dimanche 5 mai 2019

Troisième dimanche de Pâques / Année C



Jean 21, 1-19

5/05/19

Quand nous écoutons ou méditons la dernière page de l’Evangile selon saint Jean, nous ne pouvons pas nous empêcher d’y reconnaître une répétition après Pâques d’événements se situant avant la mort de Jésus : nous retrouvons d’une part la pêche miraculeuse et d’autre part l’appel des disciples avec cette formule si caractéristique dans la bouche de Jésus : Suis-moi. Sans parler du lieu, le lac de Tibériade en Galilée. C’est un peu comme si Jésus voulait ramener ses disciples aux événements fondateurs et aux lieux de leur premier appel, en les replongeant ainsi dans l’histoire de leur relation avec lui. De fait il semblerait bien que le choc de la mort de Jésus en croix et la nouvelle bouleversante de sa résurrection les ait en quelque sorte figés et rendus incapables d’avancer. Malgré le témoignage des femmes, malgré les apparitions du soir de Pâques, ils semblent incapables de faire autre chose que de retourner à leur métier de pécheurs. C’est ainsi que commence notre page d’Evangile, avec Simon s’adressant à ses compagnons : je m’en vais à la pêche. Le Seigneur ressuscité décide donc de les rejoindre en Galilée dans la banalité de leur vie qui semble reprendre son cours là où Jésus les avait rencontrés au tout début, comme si rien ne s’était passé depuis. Jean, comme d’habitude, est plus rapide et clairvoyant que Pierre et c’est lui qui, le premier, reconnaît dans cet homme au bord du lac le Seigneur. La manière avec laquelle nous est décrit cet humble repas de pain et de poisson grillé peut constituer une allusion discrète à l’eucharistie : Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.

Cet épisode évangélique est riche d’enseignements pour notre propre vie de disciples. Tout abord il est important pour nous de faire mémoire des origines de notre foi, que nous soyons chrétiens par héritage familial ou bien que nous le soyons devenus par une conversion à l’âge adulte. Il est bon de nous replonger dans les racines de notre foi et cela au niveau de notre histoire personnelle. Cela nous invite dans un premier temps à l’action de grâce, que nous ayons rencontré la présence du Christ dès notre plus tendre enfance ou plus tard en tant qu’adultes. Nous avons reçu d’une manière ou d’une autre ce grand don de la foi en Jésus mort et ressuscité pour nous. Et avec l’apôtre Paul nous pouvons affirmer : Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. Pour faire mémoire des origines de notre foi et de notre vocation, nous pouvons, par exemple, chaque année marquer l’anniversaire de notre date de baptême. Mais plus profondément, pourquoi ne pas recourir à la pratique de la confession générale ? Confession qui ne consiste pas d’abord à revoir tout le déroulement de sa vie sous le seul aspect des péchés commis, mais plus largement à relire sa vie sous le regard du Seigneur en présence d’un prêtre afin de pouvoir en faire un bilan. Qu’ai-je fait du don du baptême et de la foi ? Chacun de nous, nous avons notre lac de Tibériade, lieu de la première expérience spirituelle avec le Christ, lieu de notre appel. Cette plongée de la mémoire du cœur dans notre histoire chrétienne personnelle nous amènera tout naturellement à entendre à notre tour la triple question du Ressuscité à Pierre : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? C’est en effet la question fondamentale. L’Evangile de ce dimanche nous invite à faire résonner cette question dans notre cœur. Car seul l’amour de charité venant du Christ et retournant à lui est capable de nous délivrer d’une foi tiède et endormie, d’une vie chrétienne marquée du sceau de la routine. Il s’agit donc de rendre grâce pour notre histoire commune avec le Ressuscité tout en renouvelant notre adhésion de foi à Jésus par un amour toujours plus fort et plus mûr.

Car, dans le Christ Jésus, ce qui a de la valeur, ce n’est pas que l’on soit circoncis ou non, mais c’est la foi, qui agit par la charité.

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