Desiderio desideravi, lettre apostolique du pape François (1)
27/11/2022
C’est
avec le temps de l’Avent que, chaque année, nous commençons une nouvelle année
liturgique. C’est l’occasion idéale pour moi de vous présenter la lettre
apostolique du pape François, Desiderio
desideravi, sur la formation liturgique du peuple de Dieu. Ce document
divisé en 9 parties a été publié le 29 juin 2022. Je ferai donc trois
enseignements pour vous faire connaître le contenu de cette lettre et ce
jusqu’au troisième dimanche de l’Avent, en citant le plus possible le pape. Je
vous invite à lire personnellement pendant l’Avent cette brève lettre qui est
un véritable trésor sur notre vie liturgique. En ce dimanche je commencerai
avec les 5 premières parties intitulées :
1. La Liturgie :
« l’aujourd’hui » de l’histoire du salut
2. La Liturgie :
lieu de la rencontre avec le Christ
3. L’Eglise :
sacrement du Corps du Christ
4. Le sens
théologique de la Liturgie
5. La Liturgie :
un antidote contre le venin de la mondanité spirituelle.
Le titre
de la lettre du pape, J’ai désiré d’un
grand désir, est une citation de Luc 22, 15 : J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de
souffrir ! Nous sommes dans le contexte de la dernière Cène. Le repas
pascal du jeudi soir est l’aboutissement de toute l’histoire du salut comme le
note le pape : Toute la création, toute l’histoire – qui allait finalement
se révéler comme l’histoire du salut – est une grande préparation à ce repas
(3). Personne n’avait gagné sa place à ce repas. Tout le monde a été invité. Ou
plutôt, tous ont été attirés par le désir ardent que Jésus avait de manger
cette Pâque avec eux (4). Le
fondement de la liturgie chrétienne est donc établi par le Seigneur lors de ce
dernier repas qui est non seulement l’aboutissement du projet de Dieu pour
notre humanité mais aussi un événement unique et nouveau : Jésus
sait qu’il est l’Agneau de ce repas de Pâque, il sait qu’il est la Pâque. C’est
la nouveauté absolue de ce repas, la seule vraie nouveauté de l’histoire, qui
rend ce repas unique et, pour cette raison, ultime, non reproductible : « la
Dernière Cène ». Cependant, son désir infini de rétablir cette communion avec
nous, qui était et reste son projet initial, ne sera pas satisfait tant que
tout homme, de toute tribu, langue, peuple et nation (Ap 5,9) n’aura pas mangé
son Corps et bu son Sang. C’est pourquoi ce même repas sera rendu présent,
jusqu’à son retour, dans la célébration de l’Eucharistie (4). Ce que le Seigneur
réalise à l’occasion de ce repas éclaire la signification profonde de sa mort
en croix le lendemain : Si nous n’avions pas eu la dernière Cène,
c’est-à-dire si nous n’avions pas eu l’anticipation rituelle de sa mort, nous
n’aurions jamais pu saisir comment l’exécution de sa condamnation à mort a pu
être l’acte de culte parfait, agréable au Père, le seul véritable acte de culte
(7). Le pape souligne de nombreuses
fois le lien indissoluble et vital entre le mystère de l’incarnation et la
liturgie. La liturgie et les sacrements sont comme le prolongement de la
réalité de l’incarnation dans le mystère de l’Eglise. L’Incarnation,
en plus d’être le seul événement nouveau que l’histoire connaisse, est aussi la
méthode même que la Sainte Trinité a choisie pour nous ouvrir le chemin de la
communion. La foi chrétienne est soit une rencontre avec Lui vivant, soit elle
n’existe pas (10). La Liturgie ne nous laisse pas seuls à la recherche d’une
connaissance individuelle présumée du mystère de Dieu, mais nous prend par la
main, ensemble, en assemblée, pour nous conduire dans le mystère que la Parole
et les signes sacramentels nous révèlent. Et elle le fait en cohérence avec
l’action de Dieu, en suivant le chemin de l’incarnation, à travers le langage
symbolique du corps qui se prolonge dans les choses, l’espace et le temps (19).
Le pape souligne le
caractère fortement ecclésial de toute célébration chrétienne : L’action
célébrative n’appartient pas à l’individu mais au Christ-Eglise, à la totalité
des fidèles unis dans le Christ. La liturgie ne dit pas « je » mais « nous » et
toute limitation de l’étendue de ce « nous » est toujours démoniaque (19). La liturgie est
toujours le signe du désir de Dieu pour nous, bien avant notre réponse à son
invitation (6). Elle est donc une grâce : La célébration liturgique nous purifie en
proclamant la gratuité du don du salut reçu dans la foi. Participer au
sacrifice eucharistique n’est pas un exploit personnel, comme si nous pouvions
nous en vanter devant Dieu ou devant nos frères et sœurs… Nous ne sommes
certainement pas dignes d’entrer dans sa maison, nous avons besoin de sa parole
pour être sauvés (cf. Mt 8,8). Nous n’avons pas d’autre fierté que celle de la
croix de notre Seigneur Jésus-Christ (cf. Ga 6,14). La Liturgie n’a rien à voir
avec un moralisme ascétique : c’est le don de la Pâque du Seigneur qui,
accueilli avec docilité, rend notre vie nouvelle. On n’entre dans le cénacle
que par la force d’attraction de son désir de manger la Pâque avec nous (20).
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