6/04/2025
Jean 8,
1-11
Il est des Evangiles qui sont
tellement beaux, puissants et limpides que l’on aimerait les méditer en silence
après les avoir écoutés. C’est le cas de l’Evangile de la femme adultère que
nous trouvons seulement chez saint Jean. Mais le devoir de la prédication
dominicale s’impose à moi ! Dans la continuité de la parabole du père et
de ses deux fils l’Evangile de ce dimanche est un Evangile de la miséricorde
divine. Nous ne sommes plus dans une parabole mais dans une scène bien réelle
que l’art de saint Jean nous rend tellement vivante que l’on parvient sans
peine à se la représenter. Une fois de plus les scribes et les pharisiens
veulent tendre un piège à Jésus, connaissant bien sa miséricorde envers les
pécheurs. Il s’agit donc de le mettre en contradiction avec la Loi de Moïse
telle qu’elle s’exprime dans le Deutéronome : Lorsqu’on trouvera un
homme couché avec une femme mariée, ils mourront tous deux, l’homme qui a
couché avec la femme, et la femme également. Tu ôteras le mal du milieu
d’Israël. (22, 22)
Regardons cette scène : la
femme accusée et menacée de lapidation est au milieu. Dans un premier temps
elle est entourée par ses accusateurs. Puis, suite à la parole sublime de Jésus
(parole qui rappelle la parabole de la paille et de la poutre et par laquelle
il déjoue le piège qui lui est tendu), l’évangéliste note : Jésus resta
seul avec la femme toujours là au milieu. Le récit nous fait passer d’un
groupe d’hommes certes religieux, mais remplis de haine et de mauvais
sentiments, (l’effet de groupe est rarement positif dans ce genre de situation
comme nous le rappellent les circonstances de la condamnation à mort de Jésus…)
à un face à face entre Jésus et la femme. Le Seigneur par sa parole lui
a sauvé la vie. Le Verbe de Dieu qui a donné à Noé et à Moïse le commandement « Tu
ne tueras pas » ne peut pas se contredire en approuvant la Torah qui exige
dans plusieurs cas la mise à mort des pécheurs pour « ôter le mal du
milieu d’Israël ». Jésus est souverainement libre par rapport à la Loi de
Moïse comme le montrent par exemple son attitude le jour du sabbat (il n’hésite
pas à faire le bien ce jour-là en guérissant des malades) ou son abolition de
la distinction entre aliments purs et impurs. En tant que Fils de Dieu et Fils
de l’homme, le Seigneur n’est pas soumis à la Torah. Le Fils de l’homme est
maître du sabbat. Saint Paul qui était, avant sa conversion, un partisan
fanatique de la Loi de Moïse et un complice de la lapidation de saint Etienne, en
tirera toutes les conséquences dans un verset de sa lettre aux Ephésiens :
C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il
a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les
séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de
la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu
créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu
les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne,
il a tué la haine. Le dialogue final qui conclue cette page évangélique est
magnifique : Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ?
Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus
lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche
plus. » Jésus par son amour et sa compassion est vraiment le Sauveur de
cette femme. Il l’arrache aux griffes de ses accusateurs qui se faisaient un
plaisir à l’idée de pouvoir la lapider, mais surtout il lui redonne sa dignité
de fille de Dieu et l’appelle à l’espérance. Ce qu’elle a fait ne la condamne
pas mais peut devenir un nouveau point de départ dans sa vie. Dans l’Evangile
selon saint Jean, Jésus affirme : Si quelqu’un entend mes
paroles et n’y reste pas fidèle, moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas
venu juger le monde, mais le sauver. Le Seigneur a toujours mis en jeu sa
vie pour témoigner de ce que le Dieu vivant et vrai n’est pas un Dieu qui veut
la mort des pécheurs, un Dieu de condamnation, mais au contraire un Dieu qui
aime la vie. Comme le proclame le psaume 102 : Le Seigneur est
tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour.