Matthieu 21, 28-32
27/09/20
Comme
toujours il est important de remettre dans son contexte le passage d’Evangile
que nous venons d’écouter. Le chapitre 21 marque une nouvelle étape dans la vie
de Jésus. Celui-ci entre en effet à Jérusalem et reçoit l’acclamation des
foules : Béni soit celui qui vient
au nom du Seigneur. Immédiatement après cette entrée messianique sur une
ânesse, Jésus entre dans le Temple et s’attaque à la présence des changeurs de
monnaie et des vendeurs de colombes. D’où un conflit entre lui et les autorités
religieuses qui lui demandent : De
quelle autorité fais-tu tout cela ? Qui t’a chargé de le faire ? C’est
bien aux chefs des prêtres et aux anciens que s’adresse la petite histoire des
deux fils appelés à travailler dans la vigne de leur père. Eux reprochent à Jésus
d’avoir chassé les marchands du temple, lui leur reproche leur endurcissement
de cœur. Ils ont refusé de croire en la parole de Jean le baptiste alors que
les publicains et les prostituées y ont cru.
L’histoire
des deux fils nous présente un enseignement essentiel dans tout le Nouveau
Testament : le plus important, ce ne sont pas nos paroles mais nos actes.
Je pourrais citer de très nombreux textes allant dans ce sens. Je me limiterai
ici à deux d’entre eux particulièrement significatifs. Le premier dans le même
Evangile au chapitre 7 : Ce n’est
pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des
Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux.
Le second
texte se trouve dans la première lettre de saint Jean : Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni
par des discours, mais par des actes et en vérité.
Le
christianisme nous pousse toujours à l’action en conformité avec la volonté de
Dieu et son projet d’amour pour sa création. C’est la raison pour laquelle le thème
de la conversion, du changement de vie, tient une place centrale dans la
prédication de Jésus, des apôtres et de l’Eglise. La vie chrétienne est un
processus tout au long duquel nous permettons à Dieu de changer notre cœur de
pierre en un cœur de chair, capable de choisir et d’accomplir le bien, capable
aussi de supporter le mal avec patience. Ce choix moral, cette décision de
conformer sa vie à l’Evangile, n’a pas seulement une dimension personnelle.
C’est un engagement qui doit aussi avoir des conséquences sociales. Car il
existe ce que Jean-Paul II appelait des structures de péché : c’est-à-dire
une organisation de la société qui favorise le mal et pousse les personnes au
péché. Nous constatons la vérité de cet enseignement quand nous considérons la crise
écologique dans laquelle nous vivons. L’Etat a tendance à culpabiliser les
citoyens pour se dispenser de prendre ainsi ses responsabilités. Les petits
gestes individuels sont importants, mais totalement inefficaces tant que les
structures de production industrielle, l’économie et les échanges commerciaux
mondialisés ne seront pas changés. Il est facile de stigmatiser la
surconsommation, mais à quoi bon si les Etats favorisent la surproduction et la
publicité ? On peut culpabiliser les personnes qui prennent l’avion trop
souvent, mais à quoi bon si l’on encourage par des traités de libre-échange la
circulation mondialisée des marchandises de manière massive ?
L’histoire
des deux fils nous rappelle enfin l’importance de la parole donnée. Si je dis « oui »,
je me suis engagé, et il est donc essentiel de tout faire pour tenir mon
engagement. Jésus nous enseigne dans le même Evangile la valeur de notre
parole : Que votre parole soit
“oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du
Mauvais.
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