3/04/16
Jean 20,
19-31
Si l’Eglise a choisi cette page
d’Evangile pour le dimanche dans l’octave de Pâques, c’est parce que saint Jean
nous rapporte deux manifestations du Ressuscité à ses disciples : la
première le soir de Pâques, et la seconde, huit
jours plus tard, c’est-à-dire aujourd’hui, plus particulièrement destinée à
Thomas. Dans ces deux manifestations de Jésus vivant à ses disciples, un
refrain revient : La paix soit avec
vous ! Jésus les salue à trois reprises de cette manière. Et c’est
cette salutation qui est réservée à l’évêque au début de la célébration
eucharistique alors que le prêtre dit le plus souvent : Le Seigneur soit avec vous ! Même
si la salutation du Ressuscité est réservée à l’évêque dans la liturgie pour
bien montrer son importance, la troisième formule de salutation que le prêtre
peut utiliser mentionne, elle aussi, le don de la paix : Que Dieu notre Père et Jésus Christ notre
Seigneur vous donnent la grâce et la paix. Il ne fait aucun doute que la
paix est avec la joie le don le plus précieux du Ressuscité à son Eglise. La
paix du Christ est le fruit de sa Pâques et, comme saint Paul le souligne, elle
est aussi le fruit de l’Esprit Saint. Elle est donc une caractéristique
essentielle de la vie de chaque chrétien et de la vie de l’Eglise en tant que
communauté des disciples du Christ. La paix spirituelle, avec la joie et
l’amour de charité, fait partie du témoignage que chaque chrétien doit rendre
au Christ Ressuscité parmi les hommes de son temps. Il est significatif que la
préparation immédiate à la communion insiste sur ce don de la paix. Dans la
prière qui développe le Notre Père,
le célébrant demande à Dieu de donner la
paix à notre temps. Ensuite il rappelle les paroles de Jésus : Je vous laisse la paix, je vous donne ma
paix. Enfin les fidèles sont invités à se donner le signe de la paix avant
de recevoir Jésus vivant en communion.
Spontanément lorsque nous pensons
à la paix, nous pensons à l’absence de guerres entre les nations. Mais la paix
que le Christ nous donne, celle qu’il désire pour nous, est universelle. Elle
ne concerne pas seulement les rapports entre les peuples, mais toutes les
relations interpersonnelles à commencer par la société, la famille, le travail
et la communauté chrétienne locale. La qualité humaine des relations que nous
avons entre nous est un test pour savoir si, oui ou non, nous vivons de cette
paix du Christ. Si l’histoire de l’humanité a été sans cesse marquée par
d’horribles et d’atroces guerres entre les hommes, force est de constater qu’il
nous est difficile de vivre en paix entre nous. Tout simplement parce que nous
portons l’héritage du péché originel et que nous sommes pécheurs. Mais le
baptême, tous les sacrements et la grâce du Christ ne nous permettent pas de
nous résigner à la fatalité en nous disant qu’il faut « faire avec ».
En donnant sa paix aux disciples, Jésus leur donne aussi son Esprit avec le
pouvoir de pardonner les péchés. Le chrétien est un homme nouveau, une créature
nouvelle, et à ce titre sa personne (ses pensées, ses paroles et ses actions)
doit être exemplaire. Le comportement du chrétien dans le monde annonce en
effet le Royaume de Dieu. L’une des Béatitudes proclame : Heureux ceux qui sèment la paix, ils seront
appelés enfants de Dieu. Sans Jésus nous ne pouvons rien faire, d’où la
nécessité d’une profonde vie de prière et de la grâce des sacrements pour
devenir toujours davantage des artisans de paix là où nous sommes.
Laissons-nous toucher en ce dimanche de la divine miséricorde par l’appel de
l’apôtre Paul pour lequel le chrétien vit de manière surnaturelle, c’est-à-dire
selon la grâce et dans l’Esprit Saint :
Désormais nous ne regardons plus personne d’une
manière simplement humaine : si nous avons connu le Christ de cette
manière, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. Si donc quelqu’un est
dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un
monde nouveau est déjà né. Tout cela vient de Dieu : il nous a réconciliés
avec lui par le Christ, et il nous a donné le ministère de la réconciliation.
Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui :
il n’a pas tenu compte des fautes, et il a déposé en nous la parole de la
réconciliation. Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est
Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ,
laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a
pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la
justice même de Dieu.
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