Marc
9, 30-37
20/09/2015
Qui est le plus grand ?
Cette question des disciples pourrait se décliner en de nombreuses
variations : Qui est le plus fort ? Qui est le meilleur ? Qui
est le plus puissant ? Saint Marc n’hésite pas à souligner la distance qui
sépare Jésus de ses disciples, ces disciples qui ne comprenaient pas les
paroles mystérieuses de leur Maître. La discussion des Douze est encadrée par
deux paroles : la première annonce la souffrance de la passion et de la
mort de Jésus, la seconde met en avant un enfant, celui qui est le plus petit
de par sa taille.
Cette discussion porte sur l’un
des lieux classiques de la tentation. Nous sommes tous marqués par le péché des
origines et par nos propres péchés. C’est la raison pour laquelle nous sommes
particulièrement faibles par rapport à trois réalités de notre vie
humaine : le pouvoir, l’argent et la sexualité. Ce sont les trois lieux
principaux de la tentation. Et saint Paul n’hésitera pas à affirmer que le plus
dangereux des trois, c’est l’amour de l’argent. La cupidité est la racine de
tous les maux. Saint Jacques dans la deuxième lecture reprend, lui aussi, ce
thème : « Vous demandez des richesses pour satisfaire vos
instincts ».
La discussion des disciples sur
la route révèle « la jalousie et les rivalités » qui « mènent au
désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes ». Derrière la question
« qui est le plus grand ? », c’est bien la question du pouvoir
qui est posée. En instituant le groupe des Douze, Jésus donne à ses apôtres une
participation à son pouvoir divin, et, parmi les Douze, il accorde à Pierre la
charge de veiller sur l’unité de la première communauté. La soif de puissance
et de domination est liée à notre vanité. C’est bien parce que nous sommes
orgueilleux que nous désirons être considérés par les autres comme les plus
grands. Cette soif de reconnaissance et de grandeur est à l’origine de la
plupart des carrières politiques et militaires. Même si l’homme politique
authentique et le vrai militaire se situent dans l’optique du service et du
bien commun. Dans le commentaire que le Seigneur fait, c’est bien le service
qui est donné comme le critère de la vraie grandeur. Et pour pouvoir servir en
vérité, il est nécessaire de se décentrer de sa propre personne, d’oublier ses
ambitions : c’est cela que signifie être le dernier de tous. A de
nombreuses reprises Jésus affirme que les premiers seront derniers et les
derniers premiers. Les valeurs de ce monde, la vanité, la puissance et la
richesse, sont opposées aux valeurs du Royaume de Dieu : l’amour et le
service. Et nous savons que seules les valeurs du Royaume ont les promesses de
la vie éternelle. Tout passera sauf l’amour de charité. Comme le dit Job, nous
sommes entrés nus en ce monde, nous en sortirons nus. Après notre mort nos
titres et nos richesses nous seront totalement inutiles. L’enseignement de
Jésus nous révèle ainsi que la première vertu de celui qui a un pouvoir dans la
société ou dans l’Eglise, c’est l’humilité. Seul un cœur humble peut comprendre
la grandeur selon l’Evangile. L’humilité nous ouvre à la vérité. C’est par elle
que nous comprenons à quel point les gloires humaines sont fragiles et
passagères. C’est par elle que nous réalisons que la seule gloire véritable,
c’est celle révélée dans la personne et dans la vie de Jésus-Christ. Jésus n’a
jamais voulu être un roi ou un général, et sa gloire est infiniment plus grande
que celle des plus grands de ce monde. Un Alexandre le grand, un Louis XIV, un
Napoléon ne sont rien face à la gloire divine du Fils de Dieu. Mais cette
gloire est cachée, et seule la foi nous permet de la reconnaître. Si nous
voulons être les plus grands, écoutons avec attention ce que Paul nous
dit : « Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez
d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes ».
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