Avec le premier dimanche de
l’Avent nous commençons une nouvelle année liturgique au cours de laquelle nous
méditerons plus particulièrement l’évangile selon saint Luc. L’année liturgique
chrétienne commence et finit de la même manière. Le 33ème dimanche
du temps ordinaire, celui avant la fête du Christ roi, et le premier dimanche
de l’Avent nous présentent en effet un passage du discours de Jésus sur la fin
des temps et sur son retour dans la gloire : « Jésus parlait à ses
disciples de sa venue ». Ou pour le dire autrement le début et la fin de
l’année chrétienne nous orientent vers l’avenir. Non pas l’avenir dans un sens
simplement historique mais notre avenir du point de vue de Dieu et de son
projet de salut pour notre humanité. C’est le Christ, et lui seul, parce qu’il
est l’Alpha et l’Omega de toutes choses, qui nous permet de regarder cet avenir
avec confiance : « Redressez-vous et relevez la tête, car votre
rédemption approche ». Dans sa lettre aux Colossiens saint Paul nous
décrit d’une manière admirable la place centrale du Christ dans
l’accomplissement de toute la création : « Car Dieu a
voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu
tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en
faisant la paix par le sang de sa croix. » Cette réconciliation universelle acquise par l’amour du Fils de Dieu ne
trouvera sa perfection qu’à la fin des temps, lors de son retour « avec
grande puissance et grande gloire ». Le temps de l’Avent nous oriente d’abord
vers ce moment-là dont nul ne connaît ni le jour ni l’heure. L’Avent nous remet
devant les yeux la belle cohérence du mystère chrétien à partir du thème de la
venue du Sauveur : Il est venu à Noël, il vient chaque jour et il
reviendra. La différence entre ces venues ou ces présences du Seigneur à notre
humanité se trouve dans la manière dont il vient. A Noël et aujourd’hui dans
l’humilité et de manière cachée, à la fin des temps avec gloire et de manière évidente.
Au commencement de l’Avent l’Eglise nous fait comprendre que la meilleure
manière de nous préparer au retour du Christ dans la gloire c’est de
l’accueillir jour après jour dans la vie de foi, d’espérance et de charité.
Pour cela nous devons nous « tenir sur nos gardes » et « faire
de nouveaux progrès ». Comme le carême l’Avent est un temps de
préparation, d’attente. Mais ce temps est court. Il est plus difficile de vivre
spirituellement l’Avent que le carême. Comment en effet ne pas se laisser
distraire ? Comment demeurer attentif à l’essentiel ? L’ambiance de
nos villes en décembre ne nous porte pas à l’intériorité et au silence mais au commerce
intensif. Il nous faut donc une capacité de résistance pour ne pas nous laisser
engloutir par ces soucis matériels. Sans parler de la tradition danoise des
nombreux repas de Noël tout au long du mois de décembre, bien avant la fête
elle-même ! Comment donc faire de nouveaux progrès et bien profiter du
temps de l’avent ? En limitant au maximum, donc en groupant, nos sorties
pour acheter les fameux cadeaux de Noël qui, eux aussi, peuvent être limités.
En consacrant du temps à la prière et à la lecture des évangiles. En ayant le
désir de créer dans nos maisons une atmosphère propice au recueillement :
moins de télé, de radio ; moins de temps passé sur nos écrans d’ordinateur
ou d’IPhone. Il s’agit en effet de nous désencombrer du superflu qui nous
divertit si bien de l’essentiel. L’Avent comme temps de l’attente nous propose
aussi de revoir si possible nos rythmes de vie. Certains parmi nous, plus que
d’autres, ont un emploi du temps bien chargé et un rythme de vie rapide.
L’Avent ce peut être aussi l’occasion de maîtriser davantage ce rythme, de ne
pas en être l’esclave, donc de ralentir et de faire des pauses même très
courtes, pour mieux nous tourner vers le Seigneur qui vient. Vous le constatez :
vivre l’Avent n’est pas facile car ce temps nous demande de ramer à
contre-courant et de ne pas nous laisser entraîner dans le scintillement
artificiel des lumières de nos villes. Scintillement finalement si triste et si
vide lorsqu’il n’est pas accompagné de la joie secrète provenant de notre
relation avec Jésus Emmanuel.
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