18/11/18
Marc 13,
24-32
Le
dernier dimanche de notre année chrétienne est consacré à la célébration du
Christ roi de l’univers. Ce sera dimanche prochain. Dans la liturgie, ce
dimanche, le 33ème du temps ordinaire, oriente notre pensée vers les
fins dernières avec le retour du Christ en gloire et la fin de notre monde tel
que nous le connaissons. L’Evangile que nous venons d’entendre est un passage
du discours eschatologique de Jésus dans lequel il aborde non seulement la
ruine de Jérusalem et la destruction du Temple mais aussi la terrible détresse qui précédera son
retour. Le Seigneur utilise le vocabulaire apocalyptique, typique de la culture
religieuse juive, en mentionnant l’ébranlement des puissances célestes et des
signes dans les astres. Nous sommes d’emblée mal à l’aise avec ce style
apocalyptique si difficile à comprendre et à interpréter. Pour le dire le plus
simplement possible, de grands bouleversements dans le fonctionnement ordinaire
de la nature seront les signes du retour du Christ et donc du jugement dernier.
Jésus n’annonce pas de manière précise quand cela arrivera. C’est le secret de
son Père. La description de l’ébranlement des puissances cosmiques peut évoquer
ce qu’actuellement certains appellent la
collapsologie : un néologisme inventé par le français Pablo Servigne
composé du mot « collapse », du latin collapsus, « qui est
tombé en un seul bloc » (à l’origine du verbe to collapse en anglais, « s’effondrer ») et du suffixe « -logie ».
C’est en 2015 que Pablo Servigne publie avec Raphaël Stevens un livre au titre
apocalyptique : Comment tout peut s’effondrer : Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes. Récemment, un jeune
français ayant fait des études dans la finance, Julien Wosnitza, a enfoncé le clou en publiant : Pourquoi tout va s’effondrer. Et voici
ce qu’il affirme : J’ai 24 ans et
j’ai compris que le monde allait s’effondrer. Ce n’est pas une intuition, mais
une réalité. Tous les faisceaux d’indices, toutes les publications
scientifiques, toutes les observations concordent : notre civilisation court
vers un effondrement global. Fonte des glaciers, mort des océans, extraction de
ressources à outrance, bouleversement sans précédent de la biodiversité, hausse
continue du réchauffement climatique, accroissement des inégalités sociales... Et que fait-on ? Rien ! Ou presque rien.
Pire, nous croyons encore pouvoir résoudre ces crises fondamentales par le
système qui les a précisément engendrées. Au pays du climato-sceptique
Trump, voilà une grosse semaine que les incendies ravagent la Californie et
étouffent les habitants de beaucoup de villes, l’air devenant irrespirable. A
cette collapsologie de plus en plus répandue, on pourrait ajouter la tendance
survivaliste soutenue par des personnes pensant qu’il faut se préparer à
l’effondrement final en assurant une autonomie maximale en nourriture, eau,
énergie etc. Nous le constatons, l’ambiance n’est pas particulièrement
optimiste dans certains courants de pensée contemporains. La pensée de
l’Apocalypse revient à l’ordre du jour non plus à cause des témoins de Jéhovah
annonçant régulièrement la date de la fin du monde, mais des rapports
scientifiques alarmants sur l’état de notre planète annonçant l’écroulement de
notre civilisation entre 2030 et 2050…
Comme nous y invite
le pape François, nous avons, nous aussi, en tant que catholiques, à vivre une
conversion écologique. Il s’agit bien de prendre très au sérieux ce que la
communauté scientifique mondiale porte à notre connaissance même si cela n’est
pas très agréable. L’Evangile de ce dimanche nous rappelle aussi l’importance
de notre attitude spirituelle face au mystère de la fin des temps, et au
mystère de notre propre mort. Et finalement, c’est la confiance au Christ
Sauveur qui doit l’emporter car le ciel
et la terre passeront, ses paroles ne
passeront pas. Si Jésus est proche, à notre porte, c’est aussi un appel à
la vigilance qui nous est fait. Il s’agit pour nous de demeurer éveillés dans
la prière et dans la foi, tout en nous engageant résolument dans l’écologie.
Pour nous chrétiens, il est plus que jamais nécessaire de faire grandir notre
confiance en la Parole du Christ :
Et moi, je suis avec vous tous les jours
jusqu’à la fin du monde.
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