Matthieu
5, 17-37
12/02/17
Après avoir proclamé les
béatitudes Jésus enseigne à ses disciples la justice du Royaume des cieux. Dans
le Nouveau Testament justice et sainteté sont des réalités quasiment
équivalentes. Cet enseignement nous présente la sainteté chrétienne comme
supérieure à celle des scribes et des pharisiens. Le Seigneur vient donc pour
accomplir la Loi et les prophètes en mettant en pleine lumière toutes les
exigences cachées qui s’y trouvaient. Il n’en reste pas à la lettre des
commandements mais il manifeste à partir de la lettre l’esprit qui les anime.
La structure de son enseignement est en elle-même révélatrice de cet
accomplissement, de ce surpassement de la loi ancienne dans la loi
évangélique :
Vous
avez appris qu’il a été dit aux anciens…
Eh
bien moi, je vous dis…
Le Seigneur ne dit pas le
contraire de ce que Moïse a enseigné au peuple. Il montre toutes les exigences
contenues dans la loi. Si bien que la sainteté chrétienne ne consiste pas
seulement en une observance formelle de la lettre du commandement mais dans une
adhésion intérieure à l’esprit qui l’anime.
Regardons cet accomplissement à
l’œuvre à propos du commandement interdisant de tuer.
Vous
avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et
si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! Moi, je
vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en
jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal.
Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu.
Le chrétien comme le juif est
tenu de respecter la lettre du commandement : le meurtre est un péché
grave et mortel. Ce que l’on s’empresse d’oublier en cas de guerre… L’esprit de
ce commandement va plus loin encore et nous fait comprendre que nous pouvons
tuer notre prochain sans lui ôter la vie. Au début de la messe nous
reconnaissons que nous avons péché en pensée et en parole. Jésus nous rappelle
d’abord que la colère est un péché capital. Nous le savons : la colère
peut conduire un homme à commettre l’irréparable ou bien à frapper ou blesser
son prochain. De la même manière la colère entretient en nous des pensées
homicides et produit des paroles d’insulte. Il est inévitable que telle ou telle
personne nous déplaise, nous semble désagréable, manquant de politesse et
d’éducation etc. Ce n’est pourtant pas une raison pour déverser sur celui qui
me semble antipathique ou mal élevé des flots d’injures. Le commentaire que
Jésus fait du commandement sur l’homicide nous ramène donc à ce qu’il affirmera
plus loin sur l’amour des ennemis. Car pour me garder de penser du mal de mon
prochain, pour ne pas l’insulter, même s’il le mériterait en raison de ses
mauvaises actions, je dois avoir en moi la force de l’amour, donc celle du
pardon, de la miséricorde et de la patience. Si la colère est un péché capital,
la patience est une vertu capitale dans ce domaine. Les textes du Nouveau Testament
qui abordent cette question des péchés que nous commettons par la parole sont
trop nombreux pour pouvoir être tous mentionnés ici. Saint Jacques insiste
particulièrement sur la gravité des péchés que nous commettons avec notre
langue, une langue qui peut en effet tuer notre prochain : avec elle nous bénissons notre Seigneur et
Père ; avec elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. Et
Paul nous invite à bénir ceux qui nous persécutent, à ne pas les maudire mais à
prier pour eux. Le même enseignement est présent dans la première lettre de
saint Pierre :
Ne
rendez pas le mal pour le mal, ni l’insulte pour l’insulte ; au contraire,
invoquez sur les autres la bénédiction, car c’est à cela que vous avez été
appelés, afin de recevoir en héritage cette bénédiction.
Bénir notre prochain qui nous
irrite et nous dérange quand notre colère intérieure nous pousse à l’insulter,
telle est la force de la justice évangélique. Celui qui a en lui la douceur des
Béatitudes parvient même à éteindre en lui le feu de la colère intérieure. Je
laisserai le dernier mot à l’apôtre Paul qui nous montre bien ce lien entre
colère et péchés en paroles :
Aucune
parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche ; mais, s’il en est besoin, que
ce soit une parole bonne et constructive, profitable à ceux qui vous écoutent…
Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être
éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous
pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme
Dieu vous a pardonné dans le Christ.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire