9/01/2025
Luc 5,
1-11
Dans la page évangélique de ce
dimanche saint Luc associe l’appel des apôtres à la pêche surabondante. Tout
commence par la prédication de Jésus au bord du lac. Le Seigneur emprunte à
Simon sa barque pour s’en servir de chaire. Cela ne devait pas être évident de
pouvoir se faire entendre de la foule… Une fois son message transmis, Jésus se
tourne vers le propriétaire de la barque pour l’inviter lui et ses compagnons à
pêcher : Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. La
réaction du maître pêcheur qu’est Simon constitue pour notre vie chrétienne un
enseignement précieux : Maître, nous avons peiné toute la nuit sans
rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. Simon est à
la fois dans le doute (nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre) et
dans la foi (sur ta parole je vais jeter les filets), et c’est la foi qui
l’emporte et le fait agir conformément à l’invitation du Maître. De son point
de vue professionnel il ne comprend pas, mais il va au-delà de son
incompréhension pour s’en remettre totalement à la parole de Jésus. Sa foi lui
ouvre une perspective nouvelle qui dépasse les projets et les prévisions
simplement humaines. Et voici que cette sortie sur le lac apporte aux pêcheurs
une pêche surabondante. Dieu a récompensé leur foi par un don totalement
inattendu. Jésus part de ce qui fait la vie et la passion de ces hommes simples
pour en quelque sorte les « attraper » comme ils ont attrapé un grand
nombre de poissons du lac. Jésus part de la nature humaine pour transformer ces
hommes en apôtres. Il ne se désintéresse pas de leur humanité et de leurs
intérêts. Au contraire il prend tout cela en considération pour ensuite les
élever au niveau de la grâce, de la relation avec Dieu. Un apôtre, c’est
quelqu’un qui s’est laissé « attrapé » par Jésus, qui a été en
quelque sorte « pêché » hors du lac de sa vie ordinaire par le
Seigneur, et qui devient à son tour un pêcheur d’hommes : Sois sans
crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. L’évangélisation
authentique ne consiste pas à plaquer des vérités religieuses sur la vie des
personnes ou à leur asséner des slogans… Elle suppose toujours le temps de la
rencontre et du dialogue, de la connaissance des personnes dans ce qui fait
leur vie et leur humanité. Elle tient compte de leurs passions, engagements et
centres d’intérêt humains. Et c’est toujours à partir de ce terrain humain
unique que la Parole de Dieu peut être annoncée. La vérité de l’Evangile doit à
un moment ou à un autre surgir de l’intériorité des personnes. Si elle demeure
extérieure, comme un message publicitaire et étranger, elle a de fortes chances
de ne pas porter de fruits. La vérité universelle de l’Evangile doit forcément
s’incarner dans la vie singulière des personnes. Jésus avait parfaitement
compris qu’il fallait dans un premier temps s’adresser aux pêcheurs du lac avec
leurs propres codes et le langage qui était le leur. Ce n’est que dans un
second temps qu’ils seraient alors capables de tout lâcher parce qu’ils
s’étaient sentis respectés dans ce qui faisait leur simple vie humaine et non
pas méprisés par un donneur de leçon ou un Dieu qui les regarderait de haut
comme de pauvres personnes prisonnières des réalités matérielles… Et voici le
vrai miracle de cet épisode : Alors ils ramenèrent les barques au
rivage et, laissant tout, ils le suivirent.
Pour conclure cette méditation
écoutons ces paroles de Maurice Zundel qui entrent en consonance avec la manière
de faire du Seigneur au bord du lac :
Qu’est-ce que vous aimez le
plus ? Qu’est-ce qui vous émeut le plus immédiatement, le plus
profondément ? Qu’est-ce qui vous établit immédiatement dans un état de
silence ? Eh bien ! C’est cela, pour vous, le cœur du cœur de votre
religion la plus personnelle.
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