lundi 15 février 2021

Sixième dimanche du temps ordinaire / année B

 

14/02/2021

Marc 1, 40-45

Dans l’Evangile de la purification du lépreux se réalise un échange étonnant. Comme la première lecture nous le rappelle, les lépreux étaient tenus de pratiquer « la distanciation sociale » dont nous entendons si souvent parler en ce moment… Ils étaient même exclus de la vie sociale commune car leur maladie les contraignait à habiter à l’écart, hors du camp. En guérissant ce malade de la lèpre, Jésus prend involontairement sa place. Le lépreux ayant annoncé à tous sa guérison, tous veulent voir Jésus et le rencontrer… de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. Cette remarque de l’évangéliste nous fait comprendre que Jésus prend la décision de s’exclure lui-même de la vie sociale, du moins pour un temps, parce qu’il refuse de donner de sa mission une image déformée, celle d’un guérisseur charismatique. Le lépreux n’avait bien sûr pas choisi sa condition d’exclu alors que Jésus la choisit en vivant dans des endroits déserts. Il fuit ainsi le succès facile que pourrait lui valoir cette guérison. Bref c’est Jésus qui devient le lépreux. Cet échange de condition entre l’homme malade et le Seigneur est l’image d’un autre échange, celui de l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. L’épisode de la purification du lépreux est la figure du mystère de la passion et de la croix. Jésus meurt en effet sur le Golgotha hors des murs de la ville sainte. Ecoutons la lettre aux Hébreux qui établit un parallèle entre les sacrifices de l’Ancienne Alliance et celui de la croix : Quand le grand prêtre portait dans le sanctuaire le sang des animaux en sacrifice pour le péché, c’est en dehors de l’enceinte que leurs corps étaient brûlés. C’est pourquoi Jésus, lui aussi, voulant sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert sa Passion à l’extérieur des portes de la ville. L’un des points communs entre les deux sacrifices, c’est bien qu’ils s’effectuent à l’extérieur du camp ou de la ville, éloignés du cœur de la vie sociale comme l’était le lépreux à cause de sa maladie. Dans le mystère de la croix Jésus n’est pas seulement rejeté et méprisé, il est exclu de la vie de son peuple. Le lépreux était exclu en raison de sa maladie, Jésus est exclu parce qu’il porte le péché des hommes. En contemplant ce mystère, l’auteur de la lettre aux Hébreux invite les chrétiens à sortir eux-aussi hors du campement : Pour aller à la rencontre de Jésus, sortons en dehors de l’enceinte, en supportant l’injure qu’il a subie. Car la ville que nous avons ici-bas n’est pas définitive : nous recherchons la ville qui doit venir.

Le pape François se situe clairement dans cette compréhension concrète du mystère de la croix lorsqu’il ne cesse d’appeler les croyants, prêtres et laïcs, à aller vers les périphéries comme Jésus l’a fait pour nous sauver. C’est au pape que je laisserai donc le mot de la fin : "L'Eglise est appelée à sortir d'elle-même et à aller vers les périphéries, pas seulement géographiques, mais également celles de l'existence,  celles du mystère du péché, de la souffrance, de l'injustice, celles de l'ignorance et de l'absence de foi, celles de la pensée, celles de toutes les formes de misère." « L’Église est invitée à réveiller partout cette espérance, en particulier là où elle est étouffée par des conditions d’existence difficiles, parfois inhumaines, où l’espérance ne respire pas, étouffe. Il y a besoin de l’oxygène de l’Évangile, du souffle de l’Esprit du Christ ressuscité, pour la rallumer dans les cœurs. L’Église est la maison dans laquelle les portes sont toujours ouvertes, non seulement pour que chacun puisse y trouver l’accueil et respirer l’amour et l’espérance, mais aussi pour que nous puissions sortir pour apporter cet amour et cette espérance. L’Esprit Saint nous pousse à sortir de notre enclos et nous guide jusqu’aux périphéries de l’humanité."

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