Gloire
à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime.
Nous
pouvons méditer le grand mystère de Noël, celui de l’incarnation, à partir du
chant des anges. La naissance du Messie, la manifestation du divin enfant dans
la pauvreté de la crèche, rend gloire à Dieu et nous donne la paix. Dieu est
glorifié lorsque son Fils se manifeste dans l’humilité de l’incarnation et dans
la pauvreté de la crèche. Dieu est glorifié lorsque son amour est révélé par le
nouveau-né Jésus. Dieu est glorifié lorsque ce bébé annonce déjà, sans pouvoir
parler, la bonne nouvelle de la paix pour tous les hommes.
Le beau
et grand mystère de Noël doit toujours être contemplé en ayant à l’esprit la
symphonie des Ecritures. Il est en effet l’aboutissement de ce que nous
appelons l’Ancien Testament et il inaugure les derniers temps, ceux de la
création nouvelle. Comme l’affirme Pierre dans sa seconde lettre : Ce que nous attendons, selon la promesse du
Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice.
L’enfant de la crèche est véritablement le nouvel Adam, celui qui vient ressaisir
toute la création pour la guérir, la sanctifier et la porter à son
accomplissement dans le royaume de Dieu. Dans la symphonie des Ecritures nous
trouvons le fil rouge de la paix, shalom
en hébreu. Isaïe dans ses prophéties messianiques annonce la venue du Prince de la paix. Les anges chantent
dans la nuit de Noël le don de cette paix. Et saint Paul, de très nombreuses
fois, nous présente le Christ comme celui qui est notre paix.
Si nous
entremêlons à ce fil rouge des Ecritures celui des aspirations les plus
profondes de notre cœur, nous comprenons pourquoi la fête de Noël nous touche
et nous émeut. Pourquoi aussi elle est empreinte, pourrait-on dire, d’une joie
dramatique. L’incarnation, dès le départ, est un drame. Il y a le refus d’accueillir l’enfant-Dieu
qui naît dans la pauvreté d’une mangeoire :
Le Verbe était dans le monde, et le monde
était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu
chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.
Ce drame
est celui de Jésus parce qu’il est d’abord le nôtre. Je parlais de nos
aspirations profondes. Nous les connaissons bien : la paix, l’harmonie,
l’entraide, la charité, la bienveillance, le pardon, la réconciliation… et je
pourrais facilement prolonger cette liste de réalités qui nous attirent à elles
et qui sont comme des manifestations de Dieu dans notre existence humaine.
Notre drame, c’est que bien souvent nous vivons le contraire de ce à quoi notre
cœur aspire, ce qui fait que nous sommes déchirés et que nous souffrons d’être
au monde. Notre drame, c’est notre grande difficulté à vivre et à incarner ce
que nous désirons pour nous et pour les autres. Au sein même de nos familles, dans
notre travail, au sein de la société et parfois même au cœur de l’Eglise, que
de divisions, de conflits, d’agressivité et d’incompréhensions ! La fête
de Noël est pour nous l’occasion d’accueillir à nouveau le message des
Béatitudes :
Heureux les artisans de paix, car ils seront
appelés fils de Dieu.
Heureux les doux, car ils recevront la terre
en héritage.
Si les
anges proclament la paix de Dieu au-dessus du Prince de la paix, couché dans la
mangeoire, entouré par les animaux de l’étable, alors nous comprenons que pour
pouvoir accueillir ce don de la paix, nous devons être nous-mêmes artisans de paix. Certes dans un couple,
une famille, la société ou encore la paroisse, la paix ne dépend pas que de moi
mais aussi des autres. Il est difficile de vivre en paix avec une personne ou
un groupe qui se trouve dans une attitude contraire. Mais comme je n’ai pas le
pouvoir de changer les autres, c’est mon cœur qu’il me faut changer. Non pas
seul, ce serait mission impossible, mais par la grâce du Christ. En cette
solennité de Noël, chacun, chacune, peut se poser la question suivante :
que puis-je faire, à quoi puis-je renoncer pour être davantage artisan de paix
là où je me trouve ? Dans la contemplation de la crèche, du Dieu humble et
petit, je trouverai la force de la douceur, cette douceur capable de renverser
les murailles de mon orgueil et de ma vanité. Demandons vraiment de tout notre
cœur ce cadeau de Noël à l’Emmanuel : Qu’il vienne en nous pour nous
unifier, nous pacifier et nous « simplifier » ! Que la douce
simplicité évangélique nous préserve des complications des conflits vains et stériles,
des discussions blessantes et inutiles ! Paix, simplicité et douceur se
donnent toujours la main pour nous conduire vers ce à quoi nous aspirons le
plus profondément. Laissons-nous donc imprégner par ces vertus évangéliques,
remèdes nécessaires aux blessures causées par le péché des origines et nos
propres péchés.
Avec
saint Augustin, en contemplant l’enfant faible et démuni et pourtant si
puissant de la puissance de l’amour, redisons :
Tu nous as faits pour toi Seigneur et notre
cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi !
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