dimanche 21 juillet 2024

16ème dimanche du temps ordinaire / année B

 

21/07/2024

Marc 6, 30-34

Jésus fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger.

L’image du berger et des brebis est très utilisée dans la tradition biblique pour nous parler des relations entre Dieu et ses créatures humaines, entre Dieu et l’humanité ou son peuple (l’image du troupeau). Jésus assume pleinement cette image en se présentant dans les Evangiles comme le bon berger ou le bon pasteur. Dans l’Evangile de ce dimanche le cœur de Jésus est rempli de compassion pour ses contemporains qui sont comme des brebis sans berger. Comme toujours l’image n’est qu’une image. Le berger terrestre, lui, ne se soucie de ses brebis que dans son propre intérêt, elles sont son gagne-pain et elles finiront à l’abattoir ! Ce n’est pas le cas évidemment du berger divin qui donne sa vie pour ses brebis. Il ne les exploite pas, il les aime et parce qu’il les aime il veut les sauver des dangers qui les menacent. Les hommes ont besoin de bergers mais pas de n’importe quels bergers ni dans n’importe quelles conditions ! Nous avons besoin de guides et d’exemples qui puissent nous inspirer et nous fortifier sur le chemin de notre vie. Jésus est l’unique berger parce qu’il est à la fois vrai Dieu et vrai homme, chemin qui nous conduit et nous unit à Dieu notre béatitude. Avec le berger divin nous n’avons rien à craindre car nous sommes confiés à l’amour même de Dieu. Les bergers ou les pasteurs dans l’Eglise, tous ceux qui à un titre ou un autre, sont des guides spirituels ne le sont que dans la mesure de leur fidélité au Christ, de leur union avec lui. Ces dernières années notre Eglise a été ébranlée par le scandale des abus sexuels commis par des pasteurs. Il faut bien comprendre que dans la plupart des cas ces abus sexuels n’ont été possible qu’en raison des abus d’autorité de la part de ces mêmes pasteurs. Pour le dire autrement c’est le viol des consciences qui a rendu possible le viol des corps au nom d’une conception dévoyée de l’obéissance. Si nous avons besoin de guides spirituels pour progresser sur le chemin de la foi, nous ne devons jamais renoncer à notre conscience et à notre liberté, fondements de notre dignité humaine. Le vrai pasteur, le guide spirituel authentique, n’asservit pas les personnes en les dominant ou en les subjuguant et cela pour sa propre gloire humaine ou ses propres fins. C’est tout le contraire qui est vrai. Le critère qui nous permet de reconnaître le pasteur et le guide qui agissent selon l’esprit du Christ, c’est qu’en l’écoutant et en le suivant nous grandissons en liberté, nous connaissons la libération apportée par le Christ, nous faisons l’expérience de sa compassion. Le gourou asservit les autres pour lui-même alors que le pasteur leur ouvre un chemin de libération en vue de leur communion avec Dieu. Dieu nous a voulus libres comme en témoigne ce verset du Siracide : C’est lui qui, au commencement, a créé l’homme et l’a laissé à son libre arbitre (15, 14). Si Jésus perçoit bien le besoin que nous avons d’avoir des pasteurs, des guides et des frères qui nous encouragent dans notre vie avec Dieu, il nous invite aussi à utiliser le don de notre liberté humaine. Nous devons être des adultes dans la foi et être capables de prendre par nous-mêmes des décisions pour notre vie comme en témoigne ce passage de l’Evangile selon saint Luc : Hypocrites ! Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? Bref nous pouvons consulter nos pasteurs lorsque nous hésitons ou lorsque nous sommes dans le doute, mais n’oublions pas que la décision ultime nous appartient et qu’il s’agit bien de suivre notre conscience éclairée par la prière et par le Saint Esprit. Jésus nous le dit : nous sommes capables de juger par nous-mêmes de ce qui est juste. L’évêque, le prêtre, le supérieur de communauté, l’accompagnateur spirituel ne nous dispensent jamais de l’usage de notre liberté. Ils doivent au contraire nous encourager à faire les bons choix librement.

Pour conclure je citerai le concile Vatican II : La dignité de l’homme exige donc de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure (Gaudium et Spes 17).

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci Robert de m'éclairer sur le rôle du berger