7/03/21
Jean 2,
13-25
Jean,
contrairement aux autres évangélistes, situe la scène des marchands du temple
au commencement du ministère public de Jésus, immédiatement après les noces de
Cana. Ce geste du Seigneur a donc un caractère inaugural pour le quatrième
évangéliste. C’est en raison de la fête de la Pâque que Jésus quitte la Galilée
pour monter à Jérusalem. Rappelons que le Temple d’Hérode, encore inachevé à
l’époque, était le lieu de culte unique du peuple Juif. Dans ce temple unique
on offrait les sacrifices d’animaux prescrits par la loi de Moïse. De ce point
de vue le culte Juif ressemblait à tous les cultes de l’antiquité. Le temple
était donc le point de ralliement des croyants à l’occasion des grandes fêtes
qui ponctuaient l’année et le cœur de la nation juive.
Le geste
de Jésus est l’expression d’une colère intérieure et cette expression n’est pas
sans une certaine violence de sa part. Fait unique dans les Evangiles, même si
Jésus a aussi été violent dans ses paroles en particulier dans sa dénonciation
de l’hypocrisie des pharisiens et des docteurs de la Loi (serpents, race de vipères). Je vous renvoie au chapitre 23 de saint
Matthieu. En chassant du Temple non seulement les vendeurs mais aussi les
animaux destinés aux sacrifices, Jésus annonce la fin du culte selon la loi de
Moïse et le culte nouveau. Fin qui se réalisera effectivement lorsque Titus
détruira le temple en 70. Dans la nouvelle alliance pas d’autre temple que le
corps du Christ ressuscité : Mais
lui parlait du sanctuaire de son corps. Chaque chrétien, chaque disciple du
Christ étant lui-même un temple comme l’enseigne Paul, sans oublier la très
belle image des pierres vivantes utilisée par Pierre. C’est l’occasion de
rappeler que nos églises, fussent-elles des cathédrales et des basiliques,
n’ont pas la même fonction que l’unique temple de Jérusalem, et qu’en
christianisme ce sont les pierres vivantes qui sont les plus importantes. Une
église-bâtiment dans laquelle on ne célèbre plus les sacrements, une église
sans fidèles devient très vite un musée si elle abrite des œuvres d’art ou bien
finit par être transformée ou détruite, car elle a perdu sa raison d’être.
Jésus
explique son geste de la manière suivante : Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison
de commerce. Le caractère sacré du temple, maison du Père, exclut aux yeux
du Seigneur toute activité commerciale, tout échange d’argent. L’appât du gain,
la cupidité humaine, peuvent en effet dégrader les réalités les plus belles,
pensons par exemple au sport. D’où les mises en garde fréquentes de Jésus
contre la cupidité. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent !
Donc la maison de la prière ne peut pas être aussi une maison de commerce. Dans
sa diatribe contre les pharisiens, déjà citée, Jésus donne un exemple de la corruption
produite par la cupidité dans des esprits pourtant religieux : Malheureux êtes-vous, guides aveugles, vous
qui dites : “Si l’on fait un serment par le Sanctuaire, il est nul ; mais si
l’on fait un serment par l’or du Sanctuaire, on doit s’en acquitter.” Insensés
et aveugles ! Qu’est-ce qui est le plus important : l’or ? ou bien le
Sanctuaire qui consacre cet or ? De la même manière que l’or des offrandes
avait pris le pas sur le sanctuaire dans l’esprit des pharisiens, le commerce
lucratif du temple pouvait l’emporter dans l’esprit des prêtres sur le culte
divin, d’où l’intransigeance de Jésus et sa colère.
L’épisode
des marchands et des animaux chassés hors du temple est vraiment l’annonce du
culte nouveau. Il peut être mis en relation avec le très bel enseignement que
Jésus donne à la femme de Samarie, deux chapitres plus loin dans le même
Evangile :
Femme, crois-moi : l’heure vient où vous
n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père… L’heure
vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en
esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est
esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent
l’adorer.
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