Dimanche des Rameaux et de la Passion / année C
Premier avril 2007 (page 302)
Cette année nous avons entendu le récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem dans la version qu’en donne saint Luc. Le troisième évangéliste est original à bien des égards. Lui se contente de parler des manteaux et ne mentionne pas les rameaux ! Avec saint Luc nous devrions donc parler du dimanche des Manteaux ou des vêtements pour suivre la traduction liturgique… Mais le plus important n’est pas là. Ecoutons plutôt la foule des disciples : « Déjà Jésus arrivait à la descente du mont des Oliviers, quand toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus : ‘Béni soit celui qui vient, lui, notre Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux !’ » La louange des disciples nous rappelle le chant du Sanctus qui clôt la Préface et ouvre la Prière eucharistique. Mais comment ne pas penser ici au récit de la Nativité ? Le jour de l’entrée triomphale du Christ dans la ville sainte, les disciples reprennent presque mot à mot le chant des anges dans la nuit de la Nativité : « Gloire à Dieu dans les cieux, et sur la terre paix aux hommes, car il les prend en grâce » . Le contexte de la Nativité est aussi celui de la joie pour tout le peuple. De la nuit de Bethléem à l’entrée triomphale dans Jérusalem, la louange divine passe des anges à la foule des disciples… Car si eux se taisent, « les pierres crieront » ! La paix proclamée passe de la terre au ciel. Relevons le motif de cette louange divine : « pour tout les miracles qu’ils avaient vus ». Jean précise même que c’est à cause de la réanimation de Lazare que la foule acclame Jésus comme son Roi. Dans la deuxième lecture, ce magnifique passage de la lettre de Paul aux Philippiens, nous retrouvons ces réalités du ciel et de la terre : « C’est pourquoi Dieu a élevé Jésus au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : ‘Jésus Christ est le Seigneur’, pour la gloire de Dieu le Père. » Cet homme qui entre à Jérusalem sur un petit âne n’est pas seulement le Roi d’Israël, il est le Sauveur, il est le Fils de Dieu : vraiment homme et vraiment Dieu ! Le paradoxe est que pour comprendre cela il faudra l’abaissement volontaire de la Passion et de la mort en croix. Luc a une expression qui pourrait presque nous choquer à la fin de son récit de la Passion : « Et tous les gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine. » La Passion serait-elle un spectacle ? Les personnes qui étendaient leurs vêtements sur le chemin louaient Dieu dans la joie « pour tous les miracles qu’ils avaient vus ». Ils confessaient en Jésus leur Roi. Et si la Passion était le plus grand miracle du Christ ? Le plus spectaculaire, justement ? Celui de son abaissement volontaire, de sa victoire définitive sur le mal et notre péché… Un Dieu qui consent à mourir pour nous offrir la vie en abondance ! Ceux qui ont contemplé le spectacle de la Passion n’honorent pas Jésus en jetant leurs manteaux à terre. Ils l’honorent en se frappant la poitrine. Le spectacle de la Passion nous conduit en effet à nous reconnaître pécheurs, et à reconnaître dans cet homme humilié, torturé, mort, bien plus qu’un Roi : le Sauveur, le Seigneur !
Que cette liturgie des Rameaux et de la Passion nous introduise dans une connaissance toujours plus vraie et plus intérieure du Christ notre Sauveur ! Puissions-nous tomber à genoux et confesser la divinité du Christ ! Ne lui offrons pas des choses extérieures, des vêtements ou des rameaux : offrons-lui plutôt notre cœur brisé et contrit. Demandons-lui de changer notre coeur de pierre en un cœur de chair. Tout au long de cette grande semaine sainte, laissons jaillir au plus profond de nous-mêmes l’Amour divin, laissons toute la place à l’Esprit du Seigneur.
Amen
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