Toussaint 2009 (p. 1297)
La joyeuse célébration de tous les saints, des bienheureux qui vivent dans la communion parfaite avec Dieu pour toujours, nous rappelle le but de notre vie humaine et chrétienne. Le but de notre vie humaine, c’est le bonheur. Tous nous recherchons sans cesse ce bonheur. En tant que chrétiens, nous savons que ce bonheur de l’homme ne peut être pleinement obtenu en dehors de Dieu. Ou pour le dire autrement seul Dieu est notre béatitude ultime et véritable, seule la vie vraiment chrétienne est capable de donner sens et plénitude à notre vie humaine. Cela revient à dire que notre vocation à tous c’est la sainteté chrétienne. Le concile Vatican II enseigne que tous les chrétiens de par le baptême sont appelés à la sainteté. Et pas seulement les moines, les moniales, les prêtres, les personnes consacrées… Les saints et les saintes sont des chrétiens comme nous, mais des chrétiens qui ont vécu à fond la grâce de leur baptême.
Quand nous parlons de notre vocation à la sainteté, il est important de comprendre que nous sommes tous en chemin. Oui, la sainteté, la communion parfaite avec Dieu, est bien notre but. Mais cette sainteté se reçoit et se fortifie tout au long d’un chemin qui est celui de notre vie. Nous avons bien besoin de temps pour progresser sur ce chemin. Une vie entière n’est pas de trop ! Même si certains ont atteint très jeunes une grande sainteté… Lorsque saint Paul s’adresse aux chrétiens de Philippes, il leur montre ce chemin de la sainteté chrétienne : « Certes, je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela, comme j'ai moi-même été saisi par le Christ Jésus. Frères, je ne pense pas l'avoir déjà saisi. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l'avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. »
Parmi les obstacles qui se dressent sur notre chemin, nous avons tendance à ne voir que nos péchés. Nous avons raison de considérer le péché comme contraire à la sainteté. Mais il ne faudrait pas oublier d’autres freins tout aussi importants. Le principal étant de penser que nous sommes parvenus au but, que nous sommes de bons chrétiens, que nous n’avons plus de progrès à faire ! Le grand apôtre Paul n’hésite pas à dire : « Je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout. » Une des premières conditions pour progresser sur le chemin de la sainteté, c’est d’avoir conscience, comme Paul, que nous n’avons pas encore saisi le Christ. Et comment le Christ se laisse-t-il saisir ? Uniquement par la ferveur de notre amour pour lui, pour Dieu et pour nos frères. Le grand obstacle à la sainteté chrétienne, c’est donc le manque de ferveur, la tiédeur. Au début de l’Apocalypse, Jean rapporte les messages de Dieu aux sept Eglises. A l’Eglise d’Ephèse, il est dit : « J'ai contre toi que tu as perdu ton amour des premiers temps. Rappelle-toi donc d'où tu es tombé, convertis-toi, reviens à ta conduite première. Sinon je vais venir à toi et je déplacerai ton chandelier, si tu ne te convertis pas. » Le message à l’Eglise de Laodicée va dans le même sens : « Je connais ta conduite : tu n'es ni froid ni brûlant- mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant - Aussi, puisque tu es tiède- ni froid ni brûlant-je vais te vomir.
Tu dis : « Je suis riche, je me suis enrichi, je ne manque de rien », et tu ne sais pas que tu es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! Alors je te donne un conseil : viens acheter chez moi de l'or purifié au feu, pour devenir riche, des vêtements blancs pour te couvrir et cacher la honte de ta nudité, un remède pour te frotter les yeux afin de voir clair. Tous ceux que j'aime, je leur montre leurs fautes, et je les châtie. Sois donc fervent et convertis-toi. » Spirituellement le chrétien est un pèlerin, une personne toujours en marche. Rien de pire pour notre vie spirituelle que d’être des chrétiens installés. Les textes de l’Apocalypse ne nous sont pas donnés pour nous culpabiliser, mais pour nous permettre d’avancer plus loin, plus sûrement sur le chemin de la sainteté. Le vrai croyant est toujours en recherche. Car on ne possède jamais ici-bas Dieu de manière tranquille et stable. Le paradis n’est pas sur terre. D’où les allusions dans nos textes à la grande épreuve et aux persécutions. Le psaume de cette messe reprend cette idée d’une vie chrétienne dynamique, en progrès, toujours insatisfaite du chemin déjà parcouru : « Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face ! » Rechercher la face de Dieu, quelle belle définition de la vie chrétienne ! Quelle belle description de notre chemin de sainteté ! Ne croyons pas connaître Dieu, c’est une attitude dangereuse pour notre progrès spirituel. Sachons rendre grâce pour le chemin déjà parcouru, pour le don de la foi qui nous met réellement en communion avec Dieu, mais n’oublions jamais tout le chemin qui nous reste à parcourir. Avez-vous remarqué que ce psaume parle du « peuple qui cherche Dieu » ? Cela nous montre que nous ne sommes jamais seuls sur le chemin de la sainteté. Notre vocation est à la fois unique et commune. Unique car chaque baptisé est appelé personnellement à vivre de la sainteté de Dieu. Les saints et les saintes ne sont pas des clones. Ils ont tous rayonné un aspect ou un autre de l’immense sainteté de Dieu, de cette sainteté sans limite car elle est la manifestation d’un amour divin, absolu et parfait. En même temps la vocation à la sainteté est commune à tous, car c’est ensemble que nous cherchons à saisir le Christ. D’où l’importance de notre vie en Eglise. Oh, qu’il est bon de savoir que nous pouvons nous entraider sur ce chemin, nous soutenir et nous édifier mutuellement. Dieu se sert souvent des autres, de nos frères dans la foi en particulier, pour nous faire avancer sur ce chemin de sainteté. C’est bien ce grand et magnifique mystère de la communion des saints que nous célébrons aujourd’hui et demain. Vivons-le de manière plus intense et consciente !
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