7/05/2023
Jean 14,
1-12
L’Evangile
de ce dimanche nous rapporte des paroles du Christ qui constituent en quelque
sorte son testament. Nous sommes le jeudi saint, la veille de la mort en croix
du Seigneur. Saint Jean nous fait entendre dans son Evangile, du chapitre 13 au
chapitre 17, les enseignements et les confidences du Christ à ses apôtres,
entre le geste du lavement des pieds et l’entrée dans la Passion. Ces ultimes
paroles ont donc une importance particulière. Dans ces paroles Jésus se révèle
en profondeur et ouvre son cœur à ses apôtres. Ces derniers interviennent en
posant des questions à leur Maître et Seigneur. La demande de Philippe a de
quoi nous étonner : Seigneur,
montre-nous le Père ; cela nous suffit. Dieu est Esprit, Dieu est invisible
et voilà que Philippe ose demander : montre-nous
le Père… Etait-il bien conscient de ce qu’il demandait ? En
ajoutant : cela nous suffit… Commentaire
de sa part qui relève presque du domaine de l’humour. Si pour un homme, un
mortel, voir Dieu cela ne suffisait pas, alors qu’est-ce qui pourrait bien
suffire ? Philippe exprime ici de manière bien maladroite cette éternelle
aspiration des hommes à faire l’expérience de l’absolu, de l’infini, du divin.
La réponse de Jésus à cette demande plus qu’audacieuse nous introduit dans le
grand mystère de la Trinité : Celui
qui m’a vu a vu le Père. S’il est impossible pour un homme de voir Dieu qui
est Esprit, nous comprenons que le mystère de l’incarnation nous ouvre cette
possibilité. C’est dans son Fils Jésus que nous pouvons voir Dieu et le connaître.
Donc par la médiation d’un homme. Autrement dit c’est à travers la chair du
Christ que nous percevons le Père qui est Esprit. Jésus est en effet ce chemin
qui nous conduit vers le Père. A deux reprises il affirme la relation unique
qu’il vit avec son Père : Je suis
dans le Père et le Père est en moi. Si Jésus est l’unique médiateur, le
chemin par lequel nous pouvons connaître Dieu, c’est en raison de cette union
parfaite qu’il vit avec son Père dans l’Esprit Saint. Cela signifie que
connaître Jésus, c’est connaître Dieu : Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès
maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu.
Nous ne
sommes plus dans la situation des apôtres au soir du jeudi saint. Pour
reprendre une expression de Paul nous ne connaissons pas le Christ selon la
chair. Depuis l’Ascension la présence physique du Christ au milieu de nous a
laissé la place à d’autres types de présence. Comment donc connaître Jésus
aujourd’hui ? Bien sûr à travers les Evangiles qui constituent notre
unique source de connaissance sur sa personne. Bien plus profondément dans le
mystère de l’Eglise, de la communauté chrétienne qui est son corps. La parole
des Evangiles ne devient vivante pour nous que dans l’Eglise, dans la prière
personnelle et communautaire, dans les sacrements. Connaître Jésus ce n’est pas
d’abord lire des livres, même si certains livres peuvent nous aider dans ce
chemin. C’est faire une expérience de sa présence de Ressuscité en nous ouvrant
à lui par la prière et par les sacrements. C’est le baptême qui, en premier,
nous ouvre à cette connaissance vivante du Seigneur. C’est la célébration de la
messe et la communion qui nous offrent de vivre dans le Christ et pour le
Christ. Si
Jésus dit à ses apôtres qu’il est dans le Père et que le Père est en lui, nous
pouvons dire, chaque fois que nous communions, que nous sommes dans le Christ
et que le Christ est en nous. Et si le Fils est en nous et nous en lui, alors
nous sommes, comme lui, dans le Père, unis à Dieu par la grâce du sacrement de
l’eucharistie. La vie chrétienne est donc comme une chaîne de communion :
nous passons par la communion avec Jésus ressuscité, vrai homme et vrai Dieu,
pour vivre dans la foi la communion avec le Dieu invisible qui est Esprit. Nous
passons par la communion entre nous, communion qui implique toujours l’amour,
la réconciliation et le pardon, pour vivre dans la communion avec Dieu qui est
Amour.
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