23/03/2025
Luc 13,
1-9
Après les Evangiles des
tentations et de la transfiguration, la liturgie nous propose en ce troisième
dimanche de Carême un enseignement de Jésus. Cet enseignement part de faits d’actualité
(un massacre, la chute d’une tour) et d’une parabole, celle du figuier.
Le Seigneur nous invite à
regarder notre actualité et les malheurs qu’elle peut comporter en y discernant
un appel à la conversion. Avec ses contemporains il n’a pas utilisé ces
événements dramatiques pour provoquer en eux la peur mais pour les inviter à
devenir meilleurs en des temps incertains.
Dans la petite parabole du
figuier l’Evangile nous parle de la patience de Dieu à notre égard. Le temps de
Dieu n’est pas le nôtre. Le 27 mars 2024 le pape François a consacré l’une de
ses catéchèses sur les vices et les vertus à la patience. Il fait le lien entre
ce que Jésus endure dans sa Passion et la manière avec laquelle il accepte de
la vivre, avec patience justement. Le pape remarque que la patience exemplaire
de Jésus à l’heure de sa Passion ne consiste pas en une résistance stoïque à
la souffrance mais qu’elle est le fruit d’un amour plus grand. C’est
l’occasion pour lui de nous rappeler la patience de Dieu à notre égard comme le
fait Jésus dans la parabole du figuier :
L'apôtre Paul, dans l’hymne à la charité (cf. 1 Co
13, 4-7), associe étroitement l'amour et la patience. En effet, pour décrire la
première qualité de la charité, il utilise un mot qui se traduit par «magnanime»
ou «patient». La charité est magnanime, elle est patiente. Elle exprime un
concept surprenant, qui revient souvent dans la Bible: Dieu, face à notre
infidélité, se montre «lent à la colère» (cf. Ex 34, 6; cf. Nm 14, 18): au lieu
d'exprimer son dégoût pour le mal et le péché de l'homme, il se révèle plus
grand, prêt à recommencer chaque fois avec une patience infinie. C'est pour
Paul, le premier trait de l'amour de Dieu qui, face au péché, propose le
pardon. Mais pas seulement : c'est le premier trait de tout grand amour, qui
sait répondre au mal par le bien, qui ne s'enferme pas dans la colère et le
découragement, mais qui persévère et qui repart. La patience qui recommence.
Ainsi, à la racine de la patience se trouve l'amour.
La contemplation de
l’amour patient et miséricordieux du Seigneur à notre égard nous invite à nous
convertir en devenant à notre tour patients dans nos relations avec nos frères
en humanité. Pour le pape la vertu de patience n’est pas seulement une nécessité,
elle est un appel :
Il n'y a pas de meilleur
témoignage de l'amour de Jésus Christ que de rencontrer un chrétien patient… Si
le Christ est patient, le chrétien est appelé à être patient.
La mentalité contemporaine du
« tout et tout de suite » s’oppose en permanence à cette vertu de
patience. D’où l’importance pour nous chrétiens de contempler la manière d’être
de Dieu pour ses créatures. Je cite à nouveau le pape :
N'oublions pas que la
précipitation et l'impatience sont les ennemies de la vie spirituelle :
pourquoi ? Dieu est amour, et celui qui
aime ne se lasse pas, ne s'irrite pas, ne donne pas d’ultimatum, Dieu est
patient, Dieu sait attendre. Pensons à l'histoire du Père miséricordieux, qui
attend son fils parti de la maison : il souffre avec patience, impatient
uniquement de l'embrasser dès qu'il le voit revenir (cf. Lc 15, 21) ; ou bien
pensons à la parabole du blé et de l'ivraie, avec le Seigneur qui ne s’empresse
pas pour éradiquer le mal avant l'heure, pour que rien ne soit perdu (cf. Mt
13, 29-30). La patience nous fait tout sauver.
Enfin le pape se pose la question
suivante : Comment faire croître la patience, si nécessaire et
bienfaisante, et pourtant si rare ? Ecoutons en ce temps de Carême la
suggestion qu’il nous donne :
Puisqu'elle est, comme
l'enseigne saint Paul, un fruit de l'Esprit Saint (cf. Ga 5, 22), il faut la
demander précisément à l'Esprit du Christ. Il nous donne la douce force de la
patience — la patience est une douce force —, car « c’est le propre de la vertu
chrétienne non seulement de faire le bien, mais aussi de savoir supporter le
mal » (Saint Augustin, Discours, 46, 13). Cela nous fera du bien de contempler
le Crucifié pour assimiler sa patience. Un bon exercice consiste également à
lui présenter les personnes les plus ennuyeuses, en lui demandant
la grâce de pratiquer à leur égard cette œuvre de miséricorde si connue et si
omise : supporter patiemment les personnes incommodantes. Et cela n’est
pas facile. Pensons — je le répète à présent — si nous faisons cela : supporter
patiemment les personnes incommodantes. Cela commence par demander de
les regarder avec compassion, avec le regard de Dieu, en sachant distinguer
leurs visages de leurs erreurs. Nous avons l’habitude de cataloguer les
personnes selon les erreurs qu’elles commettent. Non, cela n’est pas bien.
Cherchons les personnes selon leur visage, leur cœur, et non leurs erreurs.
Si le pape nous rappelle avec
justesse que nous sommes appelés à nous supporter les uns les autres avec
patience, en commençant par la famille, ce n’est pas une raison pour abuser de
la patience de nos proches ni pour la mettre à l’épreuve. Evitons dans la
mesure du possible d’être pour nos frères des personnes ennuyeuses et
incommodantes, ne soyons pas « lourds » comme on le dit dans le
langage courant, et rappelons-nous la règle d’or donnée par le Seigneur :
Ne fais pas aux autres ce que tu
ne voudrais pas qu'on te fasse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire