En cette année de la foi voulue
par Benoît XVI à l’occasion du 50ème anniversaire de l’ouverture du
concile Vatican II nous sommes invités à approfondir le contenu de notre foi.
Le concile Vatican II a longuement médité le mystère de l’Eglise dans sa
relation à Dieu Trinité et au monde. Les textes du concile sont le fruit de
cette méditation inspirée par l’Esprit Saint. Dans la constitution traitant de
l’Eglise les pères conciliaires ont voulu consacrer un chapitre entier à
l’appel universel à la sainteté dans l’Eglise. En cette fête de la Toussaint il
est important de rappeler cet enseignement du concile, un enseignement qui
pouvait paraître nouveau alors qu’il est traditionnel. Même si des docteurs de
l’Eglise comme saint François de Sales ont toujours enseigné que la sainteté
était la vocation de tous les fidèles chrétiens, on avait eu tendance à en
faire un domaine réservé aux religieux, éventuellement au clergé. Le concile
qui a beaucoup parlé de la place des laïcs dans l’Eglise leur rappelle aussi
leur vocation à la sainteté : « Tous les fidèles du Christ sont donc
invités et obligés à poursuivre la sainteté et la perfection de leur état.
Qu’ils veillent tous à régler comme il faut leurs affections pour que l’usage
des choses du monde et un attachement aux richesses contraire à l’esprit de
pauvreté évangélique ne les détournent pas de poursuivre la perfection de la
charité ».
Qu’est-ce qui peut nous
encourager à avancer jour après jour sur ce chemin de la sainteté
chrétienne ? Il me semble que c’est le rappel constant d’une grande vérité
de notre foi : Dieu est Amour. Dieu notre Père nous aime d’un amour
infini. Pour nous le prouver il nous a envoyé son Fils, né de la Vierge Marie.
Nous trouvons dans la 2ème lecture une belle expression de cette
vérité fondamentale de notre foi : Voyez
comme il est grand, l'amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous
soyons appelés enfants de Dieu- et nous le sommes. Dans sa
lettre aux Romains saint Paul exprime lui aussi d’une manière particulièrement
forte cette vérité : Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce
à celui qui nous a aimés. J'en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les
esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les
cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de
l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. Nous connaissons tous ces affirmations de notre foi.
Mais pour que la considération de cette vérité nous aide à avancer sur le
chemin de la sainteté il faut qu’elle passe du domaine de la simple
connaissance à celui de l’expérience. Si une seule fois dans ma vie j’ai fait
l’expérience concrète de l’amour de Dieu à mon égard alors je peux avancer sans
crainte sur le chemin de la perfection chrétienne. Si Dieu m’aime vraiment, il
veut mon bonheur véritable, donc je peux lui faire confiance. Et cette
expérience de l’amour de Dieu à mon égard je dois être capable de la vivre
aussi dans les moments d’épreuve et de doute, dans la maladie, la solitude, le
chômage, le deuil etc. C’est la force de ma foi qui, au-delà des apparences
contraires, me maintient dans cette certitude : Dieu continue à m’aimer.
Les saints et les saintes ont tous vécu des moments d’épreuves, à la suite du
Christ. En considérant la porte étroite de la sainteté chrétienne, à laquelle
pourtant tous sont appelés, je pourrais être tenté par penser que cela n’est
pas un chemin possible pour moi et donc me décourager. C’est à ce moment qu’il
faut me rappeler pourquoi Jésus est venu : pour donner son amour divin et
communiquer sa sainteté de Fils non pas à des hommes parfaits, arrivés au but,
mais bien à des hommes faibles et pécheurs. Nous avancerons peu à peu, chacun selon son
rythme, sur le chemin de la sainteté si nous évitons deux écueils :
l’orgueil et le désespoir. Comme l’a si bien dit Pascal dans ses Pensées, « la connaissance de Dieu
sans celle de sa misère fait l’orgueil. La connaissance de sa misère sans celle
de Dieu fait le désespoir. La connaissance de Jésus-Christ fait le milieu parce
que nous y trouvons, et Dieu, et notre misère ».
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