Matthieu
20, 1-16
20/09/20
En ce
temps de vendanges, l’Evangile nous propose une parabole du travail dans la
vigne. L’image de la vigne est très fréquente dans la Bible et on la trouve
déjà dans l’Ancien Testament. Cette parabole est encadrée par deux versets semblables :
Beaucoup de premiers seront derniers, beaucoup de derniers seront
premiers.
C’est ainsi que les derniers seront premiers, et les premiers seront
derniers.
Le texte liturgique ne nous fait pas entendre le premier verset. Ce qui
nous empêche de comprendre que la parabole est en fait un commentaire de ce
verset. Dans cet enseignement Jésus n’a pas pour but de nous faire une leçon
d’économie ou de nous parler du bon fonctionnement d’une entreprise. Il s’agit
bien des règles qui s’appliquent au Royaume des cieux. Il s’agit de la logique
de Dieu qui est très différente de la nôtre. La justice de Dieu n’est pas une
simple copie de la justice humaine qui serait portée à sa perfection. Cette
justice divine peut nous choquer car elle opère un renversement total des
valeurs qui ont lieu dans notre monde et en particulier dans le monde du
travail et du salariat. Si l’on considère l’appel de Dieu à travailler dans sa
vigne, l’ancienneté n’a aucune importance. L’essentiel, c’est de répondre oui à l’appel de Dieu. Et l’une des
grandes leçons de cette parabole c’est qu’il n’est jamais trop tard pour
répondre oui. On n’est jamais trop
vieux pour entendre l’appel du Seigneur et changer de vie. L’exemple du bon
larron, et tant d’autres à sa suite, nous montre bien que la conversion peut
avoir lieu au dernier moment, quelques minutes avant de mourir. Et Dieu ne fait
pas de différence entre celui qui l’a servi et aimé depuis sa plus tendre
enfance et celui qui découvre sa présence et son amour au dernier moment. De
son point de vue la prime à l’ancienneté n’existe pas. Cette parabole peut être
comprise à différents niveaux : personnel, nous venons de le voir, mais
aussi historique. Israël, le premier à avoir reçu l’appel de Dieu, n’a pas à en
tirer orgueil par rapport aux païens, les derniers venus qui ont accueilli
l’Evangile du Christ. Ou encore un pays qui a reçu l’Evangile depuis très
longtemps comme l’Italie ou la France n’en est pas pour autant supérieur à un
pays qui l’a reçu plus tardivement comme le Danemark ou la Lituanie. Car dans
tout cela il n’est pas question du mérite des uns et des autres, mais de la
grâce de Dieu qui appelle en tout temps tous les hommes à travailler dans la
vigne du Royaume. Cette logique divine devrait avoir aussi des conséquences
dans la vie de l’Eglise qui est une ébauche du Royaume sur cette terre. Dans
une paroisse les nouveaux convertis, les catéchumènes ou les derniers venus ne
sont pas des chrétiens de seconde zone qui devraient s’effacer totalement en
présence des anciens. Tous doivent trouver leur place dans une communauté
chrétienne. Pour que cela puisse se réaliser, il faut renoncer à la logique
humaine du pouvoir et de la domination et s’engager dans celle du service.
Cette parabole ne nous parle pas seulement de l’appel de Dieu adressé à tous et
à tout moment. Elle nous parle surtout de sa bonté infinie qui ne fait pas de
différence entre les premiers et les derniers et qui donne la même récompense à
tous. Car dans le Royaume des Cieux la récompense est unique contrairement au
salaire de cette terre, proportionnel aux heures de travail. Le denier
représente la vie pour toujours en Dieu et avec Dieu, la communion parfaite et
bienheureuse avec la Sainte Trinité. Dieu ne peut donc pas donner moins qu’un denier ni plus. Car c’est lui-même qui se donne en récompense. Si les
premiers peuvent se retrouver les derniers, c’est dans la mesure où ils n’ont
pas accepté la logique du Royaume des Cieux. Au lieu de se réjouir de ce que
les derniers ont, eux aussi, bénéficié de la bonté du maître de la vigne, ils
ont été orgueilleux et jaloux. Or, comme le dit saint Jean Chrysostome, Dieu veut à tout prix empêcher les premiers
appelés de mépriser les derniers.
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