10/07/2022
Luc 10,
25-37 / Fratelli tutti n°56-86
Le 3
octobre 2020 le pape François adressait sa lettre encyclique Fratelli tutti- Tous frères à tous les
hommes sur le thème de la fraternité et de l’amitié sociale. Le deuxième
chapitre de cette lettre intitulé Un
étranger sur le chemin est une méditation de la parabole du bon samaritain.
Je vous partage donc quelques réflexions du pape sur l’Evangile de ce dimanche.
Tout
d’abord le samaritain qui s’arrête et prend soin de l’homme blessé par les
brigands est celui qui a fait le don de
la proximité. Le pape souligne dans ce don un élément qui me semble
important de nos jours :
Surtout,
il lui a donné quelque chose que, dans ce monde angoissé, nous thésaurisons
tant : il lui a donné son temps. Il avait sûrement ses plans pour meubler cette
journée selon ses besoins, ses engagements ou ses souhaits. Mais il a pu tout
mettre de côté à la vue du blessé et, sans le connaître, il a trouvé qu’il
méritait qu’il lui consacre son temps.
Le don de la
proximité (se faire le prochain de mon frère, en particulier de celui qui est
en difficulté ou qui souffre) suppose le sacrifice de mon temps, condition
indispensable pour me rendre disponible en vue de l’accueil, de l’écoute et de
l’aide. C’est un véritable défi dans une société où il est fréquent
d’entendre : je n’ai pas le temps ! Le pape remarque que bien souvent
nous ne voulons pas perdre notre temps à
régler les problèmes d’autrui.
Une autre réflexion
intéressante est la suivante :
Si nous
étendons notre regard à l’ensemble de notre histoire et au monde de long en
large, tous nous sommes ou avons été comme ces personnages : nous avons
tous quelque chose d’un homme blessé, quelque chose d’un brigand, quelque chose
de ceux qui passent outre et quelque chose du bon Samaritain.
La parabole nous
enseigne qu’il existe deux types de personnes : Celles qui prennent en charge la douleur et
celles qui passent outre ; celles qui se penchent en reconnaissant l’homme à
terre et celles qui détournent le regard et accélèrent le pas. Pour de
nombreuses raisons il est plus facile d’agir comme le prêtre et le lévite de
l’histoire. Le pape repère une atmosphère de paresse sociale et politique qui transforme de nombreuses parties de notre monde en un chemin désolé, où
les conflits internes et internationaux ainsi que le pillage des ressources
créent beaucoup de marginalisés abandonnés au bord de la route.
Le pape
remarque aussi que ce n’est pas par hasard que Jésus donne une identité précise
à ceux qui passent leur chemin sans apporter de l’aide : un prêtre et un
lévite, donc des personnes religieuses. Il commente :
C’est un
avertissement fort : c’est le signe que croire en Dieu et l’adorer ne garantit
pas de vivre selon sa volonté. Une personne de foi peut ne pas être fidèle à
tout ce que cette foi exige d’elle, et pourtant elle peut se sentir proche de
Dieu et penser avoir plus de dignité que les autres… Le paradoxe, c’est que
parfois ceux qui affirment ne pas croire peuvent accomplir la volonté de Dieu
mieux que les croyants.
Confrontés aux
nombreux problèmes de notre monde et aux nombreuses misères nous pouvons avoir
la tentation de baisser les bras. Face à cette tentation du désengagement et du
retrait, le pape nous donne quelques réflexions utiles : L’imposture
du ‘‘tout va mal’’ a pour réponse ‘‘personne ne peut y remédier’’, ‘‘que
puis-je faire ?’’. On alimente ainsi la désillusion et le désespoir, ce qui
n’encourage pas un esprit de solidarité et de générosité. Enfoncer un peuple
dans le découragement, c’est boucler un cercle pervers parfait : c’est ainsi
que procède la dictature invisible des vrais intérêts cachés qui s’emparent des
ressources et de la capacité de juger et de penser… Que d’autres continuent à
penser à la politique ou à l’économie pour leurs jeux de pouvoir ! Quant à
nous, promouvons le bien et mettons-nous au service du bien !... Les difficultés
qui semblent énormes sont une opportunité pour grandir et non une excuse à une
tristesse inerte qui favorise la soumission. Mais ne le faisons pas seuls,
individuellement. Le Samaritain a cherché un hôte qui pouvait prendre soin de
cet homme ; nous aussi nous sommes invités à nous mobiliser et à nous retrouver
dans un ‘‘nous’’ qui soit plus fort que la somme de petites individualités.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire