés de la joie de Dieu en laissant Marie entrer
dans notre maison intérieure. La prière du chapelet, que Jean-Paul II
affectionnait particulièrement, si elle est bien priée, si elle nous porte
vraiment à méditer les mystères de Jésus avec Marie et par elle, nous permet de
faire cette expérience merveilleuse de la douce joie chrétienne et de la paix
venant de l’Esprit-Saint.
Ce récit de la visitation peut être aussi interprété à
un niveau allégorique. Il est la rencontre d’une jeune fille vierge et d’une
femme âgée et stérile. Marie représente la nouveauté de l’Alliance qui va
commencer à partir de Noël. Elisabeth, femme d’un prêtre officiant dans le
temple, représente quant à elle l’ancienne Alliance. En poursuivant cette
comparaison on comprend alors que seule la nouvelle Alliance peut apporter à
l’ancienne la joie de Dieu. Car seul Jésus dans le mystère de sa naissance et
de toute sa vie vient accomplir les promesses de la première alliance. C’est ce
que semblent avoir compris les Juifs messianiques qui, tout en restant fidèles
au Judaïsme, reconnaissent en Jésus le Messie de Dieu. La deuxième lecture nous
parle du Christ qui « supprime l’ancien culte pour établir le
nouveau ». Avant même la naissance du Fils de Dieu à Bethléem ce sont deux
femmes et deux enfants qui, dans leur rencontre, annoncent ce culte nouveau en
esprit et en vérité. Dans ce culte la foi de l’homme et l’action de l’Esprit se
conjugueront d’une manière admirable pour que notre humanité puisse être
recréée.
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