27ème dimanche du TO / A
5 octobre 2008
Matthieu 21, 33-43 (p. 694)
Depuis quelques semaines le Seigneur utilise chaque dimanche l’image de la vigne pour nous parler du Royaume des cieux : la parabole des ouvriers employés à la vigne, la parabole des deux fils et aujourd’hui celle des vignerons assassins. La liturgie de la Parole fait résonner à nos oreilles la merveilleuse symphonie des Ecritures. Nous contemplons ce rapport entre l’Ancien Testament (Isaïe et le psaume) et le Nouveau. Jésus reprend l’image d’Isaïe tout en la modifiant. C’est pour cette raison que nous devons d’abord bien comprendre le message du prophète.
Dans notre première lecture Dieu est l’ami. Un ami qui aime et soigne sa vigne. Et quand on aime on ne compte pas… « Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? » Au plus nous aimons quelqu’un, au plus nous attendons de lui beaucoup… Isaïe insiste sur cette attente amoureuse de Dieu vis-à-vis du plan qu’il chérissait. Et voilà que cette attente a été terriblement déçue. La maison d’Israël, les habitants de Juda, ont donné de mauvais raisins… Nous savons humainement parlant ce que c’est que d’être déçu par un être aimé. Eh bien c’est ce sentiment qui est comme transposé au niveau du cœur de Dieu. Ce peuple qu’il aime tant ne lui rend qu’ingratitude et indifférence.
Des siècles après Isaïe, Jésus reprend donc l’image de la vigne en s’adressant aux chefs des prêtres et aux pharisiens. La parabole des vignerons assassins a cependant son originalité. Il ne nous est pas dit que les raisins soient mauvais. Ce sont les vignerons qui sont mauvais. Et cette image de la vigne et des vignerons permet au Seigneur de nous raconter toute l’histoire du salut, une histoire dramatique à bien des égards. Le propriétaire du domaine, le Créateur, donne sa vigne en fermage à des vignerons et part en voyage. Belle image pour signifier que Dieu nous confie sa création et désire que nous exercions pleinement notre responsabilité de gérants. Oui, il part en voyage, car il n’est pas là derrière nous en doublon pour surveiller tout ce que nous faisons ou encore pour nous diriger comme si nous n’étions pas libres. Quand Dieu confie à l’homme sa création, il lui fait totalement confiance. Et c’est avec sa liberté et son intelligence que l’homme doit cultiver cette vigne de telle sorte qu’elle donne beaucoup de beaux fruits. Et voilà que le moment de la vendange arrive… Le Père envoie ses serviteurs. Nous pouvons penser à tous les prophètes de l’Ancienne Alliance. Les vignerons les accueillent fort mal, vont même jusqu’à les tuer. Car ils ne veulent pas rendre le produit de la vigne au maître du domaine. Ils oublient que la vigne leur a été donnée et confiée par Dieu. Ils veulent se l’accaparer de manière ingrate et injuste. Ils ne veulent pas dire merci au Créateur pour son don merveilleux. Mais le maître du domaine ne se décourage pas et envoie d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers… Rien n’y fait, les vignerons ont endurci leur cœur et s’enferment dans leur cupidité. « Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : ‘ils respecteront mon fils.’ » Et les vignerons ne se laissent pas davantage fléchir : ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Jésus, c’est évident, parle de lui-même, et annonce sa Passion désormais toute proche. Oui, il mourra en dehors de la Ville Sainte, sur le mont Golgotha, hors de la vigne. Et les vignerons ce sont bien les chefs des prêtres et les pharisiens auxquels il adresse cet enseignement. Ce qui est dit ici de l’histoire du salut par une parabole, l’auteur de la lettre aux Hébreux le résume lui aussi de manière magnifique : « Dieu dans le passé avait parlé à nos pères à bien des reprises et de bien des façons par les prophètes, mais en ces jours qui sont les derniers, il nous a parlé par le Fils. C’est par lui que Dieu a disposé les temps de la création , et c’est lui que Dieu a fait le destinataire de toutes choses. » Mais l’amour n’est pas aimé, la Parole n’est pas accueillie, et c’est ce qui rend l’histoire de notre salut dramatique et violente. Le texte liturgique ne nous donne pas la conclusion de la parabole. La voici : « Les chefs des prêtres et les pharisiens écoutaient ces paraboles, et ils comprirent que Jésus parlait pour eux. Ils auraient voulu s’emparer de lui, mais ils craignaient la foule qui voyait en Jésus un prophète. »
Membres de l’Eglise, nous sommes ces nouveaux vignerons à qui le Père a confié son Royaume. Nous devons produire du fruit en abondance. Chrétiens, nous aussi, nous pouvons être tentés de la même manière que les élites religieuse d’Israël autrefois. Tentés de garder le trésor de la foi pour nous. Tentés de nous faire les propriétaires et les maîtres de l’Eglise-nouvelle vigne. Nous pouvons être, nous aussi, des ingrats et des injustes. Il n’y a pas pire péché que l’endurcissement du cœur. Alors de toute notre cœur accueillons Jésus Vivant et sa Parole pour changer de vie et de mentalité avant qu’il ne soit trop tard… Amen
1 commentaire:
Monsieur l'abbé,
La vigne qui nous est confiée est ce monde là. Nous devons la faire fructifier pour le "bien commun", pour les pauvres, les faibles et les générations futures. Nous n'avons pas le droit de saccager la vigne, or c'est ce que nous faisons de notre planète. Il est urgent de réagir. L'écologie nous apprend que notre comportement est mauvais et les papes nous indiquent que la cause est l'égoïsme et le matérialisme qui règnent dans nos coeurs. Agir pour la planète est nécessaire, par amour pour Dieu, par amour pour le prochain. Voilà les idées que je développe sur mon blog dans le billet "l'écologie et les chrétiens, ce qu'en disent les papes" .
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