Jean 14,
23-29
26/05/19
En ce
dimanche de Pâques qui précède la fête de l’Ascension, Jésus veut nous faire le
don de sa paix :
Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix
; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne
soit pas bouleversé ni effrayé.
Avant
chaque communion eucharistique, l’Eglise fait répéter au prêtre une partie de
ces paroles dans l’une des rares prières de la messe s’adressant directement au
Christ. Le contexte dans lequel elles ont été prononcées, en présence des
apôtres, le soir du jeudi saint, en fait des paroles de consolation
spirituelle. Et comment ne pas penser à un autre soir, celui de Pâques, marqué
par la manifestation du Ressuscité à ses apôtres ? A trois reprises le
Seigneur s’adresse à eux en leur disant : paix à vous ! Dans le Nouveau Testament, le mot
« paix » est utilisé 96 fois, c’est dire toute son importance pour
notre foi chrétienne. Saint Paul parle à plusieurs reprises du Dieu de la paix dans ses lettres. La
première affirmation importante de la révélation chrétienne consiste donc à
voir en Dieu le Père la source de cette paix que Jésus nous laisse et nous
donne. Dans sa lettre aux Ephésiens Paul n’hésite pas à dire que le Christ est
notre paix tandis que dans sa lettre aux Galates il affirme que la paix est le
fruit de l’Esprit Saint. Nous le voyons, c’est la Sainte Trinité qui est en
permanence identifiée à ce grand don de la paix. La paix est d’abord un
attribut du Dieu trois fois saint, une qualité de Dieu lui-même pourrait-on
dire.
En
revenant aux paroles de l’Evangile de ce dimanche, nous comprenons que cette
paix est à la fois un trésor divin, un héritage spirituel qui nous est confié
(je vous laisse la paix) et une grâce correspondant à une mission (je vous
donne ma paix). Jésus précise que ce n’est pas à la manière du monde qu’il nous
donne cette grâce de la paix. La paix de ce monde est en effet souvent fragile
et superficielle, elle est le fruit d’un compromis humain, d’un consensus
temporaire, et, malheureusement, elle est souvent liée à un rapport de force,
donc à la possibilité de la guerre. Pensons à la monstrueuse folie que nous
avons créée en développant des armes nucléaires avec la doctrine d’une
dissuasion qui serait au service de la paix… C’est pour cette raison que Jésus,
dans l’Evangile de Luc, semble se contredire en affirmant : Pensez-vous que je sois venu mettre la paix
sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car si la
paix selon le monde peut très bien aller de pair avec le mensonge et
l’hypocrisie, la paix du Christ est inséparable de la vérité. C’est pour cela
qu’elle divise les hommes entre eux. Non pas que ce soit la volonté du Christ,
mais comme une conséquence de la proclamation de son Evangile nous appelant à
la conversion. La paix que Jésus nous donne est donc d’abord spirituelle et
notre Evangile nous permet d’en saisir les traits : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous
viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. La paix
spirituelle n’est rien d’autre en effet que notre communion avec la Sainte
Trinité, communion rendue possible par l’inhabitation divine dans le chrétien
qui accomplit la volonté de Dieu. Pour Paul le Royaume de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint.
Cette paix spirituelle est aussi une mission, un engagement. Elle ne peut que
devenir concrète dans la transformation de notre monde pécheur en un monde
selon le cœur de Dieu. C’est dire que le don de la paix du Christ est inséparablement
une force spirituelle et une force sociale, un don qui unit le Ciel à la terre
pour faire de notre terre, non pas un paradis terrestre, mais la matière du Royaume des Cieux et l’ébauche
du siècle à venir, pour reprendre les paroles du Concile Vatican II. Le
même Concile à la suite du Christ nous enseigne que la loi fondamentale de la perfection humaine, et donc de la
transformation du monde, est le commandement nouveau de l’amour. Oui,
heureux sommes-nous si nous sommes artisans de paix, si nous manifestons au
cœur de notre monde cette paix spirituelle que nous recevons d’abord dans notre
cœur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire