Epiphanie du Seigneur
3/01/10
Matthieu 2, 1-12 (p.312)
Le temps de Noël est une célébration du mystère de l’incarnation. Ce mystère fondamental de notre foi est d’une richesse infinie. Le temps de Noël nous le fait contempler sous ses différentes facettes : la Nativité, la Sainte Famille, l’Epiphanie en ce dimanche, et enfin le baptême du Seigneur dimanche prochain. Dans la nuit de Noël a lieu un événement unique : l’éternité de Dieu entre dans notre histoire, le Dieu bienheureux choisit de venir parmi nous en son Fils dans la pauvreté et la souffrance, la Parole de Dieu que l’univers entier ne peut contenir se trouve en un lieu bien précis, Bethléem, sous les traits d’un nouveau-né fragile et sans défense. Bref avec l’incarnation Dieu épouse toutes les limites de notre condition humaine sauf le péché.
Saint Luc dans son récit de la Nativité nous parle de la crèche. Saint Matthieu, lui, nous montre la sainte famille dans une maison au moment de la visite des mages. Probablement Joseph et Marie ne sont pas retournés immédiatement à Nazareth mais ils ont pu trouver un logement plus décent à Bethléem le temps que la maman de Jésus reprenne force et santé…
Le récit de l’Epiphanie, celui de la visite des mages, situe l’incarnation dans le plan de Dieu, dans son projet d’amour pour notre humanité. Dieu veut le salut de tous les hommes, c’est une certitude de notre foi fondée sur la révélation biblique. Le Fils de Dieu prend chair de la Vierge Marie dans un lieu précis, un temps de notre histoire, un peuple particulier, le peuple Juif. Mais c’est bien à toute l’humanité que Dieu donne son Fils comme Sauveur. Le mystère de l’Epiphanie nous fait voir de quelle manière Dieu guide tout homme sur les chemins du salut. Dieu nous donne des signes. Et dans l’Evangile de Matthieu nous constatons que ces signes sont adaptés à leurs destinataires. Pour le peuple Juif, ce sont les prophéties qui annonçaient la naissance du Messie à Bethléem. Pour les mages païens, c’est l’apparition d’une étoile. Oui, Dieu épouse tellement notre humanité qu’il s’unit en quelque sorte à chacun de nous. Depuis Noël, il ne se contente pas d’adresser sa Parole aux hommes en général mais à chaque homme en particulier. Parce que nous sommes aimés de manière particulière, appelés chacun chacune à être sauvé selon notre vocation et selon la volonté de Dieu pour nous. Les signes différents et adaptés (la Bible, l’étoile etc.) manifestent le réalisme de l’incarnation. Et remarquons que dans le récit de Matthieu les premiers sont les derniers et vice-versa. Ceux qui étaient le mieux placés, l’élite du peuple Juif qui connaît la vérité grâce aux prophéties, sont ceux-là mêmes qui vont devenir les ennemis du Messie. Alors que les plus lointains dans l’espace et dans la foi sont ceux qui vont venir adorer l’enfant Dieu dans la maison de Bethléem. Le renversement des perspectives traditionnelles que nous trouvons tout au long de la vie du Christ commence dès le début. Cet Evangile est donc une sérieuse mise en garde adressée aux croyants de tous les temps. Ce n’est pas parce que nous sommes membres de l’Eglise qu’automatiquement nous recevons et acceptons les signes que Dieu nous envoie. Par contre nous sommes certains qu’aujourd’hui encore Dieu envoie des signes à son Eglise et à chaque chrétien de manière personnelle. L’exemple des mages nous invite à être attentifs à ces signes par lesquels Dieu veut nous conduire à la sainteté et au salut. Ce récit nous montre que Dieu utilise ce que nous aimons et connaissons le mieux pour nous parler. Oui, il parle vraiment le langage de chacun. Et c’est justement dans nos centres d’intérêts et dans nos passions, dans tout ce qui nous motive, que nous avons à chercher ce langage caché de Dieu. Sans oublier la grande vérité que Pascal nous rappelle dans ses Pensées : « Il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir et assez d’obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire ». Les mages païens pratiquaient probablement l’astrologie, une pratique condamnée par la Bible, en particulier dans le prophète Isaïe. Dieu, qui veut les sauver, n’hésite pas à les guider par un astre. Un dernier aspect de ce beau récit peut nous intéresser. Jésus vient au monde dans le dénuement et la pauvreté, et il accepte l’offrande des mages païens qui représente au contraire la richesse et l’abondance des nations. Les mages grâce à l’étoile et aux lettrés d’Israël ont fait un bout de chemin vers la vérité. Mais il leur reste encore à comprendre bien des choses en regagnant leur pays par un autre chemin. Dans leur mentalité païenne c’est par la richesse que l’on peut honorer un personnage important, à plus forte raison la divinité. Ils auront encore à prendre un autre chemin spirituel en comprenant que Dieu ne s’intéresse pas à nos richesses et à nos trésors. En comprenant que si Dieu s’est fait homme, c’est bien parce que pour lui sa plus grande richesse ce sont justement les créatures humaines, ses créatures. Alors nous n’avons pas d’autre chemin pour aimer Dieu notre Père que de nous offrir nous-mêmes à Lui par le Fils dans l’Esprit ! C’est ainsi que, comme les mages, nous serons vraiment chez nous : en nous donnant. Amen
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