Dimanche des Rameaux et de la Passion / A
16 mars 2008
Lecture brève de la passion (page 273)
La liturgie des Rameaux et de la Passion est comme un grand porche d’entrée, un porche solennel, qui nous fait passer du carême à la semaine sainte, c’est-à-dire au sommet de toute notre année liturgique.
En méditant ces textes magnifiques de la Parole de Dieu, j’ai été frappé par la place que tiennent les foules dans ces dernières heures de la vie de Notre Seigneur. L’évangéliste Matthieu parle autant de la foule que des foules. De la foule des Rameaux qui acclame le Christ Roi à la foule qui réclame à Pilate la mort de Jésus : voilà un itinéraire qui nous livre une leçon spirituelle de premier ordre. Les foules sont versatiles, elles changent rapidement d’opinions, car elles sont manipulables. Dans la Passion de Notre Seigneur, ce sont les élites religieuses d’Israël qui vont retourner les foules en les manipulant. L’obscurité du ciel de la Passion nous renvoie bien à l’obscurcissement des consciences humaines. Lorsqu’une personne humaine se laisse absorber par une foule manipulée, elle devient capable du pire et les digues de sa conscience cèdent alors rapidement. « Quel mal a-t-il donc fait ? » La question du païen Pilate n’obtient comme réponse que des cris : « Qu’on le crucifie ! » A ces cris inhumains répondra le grand cri du Fils de l’homme au moment de sa mort. Ce récit de la Passion écrit par un Juif pourrait bien nous sembler paradoxal car ce sont les païens qui font preuve d’humanité ou de clairvoyance envers Jésus. Certes il y a les soldats du gouverneur qui se moquent et torturent. Ce sont des bourreaux, des violents, probablement habitués à s’amuser avec les condamnés… Mais remarquons bien que les seules personnes dans ce récit ce sont Pilate, sa femme et le centurion chargé de la garde de Jésus ! Tous les autres n’existent que par des groupes… La femme de Pilate parle de Jésus comme d’un juste et le centurion donne la plus belle des professions de foi : « Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu ! » L’ébranlement cosmique de la Passion vient ouvrir le cœur du soldat païen à la nouvelle grâce issue du cœur du Christ. Quant à Pilate il ne va pas jusqu’au bout des exigences de sa conscience. Il sait très bien que Jésus est innocent, il voudrait le sauver, mais il fait passer l’ordre public avant l’exigence de la vérité et de la justice. Même s’il se lave les mains, il n’en est pas moins responsable, lui aussi, de la condamnation d’un juste…
Cette contemplation de la Passion nous invite au moins à deux attitudes en tant que chrétiens. La première consiste à rechercher et à cultiver avec le Seigneur une relation vraiment personnelle, particulièrement par la prière et la méditation de la Parole. Le chrétien n’est pas un mouton anonyme bêlant à l’unisson du troupeau… Il est appelé dans la communion du Corps du Christ à devenir toujours davantage une personne ! La seconde concerne les exigences de notre conscience humaine et chrétienne. L’exemple de Pilate devrait nous mettre en garde sur de possibles compromissions par lesquelles nous nions notre dignité de fils de Dieu et la dignité de nos frères. Etre chrétien, c’est aussi savoir utiliser l’objection de conscience chaque fois que la vérité et la justice sont en jeu dans nos vies ou dans la vie de notre prochain.
Amen
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