9/09/18
Marc 7,
31-37
L’Evangile
de ce dimanche nous rapporte la guérison d’un sourd-muet. Comme souvent saint
Marc nous donne beaucoup de détails. Dès les commencements du christianisme,
cette guérison a été interprétée de manière spirituelle, si bien que nous en
avons toujours une trace dans le rite de l’Effata
lors du sacrement de baptême. Le geste autrefois accompli par Jésus a donc été
compris comme l’annonce de ce que le baptême réalise pour celui qui croit en
Jésus Sauveur : il devient capable d’écouter la Parole de Dieu et de la
transmettre. Nous retrouvons une partie de ce symbolisme lorsque nous traçons
une croix sur nos lèvres avant d’écouter l’Evangile. Mais revenons au sens premier
de notre Evangile et regardons comment les détails donnés par l’évangéliste
peuvent enrichir notre compréhension de cet événement. Tout d’abord l’action se
situe en Décapole, donc en dehors des frontières d’Israël. Ce sourd-muet est
certainement un païen. Par son geste de guérison, Jésus signifie que le don de
la foi sera offert à tous les hommes. Le Seigneur réalise son geste à l’écart, loin de la foule, et il
recommande de n’en rien dire à personne.
Ce geste de bonté à l’égard d’un homme coupé de la société à cause de son
handicap est fait gratuitement, sans arrière-pensée. Jésus ne recherche ni le
succès ni la publicité en guérissant les malades. Il veut simplement leur
témoigner son amour et surtout il veut donner un signe de la guérison pour
laquelle il est venu, la guérison spirituelle qui permet à l’homme blessé par
le péché de recevoir un cœur et un esprit nouveau. Le sourd-muet ne vient pas
de lui-même vers le Seigneur, il lui est présenté par des personnes dont nous
ignorons l’identité et qui le prient de poser
la main sur lui. Ceux qui amènent le sourd-muet à Jésus attendent donc de
lui un geste précis, celui de l’imposition des mains, par lequel on demandait à
Dieu la guérison. Ce geste est toujours celui du sacrement des malades. Mais
Jésus ne va pas utiliser ce geste traditionnel. Il met ses doigts dans les
oreilles du sourd et applique sa salive sur sa langue. Et surtout il prie en
disant : Ouvre-toi ! Les
deux gestes très concrets du Seigneur, que nous serions tentés de regarder de
travers au nom de l’hygiène, nous enseignent une profonde vérité sur ce que
sont les sacrements de l’Eglise. Le mystère de l’Incarnation, la Parole de Dieu
faite chair en la personne de Jésus de Nazareth, n’élimine jamais le corps, et
ne sépare jamais le corps de l’esprit. Dans quasiment tous les sacrements nous
retrouvons cet aspect concret de l’action de Dieu en notre faveur. Et si les
sacrements ont d’abord pour but la guérison spirituelle et notre
sanctification, ils s’adressent toujours à notre être charnel. Cela se vérifie
au plus haut point dans la communion eucharistique qui est une manducation mais
aussi dans les différentes onctions d’huile. Finalement ce miracle de guérison nous
enseigne la fonction de la liturgie et des sacrements, signes sensibles de la
grâce divine. Nous ne sommes pas seulement des êtres doués de raison et
d’intelligence, nous sommes aussi des êtres inséparables de la dimension
corporelle. D’où l’importance pour nous de la beauté de la liturgie que nous
célébrons. Car Dieu ne nous parle pas seulement par des lectures et des
sermons, mais il s’adresse à tous nos sens par la beauté de l’espace
liturgique, de la musique, des chants, des fleurs, par l’odeur de l’encens, la
lumière des cierges etc. C’est aussi et peut-être d’abord par nos sens que nous
vivons la liturgie comme le lieu où la Sainte Trinité nous guérit et nous
transforme en nous faisant communier au mystère de mort et de résurrection du
Sauveur. Nous comprenons ainsi davantage le souhait de saint Paul pour les
chrétiens de Thessalonique :
Que le
Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre
âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de
notre Seigneur Jésus Christ.
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