Deuxième dimanche de Pâques / C
15 avril 07 (page 494)
Jean 20, 19-31
Il est toujours enrichissant de lire et de méditer la Parole de Dieu dans son contexte. Ce qui implique de ne pas isoler le texte évangélique qui nous est proposé par la liturgie dominicale…
L’Evangile de ce dimanche appartient au chapitre 20 de l’Evangile selon saint Jean. Dimanche dernier, nous avons entendu le commencement de ce chapitre. Marie de Magdala se rend au tombeau à l’aube, et annonce aux apôtres Pierre et Jean son étrange découverte : la pierre qui fermait l’entrée du tombeau a été enlevée… Puis c’est la manifestation du Ressuscité à Marie Madeleine. C’est bien la pécheresse convertie, Marie Madeleine, qui est au centre du récit pascal du quatrième Evangile. De l’aube nous passons au crépuscule du même jour, puis une semaine plus tard avec la présence de Thomas. Il y a un contraste évident entre la situation du matin et celle du soir. Marie constate que la pierre qui fermait le tombeau a été enlevée… Jésus constate que ses apôtres se sont enfermés par peur des Juifs. Ils ont verrouillé les portes du lieu où ils se trouvaient. Le tombeau de Jésus est bel et bien vide, ouvert. Et voilà que ses apôtres s’enterrent en quelque sorte, emmurés par la peur. Le ressuscité est sorti vivant du tombeau ; ses disciples s’emmurent en refusant d’affronter la vie extérieure. Le matin, Jean voit et croit. Le signe du tombeau ouvert et des linges funéraires suffit à ouvrir son cœur à l’intelligence des Ecritures. Marie Madeleine est aussi une femme de foi. Et voilà que l’absence de Thomas va introduire l’incrédulité au sein du récit de Pâques. Huit jours plus tard, le ressuscité se manifeste à nouveau dans le « tombeau de ses apôtres », car les portes sont toujours verrouillées… Ils sont toujours dans la crainte malgré la manifestation du Ressuscité et le don de l’Esprit. Le Vivant revient pour son apôtre Thomas et se manifeste à lui dans sa miséricorde et dans sa délicatesse. Pour Jean le signe du tombeau vide et des linges suffisait. Pour Thomas il en faut davantage : lui veut voir et toucher avant de croire. « Cesse d’être incrédule, sois croyant » ; « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » : telles sont les paroles fortes qui résonnent dans la maison des apôtres, paralysés par la peur.
Et cela nous amène à lire cette page évangélique dans un contexte encore plus large. Remontons, dans le même Evangile, au chapitre 14. Les paroles du Christ sont, dans tout ce chapitre, un appel à la foi et à la confiance, une préparation au mystère pascal : « Que votre cœur ne se trouble pas : croyez en Dieu et croyez aussi en moi. […] Ne restez pas dans le trouble et dans la crainte. » Les apôtres semblent avoir tout oublié. Ils n’ont pas profité de cette préparation spirituelle que Jésus leur avait donnée avant sa Passion et sa mort en croix. Le Maître et Seigneur leur avait alors promis de ne pas les laisser orphelins, de leur envoyer l’Esprit Saint. Il leur avait même déjà donné, comme par avance, le don de Pâques pour que leurs coeurs ne se troublent pas dans le scandale de la Passion : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Vous avez appris ce que je vous ai dit, que je m’en vais et je reviens vers vous. »
Le soir de Pâques, le Seigneur renouvelle ce don merveilleux de la paix spirituelle : « La paix soit avec vous ! » En ce dimanche de la divine miséricorde, relevons comment le Seigneur associe au don de l’Esprit le pouvoir de remettre les péchés. Ce pouvoir spirituel est apostolique. Et la rémission des péchés semble être comme le premier fruit, le fruit essentiel, de la victoire de Pâques. Le ministère de la réconciliation est central dans la mission de l’Eglise. Satan nous trompe et nous met dans l’illusion : c’est lorsque tu pèches que tu es vraiment libre ! C’est lorsque tu te rends indépendant de Dieu, que tu exerces ta liberté ! L’enfermement des apôtres dans leur cénacle est probablement le signe de leur péché qui est d’abord un manque de confiance en Dieu, un manque de foi. S’ils avaient été vraiment libres, ils n’auraient pas eu peur des Juifs. C’est l’Esprit qui, peu à peu, va les éduquer dans cette liberté spirituelle. Elle ira pour la plupart d’entre eux jusqu’au martyre, manifestation suprême de la liberté chrétienne.
Je conclurai en revenant sur l’absence de Thomas, le soir de Pâques. On ne nous dit pas pourquoi il était absent. En tout cas il n’était pas enfermé avec ses frères dans la maison. C’est peut-être le signe que Thomas était le seul apôtre qui n’avait pas peur ! Il ne donne pas sa foi facilement, mais il est probablement plus courageux que les autres. Bref il n’a pas que des défauts. Thomas l’incrédule ne serait-il pas aussi Thomas l’audacieux ?
Dans le corps du Christ, nous sommes des membres différents les uns des autres. Dans le souffle de l’Esprit, essayons de voir toujours en premier ce qui ouvre un chemin de liberté. Rendons grâce, sans jalousie ni rivalité, pour les dons et les talents de nos frères dans la foi, pour la variété de ces mêmes dons ! Evitons d’enfermer, d’emmurer nos frères dans le tombeau de leurs défauts et de leurs péchés. Soyons miséricordieux comme Jésus est miséricordieux pour chacun d’entre nous. Respectons le rythme de nos frères, acceptons avec patience ce que nous considérons comme leurs lenteurs. Et surtout redisons au ressuscité notre acte de foi :
« Jésus, j’ai confiance en toi ! »
Amen
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