Dès le moment de la naissance de
Jésus, les paroles prophétiques que Syméon adresse à Marie dans le Temple se
réalisent :
Voici
que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il
sera un signe de contradiction.
L’enfant de Bethléem provoque en
effet la chute du roi Hérode et le relèvement des mages venus d’Orient.
L’évangéliste saint Matthieu prend bien soin de noter la réaction intérieure
d’Hérode et des mages, réaction diamétralement opposée.
Nous savons par l’histoire que Hérode
était un tyran sanguinaire qui n’hésitait pas à faire tuer jusqu’aux membres de
sa propre famille lorsqu’il se sentait menacé dans son pouvoir. L’histoire du
massacre des saints innocents est probablement un écho de la réputation
sanguinaire du roi. Pour Hérode, il n’y a pas d’autre dieu que la jouissance du
pouvoir. Il ne vit que pour régner et pour dominer sur les autres. C’est ainsi
qu’il est heureux et satisfait dans la vie. Aussi lorsque les mages lui parlent
de la naissance du roi des Juifs, il est bouleversé car il se sent menacé dans
son pouvoir. Une traduction probablement plus juste dit qu’il se trouble. Son
attachement au pouvoir est si grand, sa peur de le perdre tellement obsédante,
qu’un bébé est capable de le troubler. Le nouveau-né Jésus fait trembler le
grand roi Hérode. Le cas de ce roi nous rappelle que pour accueillir Jésus dans
nos vies pour notre relèvement, nous devons avoir en notre cœur de bonnes
dispositions. Tant que notre cœur sera esclave des attachements désordonnés,
Dieu prendra pour nous le visage d’une menace. Saint Jean a parfaitement décrit
quels sont ces attachements désordonnés qui nous détournent de Dieu :
Tout
ce qu’il y a dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux,
l’arrogance de la richesse –, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde.
Les mages, quant à eux, ont une
réaction diamétralement opposée, à la place du trouble qui inquiète et ôte la
paix du cœur, ils se réjouissent d’une
très grande joie. Relevons l’insistance de l’évangéliste pour décrire la
joie parfaite de ces hommes : se réjouir d’une très grande joie !
Cela rejoint l’annonce des anges faite aux bergers : je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout
le peuple. Pour eux, l’enfant de Bethléem est signe de relèvement et de
salut, parce que les dispositions de leur cœur sont bonnes. Si Hérode se crispe
pour conserver à tout prix son pouvoir, eux ils ouvrent toutes grandes leurs
mains pour offrir leurs présents à l’enfant. Si le cœur du roi est malade à
cause de l’ambition et de l’orgueil, leur cœur est pacifié par l’humilité, la
reconnaissance du Règne de Dieu. Ce n’est pas par hasard que saint Paul met la
joie parmi les fruits de l’Esprit Saint. L’indifférence religieuse et l’athéisme
diffus qui marque les consciences des européens n’apportent pas la joie de
vivre. C’est le contraire que nous constatons chaque jour. Malgré le bien-être
et la consommation, nos sociétés sont tristes et moroses, elles deviennent même
agressives en raison de la dégradation des relations humaines. Il manque
l’essentiel : la joie du cœur. Cette joie ne peut venir ni du pouvoir, ni
de la richesse, ni de la recherche effrénée des jouissances sensuelles. D’où la
déception et le sentiment de frustration qui s’empare de beaucoup et trouble
ainsi les cœurs.
La très grande joie des mages
nous rappelle que le plus beau témoignage que nous puissions donner de notre
foi au monde est celui de la joie et de la paix intérieure. C’est l’occasion de
méditer les paroles significatives de Jésus sur ce don spirituel de la
joie :
Si
vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai
gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai
dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.
La joie chrétienne n’ignore pas
la souffrance, les douleurs et les échecs, mais elle les intègre à un plus haut
niveau, celui du cœur de Jésus auquel nous sommes unis par la foi, la charité
et par une vie de prière quotidienne. Sans le cœur à cœur de la prière
personnelle renouvelée chaque jour, sans la communion au corps du Christ chaque
dimanche, nous ne pouvons pas puiser à la vraie source de la joie :
Vous
allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez
dans la peine, mais votre peine se changera en joie. La femme qui enfante est
dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né,
elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit
venu au monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous
reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous
l’enlèvera… Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et
vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite.
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