Avec la solennité de Pâques
commence une semaine unique dans la liturgie de l’Eglise, semaine au cours de
laquelle c’est Pâques chaque jour, semaine de l’octave de Pâques qui se
terminera dimanche prochain avec la célébration de la divine miséricorde. Au
cours de l’octave pascal, l’Eglise propose chaque jour à notre méditation un
Evangile de Pâques. Nous sommes ainsi invités à revivre l’expérience qui fut
celle des saintes femmes, des apôtres et des disciples d’Emmaüs. En ce dimanche
de Pâques, l’Eglise n’a pas choisi un Evangile nous rapportant une
manifestation de Jésus vivant à ses disciples. Le dimanche de Pâques est en
effet tout entier consacré à la découverte du tombeau vide et des linges
funéraires. C’est la première étape, c’est l’expérience fondamentale qui
conduira les femmes comme les apôtres à la foi en Jésus ressuscité. Dans la
version de saint Jean que nous venons d’écouter, il ne nous est pas dit
pourquoi Marie Madeleine se rend au tombeau de Jésus de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Regardons dans un
premier temps ce que les autres Evangiles nous disent de cette visite matinale
au tombeau. Chez Matthieu Marie Madeleine n’est pas seule, elle est accompagnée
d’une autre femme nommée elle aussi Marie. On nous dit simplement qu’elle était
allée visiter la tombe. Marc quant à
lui ajoute une troisième femme, Salomé, et nous indique clairement le but de
cette marche : embaumer le corps
de Jésus. Luc confirme cette version des faits en nous parlant des femmes qui,
aux premières lueurs de l’aube, vont à la
tombe emportant les aromates qu’elles ont préparés. En se rendant au
tombeau le dimanche matin, les saintes femmes font donc un pèlerinage pour
honorer celui qu’elles aiment et achever sa toilette funéraire, inachevée à
cause du sabbat. C’est un pèlerinage conduisant à la tombe d’un mort, à la
tombe de Jésus crucifié. Et là première surprise : la pierre a été enlevée du tombeau. Quelque chose d’imprévu s’est
produit pendant la nuit. Même si cela ne nous est pas dit, Marie Madeleine,
logiquement, a dû constater que le tombeau était vide, deuxième surprise, d’où
son annonce aux apôtres : On a
enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis.
Remarquez comment cette première annonce de Marie Madeleine aux apôtres ne
contient pas la foi en la résurrection. Nous n’en sommes pas encore à cette
étape. Elle se contente de rapporter ce qu’elle a vu et donne son
interprétation : le corps de Jésus a été enlevé ou volé. C’est d’ailleurs
cette interprétation que les chefs des prêtres donneront pour empêcher les
Juifs de croire en la résurrection de Jésus. S’adressant aux gardes ils
diront : Vous direz que ses
disciples sont venus de nuit pendant que vous dormiez, et qu’ils ont fait
disparaître son corps. Avant même que Jésus ne se montre vivant, Jean croit
en la résurrection grâce à un autre signe, celui des linges funéraires laissés
sur place selon une certaine disposition. Les premiers signes de la
résurrection ne sont donc convaincants que pour Jean. Pierre comme
Marie-Madeleine n’en sont pas encore à croire que Jésus est vivant. La foi en
la résurrection de Jésus est centrale dans notre vie chrétienne. Tous les
sacrements, en particulier les baptêmes de Kelel et d’Esther ainsi que
l’eucharistie, seraient vidés de leur sens si le Christ n’était pas ressuscité.
Ils ne seraient alors que des rites inutiles, inefficaces, incapables de nous
communiquer la vie et l’amour du Christ vainqueur du mal et de la mort. En
ressuscitant son Fils bien-aimé d’entre les morts, Dieu contredit les
puissances politiques et religieuses de ce monde. Comme le dit le psaume, la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est
devenue la pierre d’angle ; c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille
devant nos yeux. La liturgie catholique, comme la liturgie juive, a une
dimension cosmique. Elle unit à la célébration des mystères du salut la
célébration de la création. Ainsi Pâques est une fête de Printemps. A la
magnifique résurrection de la nature qui réjouit nos cœurs et nos yeux
correspond la résurrection encore plus magnifique du Crucifié par amour pour
nous. Si pour s’émerveiller en présence de la création sortie de l’hiver, il
suffit d’avoir de bons yeux, pour s’émerveiller de la résurrection du Seigneur
nous avons besoin des yeux de la foi, ceux de l’apôtre Jean qui, au-delà des
signes, a vu la réalité. Que le Seigneur Jésus augmente notre foi en sa sainte
résurrection pour nous permettre d’accueillir réellement les dons de
Pâques : sa paix et sa joie !
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