Baptême du Seigneur / C
10/01/2010
Luc 3 (p. 359)
C’est avec la fête du baptême du Seigneur que s’achève le temps de Noël. Et c’est donc dans la lumière de la Nativité que nous sommes invités à contempler le baptême de Jésus par Jean dans les eaux du Jourdain. Le mystère de la crèche nous donne en effet le sens profond de ce qui se passe aux bords du Jourdain.
Nous pouvons comprendre le baptême de Jésus comme une double naissance. De la manière la plus évidente, Jésus « naît » en ce jour à sa mission de Sauveur puisque c’est par son baptême qu’il inaugure, après les longues années de sa vie cachée, son ministère et sa prédication : « Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Nous savons que Jésus en tant que Fils de Dieu, Verbe du Père, est engendré depuis toute éternité et qu’il n’a pas de commencement dans le temps. Si en ce jour il reçoit l’Esprit Saint, c’est bien en son humanité et comme pour marquer le début de sa mission publique. Les paroles du Père et le don de l’Esprit constituent un envoi en mission. La scène du baptême rappelle que Jésus est vraiment l’envoyé du Père et qu’il est venu parmi nous pour accomplir en toutes choses la volonté du Père. C’est toute la Trinité qui se rend ainsi présente à la mission du Fils de Dieu dans son humanité. Les contemporains du Christ n’ont vu que Jésus, le Fils unique et bien-aimé, mais à travers toutes ses paroles et toutes ses actions, le Père et l’Esprit étaient aussi présents, à l’œuvre pour accomplir dans et par le Christ la merveille de notre salut.
La fête de ce jour nous redit aussi le pourquoi de l’incarnation. Ce qui s’est passé de manière unique dans la nuit de Bethléem n’a qu’un but : que tout homme, toute femme en ce monde puisse devenir réellement fils, fille de Dieu. Ou pour le dire autrement le but de l’incarnation, c’est notre adoption filiale. Et c’est précisément par le sacrement de baptême, le baptême chrétien donné dans l’Esprit Saint et dans le feu, que nous sommes adoptés par Dieu comme ses fils. Non seulement au jour de notre baptême, mais aujourd’hui, c’est-à-dire dans le présent de notre vie chrétienne, nous entendons les paroles que le Père a adressées à Jésus, son Fils unique : « C’est toi mon fils ». Et c’est dans ce sens que nous percevons une seconde naissance lors du baptême du Seigneur. A Noël, c’est la tête du corps ecclésial qui naît de la Vierge Marie. Au jour du baptême, ce sont déjà tous les membres de l’Eglise Corps du Christ qui renaissent à une vie nouvelle. Et il faudra attendre le jour de la Pentecôte pour que ce mystère s’accomplisse en plénitude avec la naissance de l’Eglise en tant que telle. La fête de ce jour nous invite donc à contempler ces trois naissances intimement liées entre elles : naissance du Sauveur à Noël, naissance des chrétiens en lui au moment du baptême, naissance des chrétiens dans l’Eglise-Mère au jour de la Pentecôte. Remarquez bien que toutes ces naissances s’accomplissent par la puissance de l’Esprit Saint ! C’est l’Esprit qui féconde le sein de la Vierge Marie. C’est l’Esprit qui annonce notre adoption filiale en descendant sur Jésus sous la forme d’une colombe. C’est encore le même Esprit qui, en se manifestant par des langues de feu, nous rassemble dans l’Eglise et nous envoie dans le monde à la suite du Christ Ressuscité !
Dans cette perspective la deuxième lecture prend tout son sens :
« Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l'Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l'a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l'espérance l'héritage de la vie éternelle. »
Célébrer le baptême du Seigneur, c’est donc célébrer notre renouvellement par la puissance de l’Esprit, notre nouvelle naissance à la vie des fils et filles de Dieu. C’est comprendre non seulement par la raison mais aussi intérieurement, par le cœur, que le Père nous adresse réellement aujourd’hui cette parole : « C’est toi mon fils ». Comment pouvons-nous vivre davantage cette réalité de notre baptême ? Tout d’abord par notre fidélité à la prière personnelle et à la vie sacramentelle. C’est dans la mesure où nous désirons et accueillons la présence de Dieu Trinité en nous et dans nos vies que nous vivons vraiment de la vie divine reçue au baptême. La vie spirituelle, c’est-à-dire la vie de l’Esprit Saint en nous, ne peut se limiter à la pratique de la messe dominicale. Elle a besoin pour être réelle de temps privilégiés de rencontre avec le Seigneur chaque jour. Nous pouvons aussi nous demander quelle place tient le Saint Esprit dans notre vie chrétienne et dans notre vie spirituelle. Le prions-nous ? L’invoquons-nous régulièrement et avec confiance ? Un autre moyen essentiel de vivre notre baptême, c’est bien sûr de faire passer notre vie spirituelle dans nos choix et dans nos actes. Nous avons là un critère certain pour savoir si notre baptême dort en nous ou au contraire s’il est bien vivant… Cette fête nous demande de réveiller en nous la grâce de notre baptême pas seulement avec un vague désir mais avec la ferme résolution d’agir selon la volonté du Seigneur. Nous sommes des chrétiens éveillés si notre baptême porte des fruits concrets dans notre vie. Nous sommes des fils pour Dieu aujourd’hui si nous rayonnons son Amour. Amen
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