Marc 9,
38-48
27/09/15
L’Evangile de ce dimanche
rassemble plusieurs paroles de Jésus qui ont été mises à la suite les unes des
autres par saint Marc. L’unité entre ces paroles ne nous est pas donnée
d’emblée : il ne s’agit pas d’une unité littéraire. Il existe même un
contraste entre l’ouverture d’esprit recommandée par Jésus au début et la
radicalité évoquée ensuite.
« Celui
qui n’est pas contre nous est pour nous »
« Si
ta main t’entraîne au péché, coupe-la ».
Entre ces deux enseignements le
Seigneur évoque l’importance du traitement que les hommes réserveront à ses
disciples en positif comme en négatif : le simple verre d’eau offert à un
chrétien et le scandale qui fait chuter les croyants.
« Celui
qui n’est pas contre nous est pour nous ».
Avant d’aborder la portée de
cette parole pour nous aujourd’hui, il faut être honnête et reconnaître que
dans l’Evangile selon saint Luc Jésus semble dire le contraire :
« Qui n’est pas avec moi est contre moi, qui ne rassemble pas avec moi
disperse ». Mais de quoi s’agit-il chez saint Marc ? D’un homme qui
chasse des esprits mauvais au nom de Jésus sans faire partie du groupe des
disciples. Ce que le Seigneur condamne ici par avance, c’est bien la tentation
du sectarisme dans son Eglise. Faire le bien n’est pas la propriété des seuls
catholiques et Jésus n’appartient pas seulement aux catholiques. Plutôt que de
vouloir empêcher les non-catholiques de faire du bien, nous devrions au
contraire nous réjouir du bien accompli aussi par les membres des autres
églises chrétiennes. Le bien est une valeur universelle qui dépasse largement
les frontières déterminées par les diverses confessions religieuses. Tout
simplement parce que la capacité à discerner le bien du mal et à s’engager dans
la lutte contre le mal s’enracine en premier lieu dans la conscience morale. Et
cette conscience est donnée par Dieu à tous les hommes comme une lumière
pouvant les guider. C’est la raison pour laquelle même des athées peuvent
accomplir le bien. Si Dieu veut passer par son Fils et par l’Eglise pour donner
ses grâces aux hommes, son action n’en est pas pour autant limitée : il
est le Père et le créateur de tous et par son Esprit il veut agir en tous en
vue du salut du plus grand nombre. Etre catholique, c’est donc se garder d’un
esprit étroit et jaloux, c’est s’ouvrir au contraire aux merveilles de Dieu
dans le cœur de tous les hommes, aux signes de sa présence dans tous les actes
d’amour et de réconciliation.
« Si
ta main t’entraîne au péché, coupe-la ».
L’image est forte, elle est même
violente. Si d’un côté nous devons nous réjouir du bien accompli en dehors de
l’Eglise catholique, de l’autre nous devons être fermes et courageux pour ne pas
commettre le mal. Telle est l’unité spirituelle de l’Evangile de cette
liturgie. Que devons-nous donc « couper » dans notre vie pour être de
vrais chrétiens ? Telle est la question que nous pose d’une manière
radicale l’image utilisée. Cette image nous invite à regarder honnêtement ce
qui, dans notre vie, nous empêche d’être unis à la volonté du Christ pour
prendre ensuite la ferme décision de nous en séparer. La deuxième lecture nous
donne quelques exemples de ce pied que certains doivent couper pour être libres
de suivre le Christ : l’amour des richesses, le plaisir devenu une idole,
le goût pour le luxe, et surtout l’indifférence et l’injustice. A chacun de
nous de trouver le pied qui nous handicape dans notre marche à la suite du
Christ…
Enfin Jésus nous parle du
scandale qui fait chuter les croyants. N’oublions pas le scandale qui empêche
les incroyants d’entrer dans l’Eglise. Nous contribuons tous à divers niveaux à
ce scandale chaque fois que nous manquons de zèle pour accomplir le bien et
rejeter le mal en nous et dans notre monde.
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