mardi 11 juin 2024

10ème dimanche du temps ordinaire / année B

 

9/06/2024

Marc 3, 20-35

Après les solennités de la Sainte Trinité et du Saint Sacrement nous reprenons le rythme des dimanches du temps ordinaire avec la lecture de l’Evangile selon saint Marc en cette année liturgique B. Nous sommes encore dans les premiers chapitres de cet Evangile, au chapitre troisième. Jésus est entouré par la foule venue l’écouter. Comme assailli par une multitude de personnes, si bien qu’il n’était même pas possible de manger, précise l’évangéliste. Jésus attire donc à lui les foules et sa vie devient en quelque sorte entièrement publique. Plus de temps ni d’espace pour soi, si ce n’est de nuit, à l’aube pour la prière. On peut donc parler d’un succès de la prédication du Seigneur au commencement de sa vie publique. Mais ce succès inquiète et interroge. D’abord les siens, le gens de chez lui, qui n’hésitent pas à le juger sévèrement : Il a perdu la tête. Manière élégante de dire « il est devenu fou ». Nul n’est prophète dans son pays et encore moins dans sa famille. A la fin de notre page évangélique ce sont les membres de sa propre famille qui viennent le chercher pour le ramener à une vie plus calme et conforme à la raison. Entre Jésus et sa famille la foule des auditeurs fait en quelque sorte écran. Jésus échappe aux siens au profit de tous ces inconnus qui viennent l’écouter. C’est l’occasion pour lui de rappeler que les liens du sang n’ont pas d’importance à ses yeux et que la famille des enfants de Dieu qu’il vient rassembler est ouverte à tous pourvu que l’on cherche à faire la volonté du Père dans sa vie. Saint Jean traduira cet enseignement du Christ dans ces versets de son magnifique prologue : Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu.

Alors que sa famille tente de le ramener à la raison, les scribes quant à eux, venus spécialement de Jérusalem, l’accusent de connivence avec le démon ! Il est possédé par un esprit impur. De fou voilà que Jésus devient un possédé ! Succès auprès de foules, incompréhension et échec total auprès des siens et des spécialistes de la religion : le contraste est saisissant. L’accusation gravissime des scribes rappelle la voix du serpent de la Genèse accusant Dieu de mensonge et de tromperie : Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. Le succès de Jésus auprès des foules de Galilée inquiète les autorités de Jérusalem. Et c’est probablement la jalousie et l’envie qui les incitent à cette attaque frontale : traiter de démoniaque celui qui est envoyé par Dieu. Si Jésus continue dans cette voie, ils risquent bien de perdre et leur pouvoir et leur position. Jésus discerne dans cette tactique pour le discréditer un blasphème contre l’Esprit Saint. Face à l’évidence du bien qu’il est lui-même et qu’il fait au nom de Dieu, comment est-il possible de l’accuser de connivence avec les démons ? Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Les scribes se sont aveuglés volontairement, et c’est là précisément le péché qui ne peut pas être pardonné. Ils sont ces guides aveugles que Jésus apostrophe en Matthieu 23. Peut-être que leur aveuglement vient du fait qu’ils se soucient davantage de préserver leur place et leur autorité que de rechercher la volonté de Dieu et de l’accomplir dans leur vie. Leur aveuglement sur la personne de Jésus et son œuvre provient de leur manque de communion réelle avec Dieu, celui qu’ils prétendent servir et défendre. Au lieu de rechercher le Royaume de Dieu et sa justice pour eux-mêmes, ils se sont institués en inquisiteurs, devenant une espèce de police religieuse qui, à force de vouloir débusquer des hérésies, en vient à blasphémer contre l’Esprit Saint ! Jésus, lui, ne cesse de nous appeler à la conversion du cœur. Ne perdons pas notre temps et notre énergie à épier et à juger la conduite des autres. Soyons vraiment spirituels et comprenons que le Royaume de Dieu est au-dedans de nous. 

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