Luc 13, 1-9
20/03/2022
Dans
l’Evangile que nous venons d’entendre, on demande à Jésus de commenter
l’actualité de son temps : un massacre ordonné par Pilate, une tour qui
s’écroule… Dans un premier temps le Seigneur montre que les victimes de ces
malheurs ne sont pas plus mauvaises, moralement parlant, que les personnes qui
ont été épargnées : Pensez-vous que
ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens,
pour avoir subi un tel sort ? Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de
la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les
autres habitants de Jérusalem ?
Jésus
dissocie clairement les malheurs et les épreuves de la culpabilité morale et du
péché. L’épreuve que nous vivons n’est donc pas une punition pour des péchés
que l’on aurait commis. Tout le livre de Job a été écrit pour nous rappeler
qu’une personne juste et sainte pouvait être mise à l’épreuve et souffrir dans
son corps et dans son âme. Et dans les psaumes nous trouvons le scandale de la
prospérité des méchants et des pécheurs. Il faut déraciner de notre cœur et de
nos pensées cette association logique entre malheur et péché, si opposée à la
foi chrétienne. Un chrétien ne devrait pas s’exclamer : qu’est-ce que j’ai
fait au bon Dieu pour mériter cela ? Dans l’Evangile selon saint Jean, le
Seigneur affirme à propos de l’aveugle de naissance : Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de
Dieu se manifestent en lui.
Evitons
de vouloir donner à tout prix une explication rationnelle au mal. Les maux et
les épreuves sont un mystère, et ce mystère du mal qui frappe indistinctement
les bons comme les méchants échappe totalement à la logique humaine. Il n’y a
tout simplement pas d’explication satisfaisante, capable de nous aider à
supporter ces épreuves lorsqu’elles nous touchent. Par contre la foi en Jésus
peut nous aider à vivre ces épreuves sans nous laisser détruire ni abattre. Job
est l’image de Jésus. Lui, parfaitement innocent et saint, a pourtant dû passer
par la grande épreuve de son agonie, de sa Passion et de sa mort sur la croix.
Lui aussi, en tant qu’homme, a voulu obtenir une explication de la part de son
Père : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m’as-tu abandonné ? Confrontés à la souffrance nous ne cessons, nous
aussi, de demander pourquoi ? Dans
un second temps Jésus nous enseigne à considérer les épreuves comme une
possibilité de purification et de sanctification, comme des appels à la
conversion : Mais si vous ne vous convertissez
pas… Au sein même de l’épreuve physique ou morale, nous pouvons grandir
dans la foi, passer d’une foi superficielle à une foi davantage enracinée au
plus profond de notre être. Le mal qui nous atteint peut, il est vrai, nous
éloigner de Dieu, nous mettre en colère contre lui, mais il peut aussi
renforcer notre communion avec lui. Les épreuves de notre temps, celles de
l’Eglise comme nos épreuves personnelles peuvent donc être un chemin de
conversion. La parabole du figuier nous montre ce que signifie notre
conversion : porter de beaux et bons fruits pour le Seigneur et pour nos
frères. L’image du fruit avait déjà été utilisée par Jean le baptiste dans sa
prédication : Produisez donc des
fruits qui expriment votre conversion… Déjà la cognée se trouve à la racine des
arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au
feu. Si Jésus reprend cette image, il la change aussi en insistant sur la
patience de Dieu à notre égard. Saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens nous
montre ce qu’est ce bon fruit : Autrefois,
vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ;
conduisez-vous comme des enfants de lumière – or la lumière a pour fruit tout
ce qui est bonté, justice et vérité – et sachez reconnaître ce qui est capable
de plaire au Seigneur.
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