dimanche 8 avril 2007

Dimanche de Pâques

Pâques
8 avril 07 (page 433)
Jean 20, 1-9

« Et voici que Dieu a ressuscité Jésus le troisième jour. Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. » Nous venons d’entendre ces paroles de Pierre dans la première lecture. Cependant, pour la fête des fêtes, Pâques, l’Eglise n’a pas choisi comme Evangile une manifestation du Ressuscité à ses disciples… Chaque année nous entendons l’Evangile du tombeau ouvert et vide en saint Jean.
Alors que la nuit se transforme lentement en jour, Marie Madeleine se rend au tombeau. Contrairement aux Evangiles de Marc et de Luc, Jean ne nous dit pas le but de sa visite. Il est suivi sur ce point par Matthieu. Les deux autres évangélistes sont clairs. Ecoutons la version de Marc : « Une fois terminé le sabbat, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums afin d’embaumer le corps. » Dans le quatrième Evangile nous ne savons donc pas ce qui pousse Marie Madeleine à se rendre au tombeau de si bonne heure. A propos de Marie, relevons deux choses : c’est une femme et une ancienne pécheresse. Et c’est elle qui, la première, va constater que la grosse pierre qui ferme l’entrée du tombeau a été roulée : bref le tombeau est ouvert ! C’est curieux mais Jean ne nous dit pas que Marie a été voir l’intérieur du sépulcre. Elle retourne immédiatement en arrière pour annoncer la nouvelle à deux Apôtres : Pierre, et l’autre disciple, celui que Jésus aimait : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. » Marie parle de Jésus comme Seigneur, elle lui donne ainsi le titre divin. Elle n’annonce pas du tout la résurrection aux apôtres, elle parle tout simplement d’un enlèvement, d’un vol de cadavre.
Et voilà que Pierre et Jean se mettent, eux aussi, à courir, mais dans l’autre sens, pour constater ce que Marie vient de leur annoncer. Après le signe du tombeau ouvert, Jean, le plus rapide, découvre le signe des linges funéraires. Jean a couru plus vite certainement parce que son amour pour Jésus était le plus fort. Il est le disciple aimé du Seigneur. « Cependant il n’entre pas. » Il laisse la préséance à Pierre, celui que Jésus a choisi pour être le chef de son Eglise. Pierre, lui aussi, voit les linges, et c’est alors que l’autre disciple entre dans le sépulcre vide. Et là c’est comme un espèce d’éclair, une illumination subite : « Il vit et il crut. » Le signe du linceul ouvre à Jean l’univers de la foi en la Résurrection. Et à ce deuxième signe s’en ajoute un troisième, celui de l’Ecriture, selon laquelle « il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » En fait la Parole de Dieu était le premier signe, mais il a fallu les deux autres pour que tout s’illumine d’un seul coup. Si la résurrection du Seigneur est un objet de foi, j’y reviendrai, la Bible ne prend tout son sens que dans la foi au Seigneur Jésus. C’est ce que Paul affirme aux Corinthiens :
« Les pensées des Israélites se sont endurcies. Car jusqu’au jour d’aujourd’hui, lors de la lecture de l’ancienne Alliance, le même voile demeure sans qu’il y ait dévoilement, parce que c’est en Christ qu’il est aboli. Mais jusqu’à ce jour, chaque fois qu’on lit Moïse, un voile est posé sur leur cœur. C’est quand on se tourne vers le Seigneur que le voile est enlevé. »
Je conclurai en insistant sur le fait suivant : il n’y a pas de preuves et il n’y aura jamais de preuves de la Résurrection du Seigneur. L’Evangile de cette liturgie montre tous les signes que Dieu a destiné aux premiers témoins de Pâques : le tombeau vide, les linges funéraires soigneusement rangés, et la Sainte Ecriture elle-même. Au matin de Pâques, Marie, Pierre et Jean ne découvrent pas la plénitude de la vie ou une manifestation éclatante du Ressuscité. Ils découvrent plutôt une absence, un vide. Oui, le tombeau est bien vide, donc inutile. Jean, pour le moment, n’a pas vu le Seigneur ressuscité. Ce n’est qu’après que viendront les manifestations du ressuscité aux saintes femmes et aux apôtres. Il n’a vu que des signes, et pourtant il croit.
Nous aussi nous croyons en la résurrection du Seigneur, non pas comme en un simple symbole, mais comme en une réalité. Le crucifié, enseveli au tombeau, est vraiment ressuscité d’entre les morts par la puissance du Père et l’amour de l’Esprit. Pâques n’est pas une allégorie, un mythe ou une légende qui nous consolerait de notre condition mortelle et finie… Pâques est véritablement le centre et le pivot de notre histoire humaine. Jésus, le Vivant, se révèle à nous dans l’Apocalypse comme le commencement et la fin, l’Alpha et l’Oméga. Avec saint Paul, nous savons que si le Christ n’est pas ressuscité, alors notre foi est vaine : c’est-à-dire inutile et vide. « Si c’est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espoir dans le Christ, nous sommes les plus misérables de tous les hommes. » Oui, nous sommes bien à plaindre dans ce cas-là ! Nous n’avons plus les signes du tombeau ouvert et des linges. Notre foi de Pâques s’appuie donc sur un double témoignage : celui des Ecritures et celui des Apôtres, toujours vivant dans notre Eglise. Depuis 2000 ans, la foi pascale a véritablement déplacé des montagnes. L’histoire de l’Eglise est d’abord une histoire de sainteté, même si elle a traversé des zones d’ombre. Les saints sont les meilleurs témoins de la force du ressuscité à l’œuvre dans notre existence et dans l’histoire de notre humanité. Si vraiment nous croyons en Jésus ressuscité, alors nous pouvons être certains que Dieu fera des merveilles dans notre vie et pour la vie éternelle.
Amen

Aucun commentaire: