lundi 21 mars 2016

DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION / Année C


20/03/16

En cette année sainte de la miséricorde nous pouvons méditer plus particulièrement deux paroles de Jésus en croix dans le récit de la Passion tel que saint Luc nous le rapporte.

Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font.

Dans la Passion selon saint Luc, la première parole de Jésus crucifié est une parole de miséricorde. Lui, l’innocent condamné au supplice de la croix, lui qui souffre dans son âme et dans son corps, demande le pardon pour ses bourreaux et pour ceux qui, l’ayant rejeté, ont réclamé sa mort à Pilate. Cette grandeur d’âme est un signe de la divinité de Jésus. Au sein même du rejet et de la souffrance, il ne réclame pas à Dieu la vengeance comme autrefois le prophète Jérémie, mais il prie pour obtenir le pardon de ses bourreaux. Cette prière de miséricorde nous donne le pourquoi profond du mystère de la croix. Si Jésus accepte cette mort, c’est bien pour que nous recevions le pardon de nos péchés. Le premier martyr de l’Eglise chrétienne, le diacre Etienne, imitera cette attitude divine de son Maître en priant lui aussi en vue du pardon de ses bourreaux : Seigneur, ne leur compte pas ce péché. Mais l’amour miséricordieux de Jésus va encore plus loin. Il ne demande pas seulement au Père le pardon pour ses bourreaux, il les excuse : ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils me crucifient parce qu’ils ignorent la vérité, ils pensent que je suis un imposteur. Ils me considèrent comme un blasphémateur, un simple homme qui s’est fait l’égal de Dieu. L’apôtre Paul a parfaitement compris cette prière de Jésus en croix. Lui-même, en effet, a d’abord persécuté les chrétiens par ignorance. Il le dit clairement dans sa première lettre à Timothée : J’ai obtenu miséricorde, parce que j’avais agi par ignorance, n’ayant pas la foi.
Et dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul n’hésite pas à affirmer à propos des Juifs qui ont voulu la mort de Jésus : S’ils avaient connu la sagesse de Dieu, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire. Quant à Pierre, lorsqu’il s’adresse au peuple peu de temps après la Pentecôte, il souligne lui aussi le pourquoi de cette condamnation à mort : Maintenant, frères, je sais que c’est par ignorance que vous avez agi, tout comme vos chefs. La bonté infinie du Seigneur en croix non seulement ne nous condamne pas, mais elle tient compte de nos limites et de nos faiblesses pour nous excuser auprès du Père.

Amen, je te le déclare, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.


C’est la deuxième parole de miséricorde de Jésus en croix en faveur d’un malfaiteur. Ce criminel nommé le bon larron est un homme droit qui reconnaît l’innocence de Jésus en même temps que sa propre culpabilité : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons, mais lui, il n’a rien fait de mal. D’un même mouvement il confesse son péché et la sainteté de Jésus. C’est l’attitude de tout chrétien qui s’approche de Jésus dans le sacrement du pardon. A cette attitude d’humilité, le malfaiteur ajoute une prière : Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. Et voilà que le Seigneur exauce immédiatement cette prière : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. Si dans la première parole Jésus demande au Père le pardon pour ses bourreaux, ici, il accorde lui-même son pardon au malfaiteur qui le supplie. Ces deux paroles nous révèlent la communion du Père et du Fils lorsqu’il s’agit d’œuvrer en vue de notre réconciliation et de notre conversion. Ces deux paroles nous rappellent notre faiblesse, mais aussi notre capacité à revenir vers Dieu par la foi et l’humilité. Au seuil de cette semaine sainte, demandons à l’Esprit du Père et du Fils une foi plus vive et une véritable humilité en présence du mystère de Pâques.

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