dimanche 24 juillet 2022

17ème dimanche du temps ordinaire / C

 

24/07/2022

Luc 11, 1-13

C’est pour répondre à une demande de ses disciples que Jésus leur enseigne la prière du Notre Père, plus courte dans la version de saint Luc que dans celle de saint Matthieu.

Parmi les cinq demandes de cette prière, la quatrième a une forme unique :

Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous.

Cette demande implique de notre part un engagement personnel à pardonner à ceux qui nous ont offensés. Prier le Père avec la prière de Jésus son Fils, c’est donc toujours s’ouvrir à la réconciliation avec le prochain. Si nous demandons au Père sa miséricorde pour nos manquements, nos faiblesses et nos péchés, nous ne pouvons avoir qu’un cœur miséricordieux pour nos frères les hommes. Une attitude différente relèverait de l’hypocrisie et signerait notre propre condamnation. Implorer la miséricorde sans avoir soi-même un cœur compatissant et ouvert au pardon serait de notre part une supercherie… pour laquelle nous devrions demander pardon ! Si bien que cette demande du Notre Père nous renvoie toujours à l’une des béatitudes :

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Nous pouvons aussi nous souvenir de la citation du prophète Osée faite par Jésus après l’appel de Matthieu :

Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice.

Après avoir transmis le Notre Père à ses disciples, Jésus les encourage à la confiance dans la prière de demande. Le Notre Père est en effet une prière de demande. C’est l’occasion de rappeler dans ce contexte la richesse de la prière chrétienne qui peut s’exprimer sous la forme de la demande mais aussi sous celle de l’adoration, de la louange et du remerciement ou action de grâce. Toute la liturgie de la messe est essentiellement une prière d’action de grâce. Je vous invite à regarder la structure de la préface eucharistique qui introduit à la prière eucharistique pour vous en rendre compte de manière très concrète… Prière introduite par l’invitation qui suit : Rendons grâce au Seigneur notre Dieu.

La conclusion de cette page évangélique est aussi pour nous d’une grande importance :

Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent !

En effet elle nous indique ce que nous devons toujours demander en premier dans notre prière : non pas tel ou tel bien matériel, une guérison, une réussite aux examens ou dans notre profession, mais bien l’Esprit Saint ! Le véritable objet de la prière de demande chrétienne et qui contient en lui tous les autres, c’est bien le don de l’Esprit Saint. En affirmant cela le Seigneur Jésus nous invite à invoquer souvent et avec confiance le Saint Esprit pour qu’il nous rendre capable de prier le Notre Père en vérité et qu’il nous donne la force de pardonner. Ce qui rejoint un autre enseignement essentiel du Seigneur :

Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît (Mt 6, 33).

dimanche 17 juillet 2022

16ème dimanche du temps ordinaire / C

 

17/07/2022

Luc 10, 38-42

Une lecture rapide de cet Evangile pourrait nous conduire à opposer les deux sœurs qui reçoivent Jésus chez elles.

Regardons dans un premier temps l’attitude de Marie : Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Elle écoute la parole du Seigneur. Elle est assise à ses pieds dans une attitude d’humilité, celle du disciple par rapport à son maître. L’attitude de Marie nous rappelle celle d’une autre Marie, la mère de Jésus : Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Et comment ne pas penser à ce passage de l’Evangile selon saint Luc qui éclaire si bien l’Evangile de ce dimanche ? Comme Jésus disait cela, une femme éleva la voix au milieu de la foule pour lui dire : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! » Alors Jésus lui déclara : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » Les deux Marie font partie de ces personnes qui sont bienheureuses parce qu’elles sont capables d’écouter la Parole de Dieu et d’accueillir le Seigneur.

