5ème
dimanche du TO / B
4/02/2024
Marc 1,
29-39
Dès les premières pages de son
Evangile Marc nous présente en quelque sorte une journée type du ministère de
Jésus en Galilée. Ce qui nous frappe d’emblée c’est l’emploi du temps plus que
chargé du Seigneur… Le temps réservé au repos et au sommeil semble réduit au
strict minimum… Les indications temporelles sont claires :
Le soir venu, après le coucher du
soleil… Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube…
Il ressort de cette page
évangélique que Jésus était entièrement donné aux hommes et à son Père. On peut
se demander pourquoi l’Eglise nous propose en première lecture ce passage du
livre de Job :
Vraiment, la vie de l’homme sur
la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre. Comme l’esclave qui
désire un peu d’ombre, comme le manœuvre qui attend sa paye, depuis des mois je
n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance.
Cette vision négative de notre
vie sur terre n’est pas réservée à Job, icône de la souffrance physique et
morale. L’auteur du livre de l’Ecclésiaste qui se présente à nous comme
puissant, riche et comblé partage pourtant avec Job la même vision :
Oui, je déteste la vie ; je
trouve mauvais ce qui se fait sous le soleil : tout n’est que vanité et
poursuite de vent. Je déteste tout ce travail que j’accomplis sous le soleil et
que je vais laisser à mon successeur.
Les morts qui sont déjà morts, je
les déclare plus heureux que les vivants encore en vie, et plus heureux que
ceux-là celui qui n’existe pas encore, car il n’a pas connu le mal qui se fait
sous le soleil.
Le parallèle entre la vie de Job
vue comme une corvée et la vie bien remplie de Jésus qui proclame la Bonne
Nouvelle nous interroge. Spontanément nous pouvons comprendre ce parallèle de
la manière suivante : Jésus vient nous sauver de la négativité de notre
vie sur cette terre en la remplissant de sa présence et de son amour. Jésus est
celui qui donne un sens à nos souffrances et à nos épreuves en les reliant à
Dieu, donc au salut. L’Evangile de ce dimanche peut aussi être une invitation à
réfléchir sur l’utilisation du temps de notre vie humaine qui, fort
heureusement, ne se réduit pas à la vision de Job. L’emploi du temps bien
chargé de Jésus n’est pas une invitation à réduire le temps du sommeil et du
repos, sauf si nous sommes dans le péché capital de paresse. Lui était homme et
Dieu Sauveur … nous, nous ne sommes que des humains ! Mais cette journée
type du Seigneur nous engage à ne pas gaspiller le temps que Dieu nous donne
sur cette terre. L’un des premiers moyens pour vivre notre vie pleinement et
intensément consiste à retrouver, si nous l’avons perdu, la valeur du temps
présent. Nous vivons souvent dans la nostalgie ou la culpabilité du passé, mais
encore plus dans l’avenir. Or Jésus nous invite à vivre le moment
présent sous le regard de Dieu :
Cherchez d’abord le royaume de
Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous faites
pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit
sa peine.
Notre vie quotidienne est faite
de travail, de prière, de loisirs et de repos. L’Evangile de ce dimanche nous
invite à faire une révision de vie. Est-ce que je parviens à trouver un
équilibre entre toutes ces dimensions de ma vie humaine ? Existe-t-il une
harmonie, une unité ou bien au contraire un cloisonnement entre ces différents
aspects de ma journée ? Ce qui contribue puissamment à unifier toutes ces
dimensions, c’est notre engagement personnel dans la vie de prière et de
méditation, engagement à donner à Dieu de l’espace dans notre vie. Quant aux
moments de détente et de loisirs, contribuent-ils à enrichir ma vie
personnelle, à me cultiver par exemple par des lectures nourrissantes ? Me
permettent-ils de vivre l’idéal de l’adage latin mens sana in corpore sano, un
esprit sain dans un corps sain ? Enfin vivre l’instant présent,
l’aujourd’hui de Dieu, c’est aussi être capable de goûter à leur juste valeur
les simples joies humaines que la vie quotidienne met sur notre chemin mais que
bien souvent nous ne voyons pas parce que nous les considérons à tort comme
banales ou ordinaires. Malgré son pessimisme de fond l’auteur de l’Ecclésiaste
sait lui aussi reconnaître ces moments et en rendre grâce à Dieu :
J’ai compris qu’il n’y a rien de
bon pour les humains, sinon se réjouir et prendre du bon temps durant leur vie.
Bien plus, pour chacun, manger et boire et trouver le bonheur dans son travail,
c’est un don de Dieu.
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