29/05/2025
En cette solennité de l’Ascension
du Seigneur nous méditons la troisième partie de l’encyclique du pape François
consacrée à l’amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ : « Voici
le cœur qui a tant aimé ». Ecoutons d’abord l’introduction que le pape
donne à sa riche réflexion sur le culte du Sacré-Cœur dans l’Eglise :
48.
La dévotion au Cœur du Christ n’est pas le culte d’un organe séparé de la
personne de Jésus. Nous contemplons et adorons Jésus-Christ tout entier, le
Fils de Dieu fait homme, représenté dans une image où son cœur est mis en
évidence. Le cœur de chair est considéré comme l’image ou le signe privilégié
du centre le plus intime du Fils incarné et de son amour à la fois divin et
humain car, plus que tout autre membre de son corps, il est « signe ou symbole
naturel de son immense charité ».
A plusieurs reprises le pape met
en lumière la finalité de la dévotion au cœur du Christ. Il s’agit toujours de
vivre plus intensément « une relation d’amitié et d’adoration avec la
personne du Christ » (49) qui nous « appelle à une précieuse amitié
faite de dialogue, d’affection, de confiance et d’adoration » (51). Il
s’agit toujours dans la vénération du Sacré-Cœur d’entretenir avec le Christ
« une relation personnelle de rencontre et de dialogue… dans la
confiance » (54).
Le paragraphe intitulé
« L’adoration du Christ » clarifie le rapport entre le culte du
Sacré-Cœur et l’adoration du Christ. Il faut éviter à tout prix la dérive qui
consisterait à chosifier le cœur du Christ comme un organe séparé :
Nous
ne l’adorons pas isolément mais dans la mesure où, avec ce Cœur, c’est le Fils
incarné lui-même qui vit, aime et reçoit notre amour. Par conséquent, tout acte
d’amour ou d’adoration envers son Cœur « s’adresse en réalité au Christ
Lui-même », puisqu’il renvoie spontanément à Lui et qu’il est « le symbole
et l’image expresse de l’amour infini de Jésus-Christ ».
Au n°49 le pape introduit une
riche réflexion sur ce que signifie vénérer l’image du Sacré-Cœur, réflexion
développée ensuite dans le paragraphe intitulé « la vénération de son
image ». Le débat sur le rôle des images saintes dans l’Eglise est ancien.
Il remonte à la crise opposant les iconoclastes et les iconodules, crise
résolue par le concile de Nicée II en 787, mais qui resurgit au 16ème
siècle lors de la Réforme protestante avec en arrière-fond l’interdiction de
l’image dans l’Ancien Testament : Tu ne feras aucune idole, aucune
image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les
eaux par-dessous la terre (Exode 20). Voici comment le pape clarifie la
notion de vénération de l’image du Sacré-Cœur :
Nous
vénérons cette image qui le représente, mais l’adoration ne s’adresse qu’au
Christ vivant, dans sa divinité et dans toute son humanité, afin de nous
laisser étreindre par son amour humain et divin. (49)
55.
Le cœur a la particularité d’être perçu non pas comme un organe séparé mais
comme un centre intime unificateur et donc comme expression de la totalité de
la personne, ce qui n’est pas le cas des autres organes du corps humain.
Puisqu’il est le centre intime de la totalité de la personne, et donc une
partie représentant le tout, il serait facile de le dénaturer en le contemplant
séparément de la figure du Seigneur. L’image du cœur doit nous renvoyer à la
totalité de Jésus-Christ en son centre unificateur et, simultanément à partir
de ce centre unificateur, elle nous doit nous amener à contempler le Christ
dans toute la beauté et la richesse de son humanité et de sa divinité.
Enfin la vénération du Cœur du Christ a un
fondement anthropologique évident puisque le symbole du cœur fait écho à
« une expérience humaine universelle qui rend cette image unique ».
L’Eglise s’appuie en même temps sur la « force symbolique unique » et
universelle de l’image du cœur, toujours liée à l’amour, et à la vérité du
mystère de l’incarnation (Jésus nous a aimés avec un cœur véritablement humain)
pour proposer aux fidèles la vénération du Sacré-Cœur. Au n°57 le pape met à sa
juste place l’image dans le contexte de la vénération, elle est « une
figure incitative », radicalement différente de la présence eucharistique
du Christ :
Il
ne s’agit ici que d’une image nous invitant à aller au-delà, nous incitant à
élever notre cœur jusqu’à celui du Christ vivant, et à l’unir à lui ; alors que
l’Eucharistie est présence réelle devant être adorée. L’image vénérée convoque,
indique et porte, afin de nous faire passer du temps dans la rencontre avec le
Christ et dans son adoration, comme il nous semble le mieux de l’imaginer. En
regardant l’image, nous nous mettons face au Christ et, devant Lui, « l’amour
se fixe, contemple le mystère, en profite en silence ».
L’image du Cœur de Jésus, comme
toutes les images saintes, n’est qu’un moyen, une aide dans la dévotion. C’est
toujours la réalité divine invisible que notre cœur cherche à contempler et à
aimer à travers l’ombre de l’image visible, image dans laquelle nous ne devons
jamais mettre notre confiance comme le rappelle le concile de Trente. Bref le
but du culte du Sacré-Cœur et de la vénération de son image est toujours le
développement d’une précieuse amitié avec le Christ faite de dialogue,
d’affection, de confiance et d’adoration » (51).