Si l’âme a besoin de la nourriture spirituelle, le corps a besoin aussi de nourriture. Marthe s’active pour préparer le repas du corps. Et elle trouve injuste d’être la seule à travailler à la cuisine. En réponse à son interpellation Jésus répond en deux temps. Tout d’abord : Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Réponse difficilement compréhensible quand on est en train de préparer un repas ! Peut-être Jésus vise-t-il ici l’état d’esprit de Marthe, la manière avec laquelle elle fait la cuisine. Elle n’est pas dans la paix mais semble tourmentée par le souci de bien faire… de trop bien faire ? L’hospitalité est une vertu très importante dans la Bible comme en témoigne celle donnée par Abraham et Sara aux trois visiteurs. Le péché des habitants de Sodome, par exemple, est un péché contre l’hospitalité et le respect dû aux étrangers de passage. Dans un second temps de sa réponse Jésus affirme qu’une seule chose est nécessaire : écouter sa parole. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. La part de Marthe n’est pas mauvaise. Le service de la table est une bonne chose qui fait partie de l’hospitalité. Mais la part de Marie est meilleure car elle nourrit l’âme et la foi. Remarquons que si Marthe n’avait pas été à la cuisine, Marie n’aurait pas pu s’asseoir aux pieds du Seigneur pour l’écouter ! Lorsque nous faisons une retraite spirituelle dans un monastère il n’y a pas que le prédicateur et les temps de prière. Il y a aussi les personnes qui préparent les repas et qui permettent au prédicateur de prêcher et aux retraitants de l’écouter ! Marthe et Marie ne s’opposent pas, elles se complètent. Le Seigneur ne condamne pas Marthe. Il lui rappelle simplement que la préparation du repas ne doit pas lui faire oublier l’écoute. L’hospitalité véritable ne consiste pas seulement à offrir un bon repas mais elle exige la disponibilité en vue de la rencontre et l’ouverture à l’autre. J’ai beau offrir le meilleur des repas à mon hôte, si je ne suis pas disponible pour lui et incapable de l’écouter et d’avoir une conversation avec lui, à quoi cela sert-il ? Cela nous est arrivé en voyage de manger seul dans un restaurant. Même si la nourriture est bonne, nous comprenons que dans un repas on aime partager aussi une rencontre, une communion. La sagesse du livre des Proverbes nous enseigne en effet :

Mieux vaut un plat de légumes servi avec amour que du veau gras et de la haine.

dimanche 10 juillet 2022

15ème dimanche du temps ordinaire / année C

 

10/07/2022

Luc 10, 25-37 / Fratelli tutti n°56-86

Le 3 octobre 2020 le pape François adressait sa lettre encyclique Fratelli tutti- Tous frères à tous les hommes sur le thème de la fraternité et de l’amitié sociale. Le deuxième chapitre de cette lettre intitulé Un étranger sur le chemin est une méditation de la parabole du bon samaritain. Je vous partage donc quelques réflexions du pape sur l’Evangile de ce dimanche.

Tout d’abord le samaritain qui s’arrête et prend soin de l’homme blessé par les brigands est celui qui a fait le don de la proximité. Le pape souligne dans ce don un élément qui me semble important de nos jours :

Surtout, il lui a donné quelque chose que, dans ce monde angoissé, nous thésaurisons tant : il lui a donné son temps. Il avait sûrement ses plans pour meubler cette journée selon ses besoins, ses engagements ou ses souhaits. Mais il a pu tout mettre de côté à la vue du blessé et, sans le connaître, il a trouvé qu’il méritait qu’il lui consacre son temps.

Le don de la proximité (se faire le prochain de mon frère, en particulier de celui qui est en difficulté ou qui souffre) suppose le sacrifice de mon temps, condition indispensable pour me rendre disponible en vue de l’accueil, de l’écoute et de l’aide. C’est un véritable défi dans une société où il est fréquent d’entendre : je n’ai pas le temps ! Le pape remarque que bien souvent nous ne voulons pas perdre notre temps à régler les problèmes d’autrui.

Une autre réflexion intéressante est la suivante :

Si nous étendons notre regard à l’ensemble de notre histoire et au monde de long en large, tous nous sommes ou avons été comme ces personnages : nous avons tous quelque chose d’un homme blessé, quelque chose d’un brigand, quelque chose de ceux qui passent outre et quelque chose du bon Samaritain.

La parabole nous enseigne qu’il existe deux types de personnes : Celles qui prennent en charge la douleur et celles qui passent outre ; celles qui se penchent en reconnaissant l’homme à terre et celles qui détournent le regard et accélèrent le pas. Pour de nombreuses raisons il est plus facile d’agir comme le prêtre et le lévite de l’histoire. Le pape repère une atmosphère de paresse sociale et politique qui transforme de nombreuses parties de notre monde en un chemin désolé, où les conflits internes et internationaux ainsi que le pillage des ressources créent beaucoup de marginalisés abandonnés au bord de la route.

Le pape remarque aussi que ce n’est pas par hasard que Jésus donne une identité précise à ceux qui passent leur chemin sans apporter de l’aide : un prêtre et un lévite, donc des personnes religieuses. Il commente :

C’est un avertissement fort : c’est le signe que croire en Dieu et l’adorer ne garantit pas de vivre selon sa volonté. Une personne de foi peut ne pas être fidèle à tout ce que cette foi exige d’elle, et pourtant elle peut se sentir proche de Dieu et penser avoir plus de dignité que les autres… Le paradoxe, c’est que parfois ceux qui affirment ne pas croire peuvent accomplir la volonté de Dieu mieux que les croyants.

Confrontés aux nombreux problèmes de notre monde et aux nombreuses misères nous pouvons avoir la tentation de baisser les bras. Face à cette tentation du désengagement et du retrait, le pape nous donne quelques réflexions utiles : L’imposture du ‘‘tout va mal’’ a pour réponse ‘‘personne ne peut y remédier’’, ‘‘que puis-je faire ?’’. On alimente ainsi la désillusion et le désespoir, ce qui n’encourage pas un esprit de solidarité et de générosité. Enfoncer un peuple dans le découragement, c’est boucler un cercle pervers parfait : c’est ainsi que procède la dictature invisible des vrais intérêts cachés qui s’emparent des ressources et de la capacité de juger et de penser… Que d’autres continuent à penser à la politique ou à l’économie pour leurs jeux de pouvoir ! Quant à nous, promouvons le bien et mettons-nous au service du bien !... Les difficultés qui semblent énormes sont une opportunité pour grandir et non une excuse à une tristesse inerte qui favorise la soumission. Mais ne le faisons pas seuls, individuellement. Le Samaritain a cherché un hôte qui pouvait prendre soin de cet homme ; nous aussi nous sommes invités à nous mobiliser et à nous retrouver dans un ‘‘nous’’ qui soit plus fort que la somme de petites individualités.

dimanche 3 juillet 2022

14ème dimanche du temps ordinaire / C

 

3/07/2022

Luc 10, 1-12.17-20

Jésus appelle des hommes de manière diversifiée. Il institue d’abord le groupe des Douze, le groupe de ses disciples les plus proches qu’il appelle pour en faire ses apôtres. En ce dimanche nous voyons comment il élargit son appel à 72 disciples (6 x 12). Si nous comparons les consignes missionnaires données aux Douze et aux 72 elles sont presque identiques. Ce qui est le propre des 72 disciples, c’est ce que note saint Luc dans l’introduction qu’il donne à leur envoi en mission : Il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre.

Ces hommes sont envoyés deux par deux pour préparer la venue de Jésus. Ils ont une mission semblable à celle de Jean le baptiste. Ils précèdent leur Maître et Seigneur en étant les porteurs de son message. Message très bref que nous entendons à deux reprises dans cet Evangile : Le règne de Dieu s’est approché de vous.

A cette proclamation s’ajoute la salutation de paix : Paix à cette maison.

Remarquons comment le message concernant la proximité du Règne de Dieu reprend la toute première prédication de Jésus lui-même (Le Règne de Dieu est là) ainsi qu’une demande de la prière du Seigneur (Que ton règne vienne).

