Matthieu
17, 1-9
8/03/20
Le
deuxième dimanche de Carême nous fait contempler la transfiguration de Jésus sur une haute montagne. Nous fêtons
chaque année cet événement le 6 août. L’Evangile de ce dimanche doit être reçu
en ayant à l’esprit celui de dimanche dernier : nous passons en effet de
l’épreuve du désert, celle des tentations, à la révélation de la gloire divine
de Jésus sur la montagne, traditionnellement identifiée au mont Thabor. Il
s’agit donc d’un contraste entre l’épreuve de la tentation et la joie de la
gloire. Dans ce contexte, comment ne pas penser à la troisième tentation ?
Le diable l’emmène encore sur une très haute
montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit :
« Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes
devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit :
C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. »
Le lieu
est identique : une haute montagne. D’un côté le diable propose à Jésus la
gloire des royaumes du monde, de l’autre le Père révèle la gloire céleste de
son Fils. Ce parallélisme biblique nous enseigne que nous avons un choix à
faire, une orientation de vie à prendre, donc un discernement à effectuer. Le
tentateur nous fait miroiter la gloire de ce monde qui se résume le plus
souvent à l’ambition, au pouvoir et aux richesses. Saint Jean précise dans sa
première lettre le visage que revêt la gloire selon le monde :
Tout ce qu’il y a dans le monde – la
convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse –,
tout cela ne vient pas du Père, mais du monde.
Nous ne
pouvons pas désirer cette gloire éphémère sans prendre le risque de nous
éloigner de Dieu et de tomber dans la vanité, c’est-à-dire le vide et
l’inconsistance. La gloire qui vient de Dieu se révèle sur le visage lumineux
du Christ et elle comble de joie le cœur de Pierre. Si nous cherchons à mettre
le Christ et son Evangile au centre de notre vie, si nous avons déjà fait
l’expérience de son amitié divine et de sa présence, alors nous savons à quel
point pouvoir et richesses sont de fausses gloires, incapables de donner la
vie. Quand nous parlons de gloire divine, nous signifions par-là à la fois la
sainteté, la vie et l’amour qui sont en Dieu. Ce dimanche de Carême nous
indique clairement notre vocation humaine et chrétienne : nous ne sommes
pas faits pour nous épuiser dans la recherche de la gloire selon le monde et
finalement connaître l’amertume de la déception quand ce n’est pas le désespoir
lui-même. Il serait bon de méditer le magnifique livre de l’Ecclésiaste ou Qohèleth
dont nous ne connaissons bien souvent que le commencement : Vanité des vanités disait Qohèleth. Vanité
des vanités, tout est vanité ! Quel profit l’homme retire-t-il de toute la
peine qu’il se donne sous le soleil ? L’un des refrains de l’Ecclésiaste
est le suivant : J’ai vu tout ce qui
se fait et se refait sous le soleil. Eh bien ! Tout cela n’est que vanité et
poursuite du vent. Nous voilà bien prévenus.
La
transfiguration comme le baptême de Jésus sont des révélations de la gloire du
Dieu Trinité. Chaque fois c’est Jésus qui est au centre dans le mystère de son
incarnation. En Lui, la Parole de Dieu se fait chair. Dans les eaux du Jourdain
comme sur la montagne, la voix du Père témoigne en faveur du Fils :
Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je
trouve ma joie, au moment du baptême.
Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je
trouve ma joie : écoutez-le !, lors de la Transfiguration.
Si Dieu
lui-même trouve sa joie dans la sainte humanité de son Fils, c’est bien que la
joie parfaite ne se trouve que dans la communion avec Jésus. Et pour grandir et
demeurer dans cette communion, le chemin nous est donné : il suffit
d’écouter Jésus, de mettre en pratique son Evangile. En un mot notre vraie
gloire, c’est d’être chrétiens. Ce que saint Paul ose affirmer de lui-même et
des disciples de Jésus se vérifie d’une manière particulièrement lumineuse dans
la vie et la personne des saints et des saintes :
Et nous tous qui n’avons pas de voile sur le
visage, nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en son
image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est
Esprit.
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