5ème dimanche de carême / A
9 mars 2008
Jean 11, 1-45 (page 220)
L’évangéliste Jean a créé un lien entre la réanimation de Lazare et la guérison de l’aveugle-né, l’évangile de dimanche dernier. Il le fait de manière explicite à travers la question des Juifs : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Et de manière implicite : nous retrouvons en effet le thème de la gloire de Dieu et celui de la lumière : « Cette maladie est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié ».
Comme les évangiles de la Samaritaine et de l’aveugle de naissance, celui de Lazare est un véritable appel à la foi. Le septième et dernier miracle de Jésus dans l’évangile de Jean nous est rapporté pour que nous fassions nous aussi un itinéraire de foi. Comme dans le récit de la Samaritaine, l’humanité de Jésus est ici mise en relief. A trois reprises l’amour de Jésus pour Lazare et ses sœurs est souligné. Le Seigneur est capable de sentiments authentiquement humains : il est bouleversé d’une émotion profonde et il pleure. Si cette page évangélique est un appel à la foi, elle est en même temps une présentation du mystère de Jésus vrai Dieu et vrai homme.
Le Seigneur accomplit ce signe impressionnant pour fortifier la foi de ses disciples et pour susciter la foi des Juifs venus entourer Marthe et Marie dans leur deuil. Jean souligne en effet la puissance du signe sur ceux qui en ont été les témoins privilégiés : « Les nombreux Juifs, qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui ». Comme dans l’Evangile de dimanche dernier ce qui est en jeu ici c’est bien de reconnaître en Jésus l’envoyé de Dieu.
Au centre de ce récit nous avons, non pas la réanimation de Lazare ou sa sortie du tombeau, mais une affirmation solennelle du Seigneur : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Et devant le tombeau de Lazare, Jésus promet à Marthe : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ». Cet évangile devrait nous plonger dans une immense action de grâce. Nous croyons en Jésus, l’envoyé du Père. Nous avons cette grâce incommensurable de la foi chrétienne. Nous ne la méritons pas, nous la recevons comme un cadeau du bon Dieu. Pensons un peu à tous ceux qui autour de nous aimeraient croire mais ne le peuvent pas ! Par le baptême nous avons reçu ce germe de la foi. Nous sommes des privilégiés car ce germe a pu grandir en notre cœur. Et chacun pourrait raconter son histoire de rencontre avec le Seigneur comme un Vivant. C’est le Seigneur qui a mis sur notre chemin telle ou telle personne, tel événement, tel signe pour que la foi de notre baptême puisse se développer, pour qu’elle soit vivante aujourd’hui. Vous le savez, frères et sœurs, en France et en Europe il semble bien que la foi soit devenue un produit rare, un produit de luxe, si vous me permettez cette analogie quelque peu commerciale ! Nous avons donc reçu beaucoup, il nous sera demandé davantage. Notre foi est en même temps un don et une responsabilité. Vivre dans le Christ, mettre notre confiance en Lui, c’est déjà vivre de la vie même de Dieu, et c’est le mystère du baptême, de toute vie chrétienne. Avec le Christ nous sommes déjà vainqueurs de la mort éternelle. Vous me direz que nous n’avons pas la chance, comme les Juifs de l’Evangile, de voir un mort sortir de son tombeau… Nous pouvons, si nous vivons intensément de notre foi, voir la gloire de Dieu dans notre monde qui semble pourtant si malade, si déchiré et si égoïste. C’est bien par amour que Jésus redonne vie à son ami Lazare. Cet amour de Dieu répandu dans les cœurs des croyants et des hommes de bonne volonté produit aujourd’hui encore des signes et des miracles. C’est bien sûr évident dans la vie des saints de notre temps, et ils sont nombreux. Mais c’est aussi vrai chaque fois que des croyants délient les personnes des liens de l’injustice et de la haine, des liens de l’égoïsme et du mépris. Notre foi est une force, une puissance au service de la vie et du bonheur de tout homme. Notre foi a le pouvoir de libérer. Elle peut, si nous le voulons, nous libérer d’abord de nous-mêmes… Car nous sommes parfois nos propres tyrans, esclaves de nos passions et de notre égoïsme. C’est alors que notre foi nous oxygène et nous fait respirer le grand air pur de l’Esprit, particulièrement dans la prière et le sacrement du pardon. Notre foi peut aussi contribuer à la libération de ceux avec lesquels nous partageons un bout de chemin ici-bas sur terre, toutes les personnes que la Providence met sur notre route. Sommes-nous pour elles des foyers de lumière, d’espérance et d’amour ? N’oublions jamais que la plus grande preuve de l’existence de Dieu c’est la joie et l’enthousiasme de nos existences chrétiennes ! Je laisserai le mot de la fin à l’auteur du Cantiques des Cantiques : « L’amour est fort comme la mort, la passion est implacable comme l’abîme. Ses flammes sont des flammes brûlantes, c’est un feu divin ! Les torrents ne peuvent éteindre l’amour, les fleuves ne l’emporteront pas ». Amen.
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