27/06/2021
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Corinthiens 8, 7-15
Au cours
de l’année 48, il y eut une famine en Judée et à Jérusalem en raison de la
mauvaise récolte de l’année précédente. Dans la deuxième lecture l’apôtre Paul
parle aux chrétiens de Corinthe d’une collecte pour venir en aide à la
communauté de Jérusalem. Il est intéressant de voir comment il les motive afin
qu’ils se montrent généreux.
Puisque vous avez tout en abondance, la foi,
la Parole, la connaissance de Dieu, toute sorte d’empressement et l’amour qui
vous vient de nous, qu’il y ait aussi abondance dans votre don généreux !
La
participation des Corinthiens à la collecte est donc une expression concrète de
l’amour et de la foi qui les habitent. La générosité des disciples dans le
partage de leurs biens matériels reflète la générosité avec laquelle Dieu les a
comblés de dons spirituels.
Pour les
motiver à donner Paul utilise tout d’abord l’émulation : Ce n’est pas un ordre que je donne, mais je
parle de l’empressement des autres pour vérifier l’authenticité de votre
charité.
En effet
les chrétiens de Macédoine ont déjà participé à la collecte avec une grande
générosité : Dans les multiples
détresses qui les mettaient à l’épreuve, l’abondance de leur joie et leur
extrême pauvreté ont débordé en trésors de générosité. Ils y ont mis tous leurs
moyens, et davantage même, j’en suis témoin ; spontanément, avec grande
insistance, ils nous ont demandé comme une grâce de pouvoir s’unir à nous pour
aider les fidèles de Jérusalem.
En
donnant, les chrétiens de Macédoine ont eu conscience de recevoir une grâce de
la part de Dieu. Pour eux ce n’était pas un fardeau, un don forcé réalisé à
contrecœur, mais bien plutôt une joie. C’est cet aspect du don que Paul
rappelle dans le chapitre qui suit notre passage : Que chacun donne comme il a décidé dans son cœur, sans regret et sans
contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement.
Après
avoir donné en exemple les Macédoniens, Paul élève les cœurs des Corinthiens
vers le Christ lui-même pour susciter leur générosité : Vous connaissez en effet le don généreux de
notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause
de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté.
Il suffit
de contempler le Christ pour comprendre à quel point il s’est montré généreux à
notre égard en se faisant notre Sauveur dans le mystère de son incarnation et
de sa passion. Par contre il est difficile de comprendre en quoi le Fils de
Dieu est « riche », vu que Dieu est Esprit et qu’il n’a besoin
d’aucune richesse ni d’aucune possession pour être bienheureux… L’hymne de la
lettre aux Philippiens peut nous aider à comprendre en quel sens l’image de la
richesse peut s’appliquer à Dieu :
Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme
à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort
de la croix.
Dieu n’a
pas d’autre richesse que sa divinité, c’est-à-dire son amour infini et sa
parfaite sainteté. Dans le mystère de son incarnation le Fils se fait pauvre
pour nous en se faisant notre frère en humanité, ne retenant pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Il se
fait pauvre pour nous rendre riches de sa divinité, c’est le merveilleux
échange. Dieu se fait homme pour faire de l’homme un dieu. Cette logique divine
aide à mieux comprendre la logique du don généreux auquel Paul appelle les chrétiens
de Corinthe. Le don vise à établir une égalité entre la communauté de Corinthe
et celle de Jérusalem, entre ceux qui ont de quoi se nourrir et ceux qui
souffrent de la famine : Ce que vous
avez en abondance comblera leurs besoins, afin que, réciproquement, ce qu’ils
ont en abondance puisse combler vos besoins, et cela fera l’égalité.
Chacun
dans la communauté est appelé à participer à cet effort de solidarité en
fonction de ses moyens : Car s’il y
a de l’ardeur, on est bien reçu avec ce que l’on a, peu importe ce que l’on n’a
pas. Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il
s’agit d’égalité.
Tout
l’Ancien Testament mettait en valeur l’importance spirituelle de l’aumône. Dans
le Nouveau Testament l’aumône devient don, un don généreux dont l’exemple
suprême est Jésus. On pourrait en effet comprendre toute la vie chrétienne à la
lumière du don. Dieu se donne à nous en Jésus, nous nous donnons à lui et à nos
frères dans l’amour de charité et le service. Dans le couple chrétien l’homme
et la femme sont appelés à se donner l’un à l’autre comme le Christ se donne à
l’Eglise et l’Eglise au Christ. C’est la raison pour laquelle chaque fois que
nous donnons avec joie une partie de nos biens matériels pour l’Eglise et pour
nos frères dans le besoin, nous faisons un geste spirituel qui va bien au-delà
de l’aumône. Par cette disposition à la générosité joyeuse, nous nous rendons
plus semblables au Christ et nous devenons toujours davantage image du Dieu
Père et Créateur. Le don généreux nous ouvre ainsi à une communion plus
parfaite avec Celui que nous adorons.
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