Le 19
mars 2018, le pape François a donné à l’Eglise une exhortation apostolique sur
l’appel à la sainteté dans le monde actuel, Gaudete
et exsultate. La solennité de la Toussaint est pour nous l’occasion de
recevoir cet enseignement du pape. Je voudrais vous partager certains aspects
de sa réflexion en me référant au chapitre IV qui traite de quelques
caractéristiques de la sainteté dans le monde actuel. Le pape François énumère
5 caractéristiques de la sainteté chrétienne aujourd’hui :
Endurance,
patience et douceur
Joie et
sens de l’humour
Audace et
ferveur
En
communauté
En prière
constante.
Pour
chacune de ces caractéristiques, je citerai un passage de l’exhortation.
Commençons donc par l’endurance, la patience et la douceur :
La
première de ces grandes caractéristiques, c’est d’être centré, solidement axé
sur Dieu qui aime et qui soutient. Grâce à cette force intérieure, il est
possible d’endurer, de supporter les contrariétés, les vicissitudes de la vie,
et aussi les agressions de la part des autres, leurs infidélités et leurs
défauts : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8, 31). Voilà
la source de la paix qui s’exprime dans les attitudes d’un saint. Grâce à cette
force intérieure, le témoignage de sainteté, dans notre monde pressé, changeant
et agressif, est fait de patience et de constance dans le bien. C’est la
fidélité de l’amour, car celui qui s’appuie sur Dieu peut également être fidèle
aux frères ; il ne les abandonne pas dans les moments difficiles, il ne se
laisse pas mener par l’anxiété et reste aux côtés des autres même lorsque cela
ne lui donne pas de satisfactions immédiates.
A la vertu de
patience le pape unit le don de la joie spirituelle :
Ce qui a
été dit jusqu’à présent n’implique pas un esprit inhibé, triste, aigri,
mélancolique ou un profil bas amorphe. Le saint est capable de vivre joyeux et
avec le sens de l’humour. Sans perdre le réalisme, il éclaire les autres avec
un esprit positif et rempli d’espérance. Être chrétien est « joie dans l’Esprit
Saint » (Rm 14, 17), parce
que « l’amour de charité entraîne nécessairement la joie. Toujours celui qui
aime se réjouit d’être uni à l’aimé […]. C’est pourquoi la joie est conséquence
de la charité »… Il y a des moments difficiles, des temps de croix, mais rien
ne peut détruire la joie surnaturelle qui « s’adapte et se transforme, et elle
demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude
personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout ». C’est une assurance
intérieure, une sérénité remplie d’espérance qui donne une satisfaction
spirituelle incompréhensible selon les critères du monde.
La troisième
caractéristique de la sainteté consiste en l’audace et la ferveur du
chrétien :
L’accoutumance
nous séduit et nous dit que chercher à changer quelque chose n’a pas de sens,
que nous ne pouvons rien faire face à cette situation, qu’il en a toujours été
ainsi et que nous avons survécu malgré cela. À cause de l’accoutumance, nous
n’affrontons plus le mal et nous permettons que les choses ‘‘soient ce qu’elles
sont’’, ou ce que certains ont décidé qu’elles soient. Mais laissons le
Seigneur venir nous réveiller, nous secouer dans notre sommeil, nous libérer de
l’inertie. Affrontons l’accoutumance, ouvrons bien les yeux et les oreilles, et
surtout le cœur, pour nous laisser émouvoir par ce qui se passe autour de nous
et par le cri de la Parole vivante et efficace du Ressuscité… Les saints
surprennent, dérangent, parce que leurs vies nous invitent à sortir de la
médiocrité tranquille et anesthésiante.
Comme quatrième
caractéristique le pape propose l’appartenance à la communauté, l’importance de
se sentir membre de l’Eglise. Ou pour le dire autrement nous avons besoin non
seulement de Dieu mais aussi des autres pour progresser sur ce chemin de notre
vocation à la sainteté.
Il est très difficile de lutter contre notre propre concupiscence
ainsi que contre les embûches et les tentations du démon et du monde égoïste,
si nous sommes trop isolés. Le bombardement qui nous séduit est tel que, si
nous sommes trop seuls, nous perdons facilement le sens de la réalité, la
clairvoyance intérieure, et nous succombons. La sanctification est un
cheminement communautaire, à faire deux à deux.
Enfin la vie de prière, la vie spirituelle est une dimension
fondamentale de vie des saints, donc de toute vie chrétienne.
Finalement, même si cela semble évident,
souvenons-nous que la sainteté est faite d’une ouverture habituelle à la
transcendance, qui s’exprime dans la prière et dans l’adoration. Le saint est
une personne dotée d’un esprit de prière, qui a besoin de communiquer avec
Dieu. C’est quelqu’un qui ne supporte pas d’être asphyxié dans l’immanence
close de ce monde, et au milieu de ses efforts et de ses engagements, il
soupire vers Dieu, il sort de lui-même dans la louange et élargit ses limites
dans la contemplation du Seigneur. Je ne crois pas dans la sainteté sans
prière, bien qu’il ne s’agisse pas nécessairement de longs moments ou de
sentiments intenses.
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