18/07/2021
Marc 6,
31
«
Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. »
Telle est
l’invitation faite par Jésus à ses apôtres après leur retour de mission. Le
temps de l’été permet à beaucoup de prendre quelques jours de vacances,
c’est-à-dire de changer de rythme et de cesser le travail quotidien pendant une
période. Même pour ceux qui ne peuvent pas prendre ce temps de vacances,
l’appel de Jésus demeure valable, mais d’une autre manière, ne serait-ce que
par le jour de repos hebdomadaire. Le travail qui est le nôtre n’est pas un but
en soi. Il est un moyen de gagner le pain quotidien et aussi, normalement, un
moyen pour développer nos talents et nos capacités tout en les mettant au
service de la société. Le travail dans son caractère pénible et dans la
contrainte qu’il impose à notre liberté est la conséquence du péché originel,
donc d’un mal qui déséquilibre l’harmonie du jardin d’Eden. Adam travaillait
dans le jardin avant la faute mais ce travail n’était pas une activité pénible.
Après sa désobéissance à Dieu, il entend le Seigneur lui déclarer : Parce que tu as écouté la voix de ta femme,
et que tu as mangé le fruit de l’arbre que je t’avais interdit de manger :
maudit soit le sol à cause de toi ! C’est dans la peine que tu en tireras ta
nourriture, tous les jours de ta vie. De lui-même, il te donnera épines et
chardons, mais tu auras ta nourriture en cultivant les champs. C’est à la sueur
de ton visage que tu gagneras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre
dont tu proviens ; car tu es poussière, et à la poussière tu retourneras.
Nous
avons besoin de rythmes différents dans notre vie. D’où le dimanche et les
jours de fête qui viennent rompre le train-train quotidien. D’où aussi la
nécessité de se reposer pendant un temps plus long, celui des vacances. Dans
nos sociétés occidentales nous avons malheureusement perdu le sens et la valeur
du jour de repos hebdomadaire, le dimanche, et cela au nom de la sacro-sainte
économie et de la croissance ! Avec de plus en plus de commerces ouverts
le dimanche… ce n’est pas un progrès, mais bien un nouvel esclavage qui empêche
le repos commun des familles ou des amis, celui des employés de commerces
travaillant le dimanche et celui des personnes faisant leurs courses le
dimanche. Il n’y a en effet rien de reposant à passer des heures dans un centre
commercial… alors que le dimanche devrait être un jour de liberté et de
gratuité, détaché de l’acte d’acheter et de consommer et destiné à des
activités enrichissantes pour le corps, l’esprit et l’âme. Il en va de même
pour nos vacances. Il s’agit bien de reposer notre corps, notre esprit et notre
âme, les trois dimensions de notre personne humaine. Pour notre corps ce peut
être l’occasion de lui accorder le temps de sommeil dont il a besoin,
l’activité physique ou sportive que nous ne pouvons pas faire en temps de
travail etc. Pour notre esprit, pour notre intelligence, nous pouvons utiliser
le temps libre des vacances pour lire, nous cultiver, visiter un site
historique ou un musée, contempler la beauté des créations artistiques humaines
et la beauté de la création dans la nature. Ce temps de farniente est idéal
pour couper la télévision si nous avons tendance à en abuser, éteindre les
écrans de nos ordinateurs et de nos smartphones, si chronophages et sources de
fatigue pour l’esprit comme pour le corps… afin de privilégier les véritables
relations humaines, celles qui enrichissent notre cœur et nous rendent libres
car plus humains. Pour notre âme enfin, l’été et les vacances peuvent être un
beau moment de ressourcement spirituel. Comment ne pas penser ici à l’appel provenant
du cœur de Jésus dans l’Evangile selon saint Matthieu ?
Venez à moi, vous tous qui peinez sous le
poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon
joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous
trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon
fardeau, léger.
Nous
pouvons profiter de l’été pour soigner notre âme malade. Nous avons à notre
disposition beaucoup de chemins spirituels pour le faire : la prière
personnelle, le sacrement du pardon, la lecture d’un livre de la Bible ou d’un
auteur spirituel, la prière du chapelet, quelques jours de retraite dans un
monastère… et bien sûr notre participation renouvelée à la messe du dimanche.
Notre âme, elle aussi, a besoin de repos, de se reposer en Jésus, d’entrer dans
le repos de Dieu pour reprendre une expression du psaume 94. Un ingrédient
essentiel et nécessaire au repos de notre âme est aussi le silence. Le silence
est bienfaisant et favorise l’esprit de prière. Ecoutons Paul VI nous en
parler : Que renaisse en nous
l’estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l’esprit, en
nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre
vie moderne, bruyante et hypersensibilisée. O silence de Nazareth,
enseigne-nous le recueillement, l’intériorité, la disposition à écouter les
bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ; enseigne-nous le
besoin et la valeur des préparations, de l’étude, de la méditation, de la vie
personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret.
Au terme
de cette réflexion sur le temps libre des vacances et le repos, accueillons la
prière de Paul pour nous :
Que le Dieu de la paix lui-même vous
sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient
tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ.
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