Jean 17,
20-26
2/06/19
Entre
l’Ascension et la Pentecôte, le septième dimanche du temps pascal nous fait
entendre chaque année un passage de la prière de Jésus au chapitre 17 de saint
Jean. Jésus prie en compagnie de ses disciples, la veille de sa Passion et de
sa mort. Et l’objet principal de sa prière de demande au Père est l’unité des
disciples, l’unité des chrétiens :
Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en
moi, et moi en toi… Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un…
Le
Seigneur demande pour nous et pour son Eglise une unité parfaite, reflétant
l’unité même qui existe dans la Sainte Trinité entre le Père et le Fils. Il
s’agit donc ici d’une unité divine et surnaturelle qui a son fondement dans
l’être même de Dieu. Dans le mystère trinitaire, c’est le Saint Esprit qui est
le lien d’amour entre le Père et le Fils. L’unité que Jésus demande pour nous
ne pourra se réaliser qu’à partir de l’événement de la Pentecôte. Puisqu’il
s’agit d’une unité spirituelle, celle des cœurs et des esprits, nous ne pouvons
en faire l’expérience que si nous ouvrons notre cœur au don de l’Esprit et à
ses saintes inspirations. Regardons maintenant comment saint Luc dépeint la
première communauté chrétienne après la Pentecôte :
Ils étaient assidus à l’enseignement des
Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières.
Nous
trouvons dans cette description de la première communauté chrétienne de
Jérusalem les piliers de l’unité parfaite : une même foi dans la fidélité à
l’enseignement des apôtres, la conscience d’appartenir à un même corps, celui
du Christ, et enfin l’enracinement de chacun et de tous dans la prière et dans
les sacrements, en particulier celui de l’eucharistie. Un peu plus loin dans
les Actes des apôtres, saint Luc affine cette description de la manière
suivante :
La multitude de ceux qui étaient devenus
croyants avait un seul cœur et une seule âme.
Avant
chaque communion, le prêtre prie au nom de tous en demandant ce don de l’unité
parfaite :
Seigneur Jésus Christ, tu as dit à tes
Apôtres : « je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » ; ne regarde pas
nos péchés mais la foi de ton Eglise ; pour que ta volonté s’accomplisse, donne-lui
toujours cette paix, et conduis-la vers l’unité parfaite, toi qui règnes pour
les siècles des siècles.
Ceux
parmi nous qui ont eu la grâce de faire une retraite dans un monastère ou dans
un centre d’exercices spirituels ont pu ressentir, presque physiquement, la
paix qui règne dans ces lieux, une paix liée à l’unité des cœurs dans la
prière. Les incessantes divisions entre chrétiens depuis les commencements du
christianisme sont le fruit de nos péchés. Dans le passé comme aujourd’hui, la
tentation est grande d’être chrétien de manière extérieure et superficielle,
sans entrer dans l’expérience de la communion avec Dieu par la prière
personnelle et l’engagement à la conversion. Si dans nos différentes Eglises et
à l’intérieur de nos communautés, nous étions vraiment libérés des péchés liés
à l’orgueil, aux ambitions et aux stratégies de pouvoir et de domination, nous
aurions un seul cœur et une seule âme, car nous serions des chrétiens
spirituels et pas seulement des chrétiens par habitude ou par routine. C’est
d’abord notre cœur, notre propre intériorité qu’il s’agit d’unifier comme le
montre bien ce verset du psaume 86 : Unifie mon cœur pour qu’il craigne ton nom. La prière quotidienne,
la méditation des Ecritures, sont comme un baptême dans lequel nous nous plongeons
pour y retrouver notre unité intérieure dans la communion avec Dieu. Tel est le
moyen le plus puissant que Jésus nous donne pour exaucer avec nos frères et nos
sœurs l’objet de sa prière : notre unité parfaite qui ne peut être qu’une
unité par le haut, venant du Père et nous ramenant à lui.
Je
conclurai cette méditation sur l’unité en citant saint Paul, dans sa lettre aux
Ephésiens. Pour l’apôtre, l’unité parfaite est devant nous, elle ne se
réalisera qu’au terme d’un processus par lequel les chrétiens s’identifieront
toujours davantage à leur Maître et Seigneur, le Christ :
Les fidèles sont organisés pour […] que se
construise le corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à
l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de
l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude. Alors, nous ne
serons plus comme des petits enfants, nous laissant secouer et mener à la
dérive par tous les courants d’idées, au gré des hommes qui emploient la ruse
pour nous entraîner dans l’erreur. Au contraire, en vivant dans la vérité de
l’amour, nous grandirons pour nous élever en tout jusqu’à celui qui est la
Tête, le Christ.
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