dimanche 20 avril 2025

Pâques 2025

 

Le mystère de Pâques ne peut pas nous laisser indifférents. En raison de la vérité de l’incarnation du Fils de Dieu, le mystère pascal nous touche au cœur même de ce qui constitue notre existence humaine. Ce mystère de rejet, de souffrance, d’abandon, de mort et de résurrection est résumé par une formule saisissante de la lettre aux Hébreux :

Nous voyons Jésus couronné de gloire et d’honneur à cause de sa Passion et de sa mort. Si donc il a fait l’expérience de la mort, c’est, par grâce de Dieu, au profit de tous.

Certains parmi nous sont naturellement optimistes, d’autres pessimistes et peu enclins à l’espérance ou se disent tout simplement réalistes. Quel que soit le fond de notre caractère la mort et la vie éternelle ne sauraient être du point de vue existentiel placées sur le même plan. Notre condition mortelle, la certitude de notre mort et l’expérience de la mort de nos proches, s’impose à nous avec une évidence irrécusable. Nul ne peut nier la dure réalité de la mort et de ce qui la précède. Comme le constate saint Paul l’homme extérieur va vers sa ruine… Il n’en va pas de même lorsque nous considérons la vie éternelle et la résurrection. De ces réalités nous n’avons aucune expérience concrète, si ce n’est par et dans la foi. Ce qui permet à saint Paul d’affirmer : C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. La foi en la résurrection n’a rien d’évident comme le montrent les récits de Pâques dans les Evangiles. Cette nuit (lors de la vigile pascale / en ce jour) nous avons entendu le récit que donne saint Luc de la visite des femmes au tombeau de Jésus. Dès que le sabbat est terminé, à la pointe de l’aurore, ces femmes fidèles se rendent au tombeau du Seigneur pour y parachever les rites funéraires. Elles ne sont pas des pèlerines de l’espérance à ce moment-là. Et voici que deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant. Ces envoyés célestes posent la question essentielle : Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Ils ne nomment pas Jésus, celui dont le corps devrait être dans la tombe, mais ils parlent du Vivant, de celui qui par l’offrande de sa vie est devenu prêtre par la puissance d’une vie indestructible. Voici l’incroyable bonne nouvelle : un homme nommé Jésus, notre frère en humanité, vit d’une vie indestructible ; un mortel, un crucifié, vit de la vie même qui est celle de Dieu. C’est le message de Paul aux Romains : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Ce message pascal se heurte à l’incrédulité des apôtres : ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas. Et Pierre qui constate que le tombeau est en effet vide ne croit pas pour autant immédiatement : il est tout étonné de ce qui était arrivé. Oui, l’annonce de Pâques est littéralement incroyable et étonnante. Sans le don de la foi, sans la lumière de l’Esprit Saint, il nous est impossible d’entrer dans l’espérance de la vie éternelle à la suite de Jésus. Et notre foi comporte parfois aussi le doute.

En ce jour de Pâques nous pouvons nous demander comment renforcer notre foi en la résurrection. En comprenant tout d’abord que pour un chrétien la vie éternelle est déjà commencée dans notre vie terrestre bornée par la mort. C’est ce que permettent le baptême et la foi, ainsi que tous les sacrements et la vie de prière personnelle, sans laquelle il est difficile de faire une expérience de la présence du Dieu invisible. François Mauriac se définissait comme un homme « engagé dans les problèmes d’en bas pour des raisons d’en haut ». Ce qui va nous permettre de croire de plus en plus en la promesse de la vie éternelle pour nous, ce sera une foi qui sans cesse cherchera à être ferment de vie dans la société, une foi engagée qui ne se résigne pas à la fatalité du mal et de l’injustice. Jésus a été la victime divine de l’injustice des hommes et du mal qui peut les posséder. Dans la lumière de la résurrection du Seigneur il nous appartient de témoigner par notre vie, nos choix, nos actes, de ce qu’un autre monde est possible et que pour un chrétien la fatalité n’existe pas. Nous ne sommes pas naïfs au point de croire, comme l’ont cru certaines idéologies terrestres, que le paradis est possible sur notre terre peuplée d’hommes pécheurs. Mais humblement et réellement nous avons la possibilité de dire « non » à tout ce qui porte atteinte à la dignité de nos frères en humanité et de promouvoir les petits et grands changements qui nous permettent d’incarner la victoire du Ressuscité ici-bas et maintenant. L’espérance de la résurrection ne nous laisse pas le choix : nous avons à être bons, reflets de la bonté de de Dieu, et même à devenir meilleurs pour nous rapprocher si possible de notre divin modèle. Il s’agit bien de changer nos cœurs de pierre en cœurs de chair, non pas par nos propres forces mais par la puissance de la vie indestructible du Ressuscité… et cela afin de rendre concrète l’espérance qui nous habite. Car si, selon la parole de Pierre, nous attendons, selon la promesse du Seigneur, un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice, il est nécessaire que cela puisse être visible dans la vie de l’Eglise et des chrétiens que nous sommes. Finalement Pâques nous pose la question de la crédibilité de notre foi, donc du témoignage de notre vie : Sommes-nous crédibles et dignes de confiance ?

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