La personne, la vie, la mission des disciples manifestent en effet la proximité du règne de Dieu. Ils rendent présent le Dieu qui s’est fait proche de chacun d’entre nous en son Fils Jésus, l’Emmanuel, Dieu avec nous. Ils annoncent surtout sa venue. Leur parole est une préparation pour que les cœurs puissent s’ouvrir lorsque Jésus lui-même viendra et se manifestera : Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi.

Dans la vie de notre monde tout semble nous dire que le règne de Dieu est lointain et non pas proche. Dans notre vie personnelle nous pouvons aussi faire l’expérience de l’absence et du silence de Dieu. Dans ce contexte il est important de nous rappeler que ce règne de Dieu est toujours discret. Au chapitre 17 de l’Evangile selon saint Luc, le Seigneur nous donne un élément de discernement :

Comme les pharisiens demandaient à Jésus quand viendrait le règne de Dieu, il prit la parole et dit : « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. »

Autrement dit nous portons en chacun de nous ce règne de Dieu, nous l’expérimentons dans la communauté de l’Eglise. Chaque fois que nous choisissons la volonté de Dieu, c’est-à-dire une vie de plus en plus fidèle à ses commandements, et en particulier au commandement de l’amour du prochain, le règne de Dieu s’approche de nous. Saint Paul nous aide aussi à saisir ce qui constitue le Royaume de Dieu :

En effet, le royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint. Celui qui sert le Christ de cette manière-là plaît à Dieu, et il est approuvé par les hommes.

En demandant au Père Que ton règne vienne, ayons à cœur d’incarner par notre vie, nos paroles et nos pensées la justice, la paix et la joie qui nous viennent de l’Esprit Saint.

lundi 27 juin 2022

Saints Pierre et Paul

 

Solennité des apôtres Pierre et Paul / La Roque sur Pernes

26/06/2022

Matthieu 16, 13-23

Dans le chemin de foi de l’apôtre Pierre l’épisode de Césarée marque une étape essentielle. Une étape qui se situe entre le premier appel de Simon le pêcheur avec André son frère (Venez, suivez-moi. Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes) et le moment du reniement chez le grand prêtre Caïphe. C’est le moment des pleurs qui font passer l’apôtre de l’ardeur orgueilleuse à la foi véritable animée par la charité, une foi humble et forte, forte en raison de l’humilité et qui lui donnera, au moment voulu, la grâce du martyre à Rome.

Pour cette solennité l’Eglise nous propose donc l’Evangile de la profession de foi du premier des apôtres. Je vous propose de le méditer en tenant compte de ce qui suit immédiatement cette page évangélique au chapitre 16 de saint Matthieu. C’est cet ensemble qui nous permet en effet de comprendre que la foi de Pierre est encore imparfaite, que l’ardeur du sentiment humain se mêle à la divine charité. Lisons cet épisode en parallèle.

Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! C’est la profession de foi de l’apôtre. En entendant l’annonce des souffrances de la Passion et de la mort du Messie, l’amour humain de Pierre se révolte : Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas.

Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Le pêcheur de la mer de Galilée reçoit de Dieu la vérité sur l’identité de Jésus. Il ne l’invente pas. De lui-même il est incapable de parvenir à cette connaissance non plus selon la chair mais selon la foi. Mais en très peu de temps il retombe dans une vision humaine, pleine de générosité et d’ardeur, mais ne correspondant pas à la volonté de Dieu : Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.

Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. C’est cette phrase qui est inscrite avec des lettres de taille gigantesque à la base de la coupole de saint Pierre de Rome, au-dessus du lieu où l’apôtre fut enseveli après son martyre dans le cirque voisin de Caligula et de Néron. Simon est Pierre lorsqu’il professe la foi révélée par le Père, lorsqu’il se laisse totalement envahir par la grâce de l’Esprit Saint, représenté sous la forme d’une colombe dans le vitrail au-dessus de la chaire de l’apôtre à Saint Pierre. C’est le Père qui met dans son cœur et sur ses lèvres les mots de la foi chrétienne. Mais en un instant il passe de Pierre à Satan lorsqu’il cesse d’écouter la Parole de Dieu pour laisser parler en lui un sentiment purement humain, un sentiment naturel et bon, mais incapable d’accepter que son Maître passe par la croix pour entrer dans la gloire de la résurrection. Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute. Il n’est plus alors la pierre sur laquelle le Christ veut édifier son Eglise, le fondement solide de la foi. Privé de la grâce divine, il devient une pierre d’achoppement et de scandale.

Ce n’est que par la chute du reniement que la foi ardente de l’apôtre sera définitivement purifiée de ce qu’elle pouvait avoir de présomptueux… Si tous viennent à tomber à cause de toi, moi, je ne tomberai jamais.  L’humiliation du reniement le configure à son Maître qui entre dans la grande humiliation de la Passion et de la mort. Pierre ressortira de cette épreuve définitivement fortifié. Ses pleurs et sa chute lui permettront paradoxalement de fortifier ensuite ses frères dans la foi, d’être un apôtre.

Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères.

Ayant connu la faiblesse de l’homme livré à lui-même et à ses seuls jugements et sentiments, Pierre sera véritablement la pierre sur laquelle le Christ pourra construire son Eglise.

samedi 18 juin 2022

La sainte Trinité 2022

 

Sainte Trinité / année C

12/06/2022

Avec le don de l’Esprit au jour de la Pentecôte Dieu achève de se révéler lui-même. Après avoir envoyé son Fils, le Père avec Jésus glorifié manifeste la divinité de l’Esprit. A la plénitude de la révélation divine correspond l’accomplissement de notre salut. Salut qui devient effectif par le don de la grâce, les sacrements et la vie en Eglise. Salut offert à tous par un Dieu qui veut le salut de tous par son Fils dans l’Esprit. Célébrer la Sainte Trinité, c’est donc célébrer la révélation divine parvenue à son sommet et le salut des hommes parfaitement accompli.

Dans le Nouveau Testament nous trouvons trois définitions essentielles de Dieu qui nous permettent d’entrer dans le mystère du Dieu trois fois Saint.

Tout d’abord Jésus révèle que Dieu est esprit. L’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer.

Même si les artistes ont pris la liberté de représenter Dieu le Père sous la forme d’un homme, ce qu’ils n’auraient jamais dû faire, Jésus nous rappelle que Dieu est esprit, donc un être sans corps, un être insaisissable pour notre imagination qui elle se situe toujours dans le temps et dans l’espace. Dire de Dieu qu’il est esprit c’est donc affirmer qu’il est transcendant, qu’il n’entre pas dans nos catégories de pensée forcément limitées. Nous lisons dans le prophète Isaïe : Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. Contrairement aux créatures angéliques Dieu est un esprit éternel, sans commencement ni fin, ce que notre rationalité humaine est incapable de saisir.

Dans la première lettre de Jean nous lisons aussi que Dieu est lumière. Le Verbe, le Fils de Dieu, Jésus est cette lumière divine. L’image de la lumière signifie que Dieu nous ouvre un chemin de vie, qu’il nous conduit comme le bon berger et nous enseigne la sagesse comme un maître. Dieu est lumière quand il nous donne son Fils et l’Evangile, quand il nous enseigne par Jésus, quand il nous donne les bonnes inspirations intérieures par le Saint Esprit qui demeure en nous.

La dernière définition de Dieu, toujours dans la première lettre de saint Jean, est certainement la plus importante : Si Dieu est esprit et lumière, il est surtout amour. Et si Dieu est amour, nous comprenons qu’il est Père, qu’il ne peut pas être un Dieu solitaire et distant, un Dieu indifférent. Avant même l’acte créateur, Dieu est Père parce qu’il a un Fils, le Verbe, et que cette relation d’amour et de vie en Dieu, cette échange entre le Père et le Fils est le Saint Esprit. En créant tout ce qui existe, l’univers visible et invisible, Dieu est le Père de toutes les créatures. C’est encore la Sainte Trinité qui crée et pas seulement la personne du Père. Dieu crée en effet toutes choses par sa Parole et par son Esprit. La puissance de Dieu n’est pas celle d’un despote ou d’un dictateur. Sa puissance ne vient pas de sa capacité à nous contraindre par la force à lui obéir. Sa puissance est celle de la communion d’amour entre les trois personnes de la Trinité, une communion qui nous invite avec tendresse à vivre nous-mêmes la communion avec Dieu et entre nous, et à la vivre dans la liberté des enfants de Dieu. L’amour de Dieu comme l’amour authentiquement humain a horreur de la force et de la contrainte. Il ne peut s’épanouir et s’accueillir que dans la liberté que nous donne l’Esprit Saint.

dimanche 5 juin 2022

Pentecôte 2022

 


5/06/2022

Au jour de la Pentecôte l’Eglise naît du don de l’Esprit Saint. Au jour de l’Annonciation l’Esprit Saint féconde le sein de la Vierge Marie pour qu’elle puisse donner au monde Jésus, le Fils de Dieu. A Noël par la puissance de l’Esprit le Verbe, la Parole de Dieu, naît de Marie en partageant notre condition humaine, vrai Dieu et vrai homme. De la même manière, à la Pentecôte, par la puissance du même Esprit, l’Eglise, naît comme le corps du Christ à la fois divine et humaine. A la naissance du Fils de Dieu et à celle de l’Eglise, il convient d’ajouter notre propre naissance dans le sacrement du baptême. Ces trois naissances sont l’œuvre du Saint Esprit. Jésus parle ainsi de la renaissance du baptême à Nicodème : Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu.

Jean, celui qui baptisait dans l’eau en signe de repentir et de conversion, se fait le témoin de la Parole de Dieu : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint. Le baptême issu du mystère du Christ n’est pas seulement un baptême par l’eau mais un baptême dans l’Esprit Saint, cet Esprit répandu sur la première Eglise à la Pentecôte. C’est en effet au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit que le baptême chrétien est donné. Saint Jean, dans sa première lettre, nous fait comprendre que le signe de l’eau n’est rien sans le don de Jésus lors de sa Passion et sans le don de l’Esprit : C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité. En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un.

Dans le sacrement de baptême le rite de l’eau est complété par une onction d’huile parfumée, l’onction avec le saint chrême. Ecoutons la prière prononcée par le prêtre lorsqu’il marque le front du baptisé avec le saint chrême : Par le baptême, le Dieu tout-puissant, Père de notre Seigneur Jésus Christ, t’a libéré du péché et t’a fait renaître de l’eau et de l’Esprit. Toi qui fais maintenant partie de son peuple, il te marque de l’huile sainte pour que tu demeures éternellement membre de Jésus-Christ, prêtre, prophète et roi. Le saint chrême nous rappelle les mots Christ et chrétien. Christ signifie en grec celui qui a reçu l’onction, celui qui est consacré et choisi par Dieu, c’est l’équivalent de Messie qui vient de l’hébreu. Par le baptême nous participons réellement à la personne et à la mission de Jésus, prêtre, prophète et roi. Avant Jésus, dans l’Ancien Testament, les prêtres, les prophètes et les rois recevaient leur mission de Dieu par une onction d’huile. Les rois de France perpétuaient la tradition royale d’Israël par la cérémonie du sacre à Reims. Avec Jésus le Christ, le prêtre, le prophète et le roi ne sont plus trois personnes séparées. Il rassemble et accomplit dans sa personne ces trois fonctions au service du peuple de Dieu. Par le baptême, nous aussi, nous sommes prêtres, capables de faire de notre personne et de notre vie une offrande agréable à Dieu. Nous aussi nous sommes prophètes, porteurs et témoins de la Parole de Dieu dans le monde qui est le nôtre. Nous aussi nous sommes rois, serviteurs du bien commun dans la société, libérés du péché et capables de nous gouverner nous-mêmes selon l’amour et la vérité. C’est le même Esprit Saint qui agit en notre faveur dans les sacrements du baptême et de la confirmation pour faire de nous des saints et des saintes.

Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père !